[Test] Courtisans – Un jeu d’influence royal !








![]() | 2 à 5 joueurs | ![]() | Romaric Gallonier et Anthony Perone |
![]() | 8 ans et + | ![]() | Noémie Chevalier |
![]() | 20 minutes | ![]() | Catch Up Games |
![]() | Collections, manigances | ![]() | Black rock Games |
![]() | 1 Mars 2024 | ![]() | Diner de la reine, moyen-âge |
![]() | PVC : 21,90 € | dans ![]() |
Courtisans, découvert au FIJ de Cannes 2024, revient en stock cette année après plusieurs réassorts. Il faut dire qu’il a été très vite sold out ! Un jeu de gestion de main que l’on doit aux compères Romaric Gallonier (Les Architectes d’Amytis, Profiler, Focus, Splito …) et Anthony Perone (Formz, Animètre, Dive, Back Stories …), pour la maison d’édition lyonnaise Catch Up Games.
D’ailleurs, Clément de Catch Up Games a vite été surpris de l’engouement pour le jeu :
Nous avions produit 5000 exemplaires, ce qui est souvent suffisant pour analyser le comportement du jeu en boutique. Là, le jeu était en rupture chez le distributeur avant même sa sortie officielle. Blackrock annonce généralement la disponibilité des jeux aux boutiques le lundi matin pour une sortie le vendredi suivant. Dans le cas de Courtisans, il n’y avait plus d’exemplaires à l’entrepôt dès le mardi midi. On n’avait jamais connu ça.
Propos tenus pour le site Philibert
Et pourtant, rien de neuf sous le soleil en apparence … mais en apparence seulement.
Dans Courtisans, vous allez placer des cartes Courtisans devant vous, chez vos adversaires et à la table de la Reine du côté jour ou du côté nuit, afin d’influencer les valeurs de chaque clan.
J’ai pu le découvrir lors de nos soirées jeux et j’ai apprécié sa prise en main rapide puis avec le temps la subtilité stratégique que propose l’expérience de jeu.
Dans Courtisans, je pensais de prime abord – mais à tord – qu’il fallait simplement faire ses choix pour optimiser son propre domaine. Puis je me suis vite aperçue qu’en fait il fallait être un peu plus taquin. Mais cette sensation de jeu se fait en douceur ; on ne ressent pas la mesquinerie comme d’autres titres qui pour ma part ne me mettent pas toujours à l’aise.
Courtisans est aussi, pour l’avoir tester à 2 comme à 5, un jeu où les sensations ne sont pas abimées par le nombre de joueurs, voire même au contraire la « pollution » dans les domaines adverses est plus douce puisque diluée ; mais à plusieurs on ajoute cet effet alliance qui est renforcé par les cartes objectifs. J’ai beaucoup apprécié cet aspect car en plus d’un jeu stratégique, il ajoute ce coté jeu d’ambiance avec des échanges autour de la table. Quoi de plus agréable quand on joue que d’avoir cet aspect relationnel qui se fait naturellement.
L’expérience de jeu de Courtisans réunit pour moi l’ensemble des qualités pour se faire remarquer et ne pas rester un titre qui finit au fond de la ludothèque. A sortir régulièrement, il ne se démode pas ; la preuve, il a été encore présenté au FIJ 2025.
N’attendez pas, vous aussi, venez courtiser la Reine à sa table !
Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?
- 90 cartes Courtisan (6 familles de 15 cartes chacune)
- 20 cartes Mission (10 blanches et 10 bleues)
- 1 tapis de jeu

