[Entretien avec] Antoine Bauza, l’as des as

antoine bauza

Aujourd’hui j’ai l’honneur de vous proposer l’interview de d’Antoine Bauza, L’homme aux 3 as d’or et aux 2 Spiels. Il est l’auteur de grand talent de 7 wonders et de ses extensions, de 7 wonders Duel, de 7 wonders architects, Oltrée, Draftosaurus, Takenoko, de ColleXion, Mia London, Kraken Attack, Ghost Stories (et Last Bastion), Hanabi, Tokaido, Namiji, et bien d’autres !

Salut Antoine, tout d’abord un grand merci d’avoir accepté cette interview!

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Peux-tu en quelques mots nous parler de toi et décrire ton parcours ? Que faisais-tu avant de faire des jeux de société ?

Avant d’être auteur à plein temps, j’étais professeur des écoles. Mais le jeu et moi, ça remonte à l’enfance. J’ai grandi avec Nintendo et Sega et quand j’ai appris, vers mes 10 ans, que faire des jeux vidéo était un métier, j’ai su ce que je voulais faire. J’ai fait des études d’informatique pour accéder à un master de jeu vidéo, à Angoulême, dans une école qui s’appelle aujourd’hui l’ENJMIN. Comme je n’ai pas trouvé le boulot de mes rêves dans l’industrie du jeu vidéo, j’ai basculé vers l’enseignement tout en commençant à concevoir mes premiers prototypes de jeux de société. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à ne faire (presque) plus que ça !

Enfant, quel joueur étais-tu ? Quels étaient tes jeux de chevet s’il y en avait ? Et un jeu en particulier t’a-t-il fait basculer dans le jeu de société dit « moderne » ?

Je jouais le dimanche, en famille, à quelques grands anciens dont je modifiais les règles à l’occasion. Mais les yeux brillants surtout quand je cherchais une cartouche dans mon Atari 800XL / NES / Megadrive / SNES / etc…. J’ai découvert le jeu de société moderne en 2004. Ma première grosse claque fut Puerto Rico. J’y joue encore aujourd’hui…

Comment as-tu sauté le pas entre jouer et être acteur récent du monde du jeu ? Cela a-t-il relevé du parcours du combattant ? 

Quand je m’intéresse à quelque chose, j’ai toujours envie de m’y essayer et pas seulement d’être un “consommateur”. J’ai amorcé mes premiers protos la même année que j’ai commencé à jouer régulièrement. En parallèle, j’ai commencé à faire des évènements ludiques (en France, mais également à Essen). Le monde ludique était alors beaucoup plus petit et j’ai pu rapidement faire la connaissance de ces acteurs francophones et commencer à montrer mon travail. C’est Matthieu d’Epenoux, déjà aux rênes de Cocktail Games qui a signé mon premier contrat, en 2007.

Parlons un peu création. Qu’est-ce qui t’anime dans la création de jeux ? As-tu un processus de création rigoureux et/ou particulier ? 

Je ne suis absolument pas rigoureux. C’est plutôt le chaos dans ma tête et dans ma façon de travailler. Je peux faire les choses complètement dans le désordre, coupant un morceau de prototype pour un jeu dont je ne sais pas encore comment il va fonctionner par exemple. Je suis plutôt lent dans mon processus créatif, je passe beaucoup, beaucoup de temps à garder une idée dans un coin de ma tête avant d’en faire un prototype.

Il me semble que ton premier jeu de société édité est Chabyrinthe chez Cocktail Games, édité en 2007. Peux-tu nous parler de ce premier jeu ?

A l’origine, ça devait être un jeu de plateau où chaque joueur contrôlait une bande de chats de gouttières qui luttaient pour le contrôle des poubelles. Le projet n’était pas satisfaisant. Aussi quand j’ai découvert le gamme de boîtes carrées de Cocktail Games, j’ai complètement changé de direction pour faire ce qui est devenu Chabyrinthe, un jeu de labyrinthe dynamique. 

Ton premier gros succès ne se fait pas tarder avec Ghost Stories chez Repos Prod (2008). Quelle est la recette de ce succès ludique ?