Comment on joue à Courtisans ?
La mise en place est rapide, il faudra veiller à écarter le nombre de cartes Courtisan en fonction du nombre de joueurs. La pioche détermine le nombre de tours de jeu.
Courtisans propose une expérience de jeu autour de l’influence des famille auprès de la reine. Chaque joueur fait le choix de favoriser la mise en lumière ou la disgrâce de chacune des 6 familles. Elles possèdent une couleur différente et un symbole différent. Les cartes auront certains rôle. L’un d’eux est celui d’espion ; il sera posé face cachée autour de la reine. Il permet, secrètement, de donner son influence, il peut aussi être placé dans un des domaines. Les autres rôles apportent un twist pour favoriser, asseoir ou nettoyer vos choix ou ceux de vos adversaires.
Le tour de jeu
- Chacun à son tour va poser une carte au centre de la table soit au dessus soit au dessous de la table de la reine. Les cartes qui sont au dessus de la table de la reine sont dans la Lumière et celles en dessous sont en disgrâce.
- Il garde une carte pour son domaine
- Il en donne une à un domaine d’un des joueurs.
A la fin de son tour de jeu il pioche 3 cartes pour le prochain tour.
Des rôles pour 4 cartes
Le noble vaut 2 points autant autour de la table royale que dans un domaine.
L’espion se joue face cachée en Lumière et en Disgrâce ou bien dans un domaine.
L’assassin élimine une carte de la table royale s’il y est placé ou dans le domaine dans lequel il sera positionné. Il n’est pas obligé de tuer.
Le garde ne peut pas être tué par l’assassin.
La fin de partie
Les tours de jeu se suivent ainsi jusqu’à épuisement de la pioche. Puis chacun effectuera son dernier tour de jeu.
C’est enfin le temps de compter les points. La quantité de cartes majoritaire entre la mise en lumière versus la mise en disgrâce déterminera le sort de la famille en question. Chaque carte dans les domaines vaudront +1 si la famille correspondante est dans la lumière et -1 si elle est en disgrâce.


Design
Tout d’abord, on note le soin apporter par la maison d’édition Catch Up Games qui édite ici un jeu abouti et soigné avec des illustrations de Noémie Chevalier sublimées par les dorures des cartes. C’est un détail qui rappelle les couleurs du mobilier et de la richesse de la cour et qui complète magnifiquement les illustrations.
Leur format rappelle celui des cartes de tarot, avec un aspect graphique faisant penser aux atouts.
Les couleurs sont bien tranchées tout en restant peu agressives. L’ensemble ne posera pas de problème aux daltoniens.
L’éditeur Catch Up avait parlé pour Philibert de l’évolution du design entre la version prototype et la version finale :
Si on adore le thème médiéval de sa version finale, le prototype n’en faisait mention que très vaguement. Ainsi, au moment où Catch Up découvre le jeu, les joueurs incarnaient “des personnages animaux sortis tout droits des jeux de Leder Games” se rappelle Clément.
Une simple impression de déjà-vu ? Pas du tout ! Anthony nous confia avoir pris quelques largesses pour l’univers graphique de leur proto :
“Pour illustrer le prototype, on a, illégalement évidemment, utilisé les illustrations de Root. Ça collait super bien d’avoir ces personnages armés. Finalement, on a eu la chance d’avoir Noémie Chevalier et son travail incroyable sur les illustrations. Quelle chance !”
Et Clément ajoute :
“En gardant l’idée du tarot, et vue l’ambiance qui se dégageait des parties, je suis assez rapidement sur un thème de cour où on pourrait se faire des coups dans le dos. L’idée était d’avoir un univers à la Game of Thrones, mais sans le sang et le sexe. Un truc moins violent, mais dans lequel on n’hésite pas à se trahir gentiment”.
Et de nous parler de l’illustratrice Noémie Chevalier :
Courtisans est l’occasion de faire connaissance avec une nouvelle illustratrice. Nouvelle dans le monde ludique, mais pas dans le métier. Si Noémie signe ici son premier jeu de société, l’artiste s’est illustrée dans le domaine de la littérature pour ado où elle a signé les illustrations de la trilogie du Livre des étoiles d’Erik L’Homme, un best-seller fantasy édité par Gallimard.
“Gallimard a réédité les trois tomes de cette saga d’Erik L’Homme à l’occasion de la sortie d’un 4e tome co-écrit avec Jimmy Blin. Et j’en ai réalisé les couvertures, parties illustration et graphisme. D’un point de vue plus personnel, c’était un projet plein de nostalgie puisque je lisais la saga étant ado dans sa première édition.”
Quant aux raisons du choix de Noémie, Clément se souvient :
“J’ai fini par découvrir la page Artstation de Noëmie où j’ai trouvé des personnages d’inspiration médiévale qui m’ont tout de suite séduit. Noëmie réalise également toutes les enluminures dont elle aime enrichir ses créations et là, je me suis dit que c’était exactement ce que je cherchais pour le thème que j’avais en tête”.
Pour sa première expérience dans le jeu de société, Noémie a pu proposé son univers graphique qui apporte une identité forte à Courtisans :
“Le brief était simple et ouvert. Thème médiéval onirique, similaire à ce que j’avais pu faire dans quelques productions personnelles, et faire six familles bien distinctes. C’est tout. On avait évoqué l’idée avec Clément de mettre des blasons en plus à chaque famille, et tout ça m’a conduit à proposer le principe de carte qu’on connaît : un animal associé à chaque famille et dont on retrouve des détails évocateurs dans le physique et les vêtements des personnages. Le reste des graphismes est venu naturellement.”

Qualité du matériel
Les cartes sont de bonne qualité et d’un grand format plaisant.
Le tapis central a le défaut d’être souple et il rebique. En revanche son impression sur un genre de tissu tapissier lui donne tout sens et vient l’ancrer dans le thème médiéval.
La boîte est d’un format attirant et s’emporte facilement dans un sac a dos.
Clément de Catch Up nous explique pour Philibert pourquoi le matériel est si abouti :
En ouvrant la boîte de Courtisans, le jeu brille, et ce n’est rien de le dire, par l’originalité de son matériel. Ainsi, les joueurs pourront prendre plaisir à jouer ou contempler le très beau tapis de style “médiéval” et les sublimes cartes brillantes. Interrogé sur ce choix, Clément, chef de projet sur Courtisans, nous confiait que lors de l’édition du jeu, il n’avait pas rencontré de difficulté particulière, si ce n’est de rendre le jeu original :
“Je me suis rapidement dit que, comme le jeu ne brillait pas par son originalité, il allait falloir probablement faire passer plus de choses par l’édition. L’idée était de partir sur un très bel objet qu’on pourrait vouloir acheter juste pour l’exposer, même sans y jouer. Un peu comme on peut le faire avec un jeu de tarot”.

Thème
Dans Courtisans vous allez placer des familles qui viennent à la table royale. Chaque joueur composera son domaine qui sera aussi agrémenté par vos adversaires. Ce thème des familles qui viennent courtiser au repas de la reine avec la mise en lumière ou la disgrâce est en adéquation avec le scoring. Le wording du jeu est lui aussi adapté et facilite la compréhension des règles du jeu.
Le thème est au service des règles et l’expérience de jeu proposé. En effet on retrouve bien l’esprit fourbe de l’entourage de la cour qui peut se faire apprécier ou déprécier. Dans les sensations de jeu, j’ai retrouvé ce coté où je pouvais soutenir mon voisin dans son domaine parce qu’un objectif m’y invitait. Mais aussi parfois l’envie de faire baisser la notoriété d’un domaine adverse.


Mécanique
Les auteurs Romaric Gallonier et Anthony Perone associent avec justesse plusieurs mécaniques. Le ressenti sur l’expérience de jeu est fort et les règles sont suffisamment simples pour être accessible.
Une mécanique simple de pose des cartes
L’idée de Courtisans est née d’une pure question de game design. Alors que les co-auteurs étaient à la recherche d’un jeu basé sur une mécanique de majorité, Romaric Galonnier réfléchissait beaucoup à des systèmes d’interaction consistant à donner des cartes aux autres joueurs à la manière de Splito, un jeu qu’il avait créé avec Luc Rémond. Interrogé pour Philibert sur les premiers instants de la création du jeu, Romaric se souvient :
Anthony a proposé une manière de jouer sa main de cartes : on aurait deux cartes en main, et à chaque tour, on doit en placer une dans sa collection devant soi, et une autre au milieu pour influencer la valeur des collections. Là-dessus, je rebondis rapidement avec l’idée de distribuer trois cartes, une pour soi, une pour influencer la majorité et une dernière pour un autre joueur !
En tout et pour tout, le jeu de cartes a demandé un développement de neuf mois, trois mois pour le prototype et six mois pour l’édition. Un temps assez court par rapport à d’autres jeux qui s’explique par la fluidité du travail des auteurs qui n’ont pas rencontré de grosses difficultés. Romaric s’explique :
“La mécanique de base a été vite posée et n’a pas bougé. Ce qui a été plus long à affiner, ce sont les pouvoirs de cartes et les missions. On a cherché à créer un équilibre pour inciter les joueurs à jouer dans l’obscurité pendant la partie, car on a remarqué que pour qu’une partie soit intéressante, on se devait de trouver un équilibre entre lumière et obscurité à la table de la reine.”
Pour Anthony : ”Le travail autour du jeu a été minutieux. Il ne fallait pas en ajouter trop ou en enlever trop pour offrir une expérience très claire et épurée.”
A chaque tour de jeu chaque joueur a trois cartes à placer.
Une carte pour la table royale dans la lumière ou la disgrâce
Quelle famille agrémenter, dans la lumière ou dans la disgrâce ? Ce sera le point central de vos choix pour ne pas vous tirer un carreau d’arbalète dans le pied mais pas non plus offrir trop de points aux adversaires.
La reine reçoit les espions face cachée qui seront révélés en fin de partie et pourront venir soutenir vos choix comme les pénaliser. Les nobles viennent assoir votre choix en comptant double.
Une carte pour constituer son domaine
Puis il faut aussi choisir une carte pour votre domaine et ainsi constituer votre score. Les espions sont parfois un bon moyen de ne pas dévoiler votre stratégie, et les assassins peuvent épurer votre domaine.
Une carte pour un domaine adverse
Enfin la dernière carte parfois par dépit sera donnée à un adversaire, il est quand même intéressant de réfléchir à qui et pourquoi la donner. Un soutien ou au contraire une pique ? A vous de voir mais il faudra veiller peut-être dans vos choix à vous constituer des alliances silencieuses pour que votre domaine ne soit pas uniquement rempli de familles en disgrâce.
Des objectifs pour vous orienter
Ces cartes objectifs permettent pour l’une de vous orienter (mettre en disgrâce ou en lumière une famille), et pour l’autre la constitution de son domaine (posséder moins d’un type de carte qu’un voisin par exemple). Tout au long de la partie la réussite de ces objectifs peut varier, il faudra rester vigilant.
Le jeu orienté famille ne permet pas aux moins joueurs de comprendre toutes les subtilités stratégiques. Cependant, même sans cette analyse ils y trouvent du plaisir. J’ai plutôt tendance à le proposer à un groupe de joueurs plus initié ou une famille qui joue beaucoup.