La seule recette qui fonctionne : des playtest, des playtests, des playtests. C’est un jeu qui a demandé d’innombrables heures de travail et qui est encore plein de défaut avec le recul. J’ai eu l’opportunité de corriger tous ses défauts dans Last Bastion mais le jeu n’a malheureusement pas rencontré un grand succès. La recette ne fonctionne pas toujours, quoi…

En 2010, tu signes avec Repos Prod LE jeu qui sera un hit intemporel et international : 7 Wonders. Comment expliques tu le succès colossal du jeu et surtout la durée de ce succès ?

Je pense que le succès du jeu repose sur un ensemble de facteurs : l’universalité du thème, l’absence de temps morts, l’accessibilité et la re jouabilité, l’éventail 2-7 joueurs. Sa longévité s’appuie également sur ses extensions et pour avoir joué récemment, il vieillit plutôt bien, ce qui n’est pas le cas de tous les bons jeux. 

A propos de 7 Wonders Architects, alors heureux ?

Bien sûr ! Je suis très satisfait du game design et de son édition mais j’étais également conscient que proposer un jeu dans la gamme 7W était un handicap pour le prix (NDLR : l’as d’or), étant donné que le jeu origine a déjà été largement récompensé. Qu’il ait été récompensé malgré cet aspect tant à prouver que j’ai fait du bon travail.

2 as d’or et une nomination pour cette franchise (7wonders, 7 wonders duel, 7 wonders architects) avec 3 mécaniques vraiment différentes. Cherches-tu une nouvelle mécanique pour tenter le Quarté ?

Pas vraiment, non. J’ai expérimenté plusieurs prototypes pour un jeu de dés dans la gamme mais je n’ai pas encore réussi à obtenir quelque chose de vraiment satisfaisant. Et puis, je n’ai pas spécialement envie de bosser sur la gamme 7W pendant toute ma vie 🙂

Pas trop déçu pour Oltréé (moi si 🙂 )

Un peu, mais Living Forest est un beau gagnant donc pas vraiment de regrets ! Ca ne m’empêche pas de continuer à travailler sur Oltréé : la première extension est en production et le travail sur la deuxième est en cours !

En quoi les récompenses (As d’or, Spiel etc…) contribuent-ils au succès d’un jeu ?

Les récompenses apportent de la visibilité et la visibilité permet à un grand nombre de nouveaux joueurs de mettre leurs mains sur le jeu. De facto, les récompenses contribuent au succès des jeux. 

Des nouvelles de Namiji que les backers attendent encore ?

Les livraisons sont en cours ! Au moment où j’écris ces lignes, j’ai reçu mon avis d’expédition et ma boite est en chemin. Ce fut long mais tout arrive à point. J’espère que les contributeurs ne seront pas déçus ! Quand tout le monde aura été livré, Funforge se concentrera sur la version boutique. 

Peux-tu nous en dire plus, sur ce lieu à la fois mystérieux et attrayant qu’est la Cafetière ?

C’est l’atelier dont j’assure la gestion. Il est situé à Valence et abrite 4 auteurs de jeux (Corentin Lebrat, Ludovic Maublanc, Jonathan Favre-Gobal est moi-même) et une coloriste de BD (Albertine Ralenti) à plein temps. Pas vraiment de mystère pour le coup, c’est un espace de travail qui nous permet d’exercer dans la bonne humeur plutôt que chacun chez nous.

Tu fais partie de team Kaedama, qu’est ce que c’est ?

Kaedama est une société et une équipe (Corentin Lebrat, Ludovic Maublanc, Théo Rivière et moi-même) qui travaille pour différents acteurs du milieu ludique. Nous faisons des missions de consulting, d’accompagnements de projets ainsi que des jeux de commandes, la plupart du temps sur les licences (BD, cinéma, littérature). 

Ton fils Esteban a participé à la création de son premier jeu : Kraken Attack. Il est précoce dis donc ! Travaille-t-il avec toi sur un nouveau jeu ?

Pas pour le moment, non. Je lui laisse l’initiative de débuter un nouveau projet, je ne veux pas le pousser à faire des jeux, il faut qu’il en ait envie, comme ça a été le cas sur Kraken Attack. 