Simplicité des règles
Les règles de Courtisans sont facilement assimilables : Poser ses 3 cartes dont une à la table royale, soit en dessus en lumière soit en dessous en disgrâce puis une dans son domaine et une dans le domaine d’un adversaire. Il n’y a pas de subtilité. Les rôles sont clairement expliqués. Et le scoring dans son domaine est de +1 pour une carte d’une famille en lumière et de -1 pour une carte en disgrâce.
Les objectifs sont directs et clairs. Ils comptent trois points s’il sont validés en fin de partie.
Retrouvez les règles du jeu : https://undecent.fr/banque-de-livrets-de-regles/

Mise en place / Rangement
Courtisans s’installe facilement. Une fois le tapis déroulé (qu’il faudra peut être repasser), vous installerez facilement la pioche. Il faudra veiller à écarter le nombre de cartes indiqué dans la règle en fonction du nombre de joueurs.
Puis il faudra aussi distinguer les 2 types de cartes objectifs et en donner une de chaque à chaque joueur, et écarter dans la boite les cartes restantes.
Chaque joueur recevra 3 cartes et le jeu commence.
En fin de partie il suffit de ranger dans la boites les cartes dans les endroits dédiés puis rouler le tapis et le glisser à coté des cartes. De ce fait, la boite est bien organisée et permet de ranger les différentes cartes dans différentes cales ainsi que le tapis roulé sur le bord.
Verdict ?
Ce que j’ai ❤️
- La subtilité entre taquinerie et stratégie.
- Le format et les illustrations des cartes.
- Le thème qui renforce l’expérience de jeu.
Ce que j’ai 💔
- Le tapis qui n’est pas plat mais qui est vraiment beau
Conclusion
Courtisans est un beau et bon jeu qui est plaisant, offrant une expérience de jeu un peu fourbe mais de manière subtile. C’est très agréable pour les joueurs qui comme moi ne sont pas toujours à l’aise avec les actions qui nuisent directement les adversaires.
Courtisans c’est aussi un jeu ou l’on a un peu de suspens jusqu’à la révélation des espions qui peut contrebalancer votre propre stratégie et donne clairement envie de prendre une revanche, puis une autre….

Pour moi Courtisans est une belle découverte qui se joue aussi bien à 2 qu’à 5 sans que l’expérience de jeu ne soit altérée. Je peux facilement le sortir en début d’une soirée avant de lancer un jeu long.
Alors si vous aimez les jeux simples avec une taquinerie subtile qui vous demande une réflexion stratégique n’hésitez pas. Que cela marche ou pas, ne soyez pas frustré, les parties sont rapides et vous pouvez vite prendre votre revanche. Essayez Courtisans, vous apprécierez !
Le jeu présenté ici nous été gracieusement envoyé par l’éditeur. Mais comme aucun dessous de table n’a été observé, cet article sera aussi bien baigné d’une objective bienveillance comme il pourra se révéler plus acerbe.

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