Sur quel(s) projet(s) travailles-tu en ce moment ? Y a -t-il donc d’autres sorties prévues dans un avenir plus ou moins proche ?

A titre personnel, je travaille principalement sur Oltréé et sur la gamme 7 Wonders. Des extensions sont sur le grill. J’ai également plusieurs projets avec Kaedama dont le plus important est un jeu sur une licence que je ne peux pas (encore) citer !

Avec quel auteur de jeu et quel illustrateur de jeu rêverais-tu de travailler ?

Mike Mignola (mais il n’illustre pas de jeux… pour le moment)

Quel LE jeu dont tu n’es pas l’auteur qui te fait vibrer en ce moment ?

Regicide, un jeu de trois auteurs néo-zélandais qui a fait l’objet d’un kickstarter. Plein de soucis en termes d’édition et d’ergonomie mais le game design de ce petit jeu est brillant. 

En tant que joueur quels sont tes 3 coups de cœur ludiques que tu voudrais voir inscrit au Hall of Fame de tous les temps ? Et pourquoi ?

Kakerlaken Poker, qui est selon moi est le meilleur jeu de bluff / double-guessing disponible sur le marché. 

Puerto Rico, qui reste brillant malgré son grand âge (et son thème !)

Et bien sûr, The Mind, qui est pour moi est l’un des meilleurs designs de ces dernières années.

Il n’y a pas que le jeu dans la vie. Justement, quelles sont tes autres passions ?

Je parle plus de centres d’intérêts que de passions, mais il y a en a plusieurs. Le Japon et les voyages en général, la BD, la menuiserie, le jeu vidéo, la littérature (SF et Fantasy en tête)

As tu scoop à nous partager ?

Pas vraiment ! Mais ça n’est pas passé loin…

Quelle personne du monde du jeu qu’Undecent n’a pas encore interviewé aimerais-tu que je passe à la moulinette du questionnaire ?

Pourquoi pas Antoine Prono, de Transludis. On a tendance à sous-estimer l’importance de la traduction dans notre média.

Pour continuer cette interview, je te propose de sortir le jeu “Questions de Merde”. Le principe est de donner les réponses décalées mais sincères 🙂 n’hésite pas à développer si tu en ressens le besoin

Quelle sera ton épitaphe?

Game Over.

Quel est le film qui t’a fait le plus flipper?

Je n’aime pas avoir peur et je ne regarde pas de film d’épouvante. Par contre, je suis toujours partant pour un bon nanard 🙂

Quel est ton rayon préféré au supermarché?

Je ne mets jamais les pieds au supermarché 🙂

Quelle taxe proposes-tu de créer pour renflouer les caisses de l’Etat ?

On a besoin que les évadés fiscaux paient leur part, pas de nouvelles taxes.

Quel(s) mots te ferais-tu tatouer sur les fesses ?

Pas de tatouages, ça me fermerait l’accès aux bains, au Japon. “Mansuétude” sinon…

À quelle époque aurais-tu aimé vivre ?

J’aurai aimé voir la fin du XIXème mais pas spécialement y vivre.

Comment expliquerais-tu à un enfant, comment on fait des bébés ?

En m’appuyant sur la biologie, sans mentir ou éviter le sujet.

A quoi reconnaît-on un(e) con(ne)?

A son comportement vis-à-vis d’autrui.

Si tu devais tout plaquer, mais ne garder qu’un seul objet, lequel choisirais-tu ?

Un carnet de notes (avec un crayon) !

Merci beaucoup Antoine d’avoir répondu à ces quelques questions ! a bientôt !

Chers lecteurs, si vous avez aimé les dernières questions de cette interview, vous pouvez les retrouver dans le jeu “Questions de Merde “ chez Le Droit de Perdre.

Hello asso

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1 réponse

  1. 22 avril 2024

    […] toujours cool ! Mais les gens derrière Playpunk ne sont pas des débutants ! Fondée par Antoine Bauza (auteur à succès notamment de 7 Wonders) et Thomas Provoost (fondateur de Repos Prod), ces deux […]

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