[Test/Preview] Guyenne, l’histoire du château de Sarzay

2 joueursLaurent Journaux, Jean-Baptiste Journaux
8 ansRomain Boyaud
15 minutesPergame Éditions
Cartes, affrontement, contrôle de territoireEn recherche de distributeur
Non publié Médiéval, guerre de 100 ans
10€ dans quelques boutiques et dans
Guyenne

J’adore découvrir des petits projets encore peu connus. Quand Laurent Journeaux me contacte le jour de Noël pour me proposer son premier jeu, je lui dis que je testerais bien sûr son jeu.

Puis je reçois la (toute petite) boite, j’ouvre et je découvre les illustrations de Romain Boyaud, compositeur et designer dont c’est également le premier jeu. Ses illustrations sont sobres et très graphiques mais elles me plaisent bien.

En parcourant la boite des yeux, je découvre la mention « Fédération des chemins de la guerre de cent ans« . Je tape le nom immédiatement sur notre ami Google et je découvre une association loi 1901 créée en 2011 regroupant 3 associations de valorisation du patrimoine du sud Berry.

Alors vous connaissez mon intérêt pour le Moyen Age, et dès que je peux en apprendre plus sur cette vaste période et notamment la guerre de 100 ans, je fonce ! Donc Guyenne est créé en collaboration avec cette association.

Et puis en découvrant les cartes, je découvre que le jeu prend place autour d’un véritable château, celui de Sarzay. Encore plus intéressant !

Bon mais alors, que vaut ce jeu, outre l’intérêt historique du titre ?

Dans Guyenne, les joueurs s’affrontent, un peu à la manière d’un Schotten Totten ou un Battle Line Médieval pour prendre le contrôle du château de Sarzay et ses 6 zones. La mécanique est beaucoup plus simple que les deux jeux précédemment cités et les parties beaucoup plus courtes.

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

  • 21 cartes troupes Française
  • 21 cartes Troupes Anglaises
  • 1 carte Du Guesclin
  • 1 carte Edouard de Woodstock
  • 6 cartes château
  • 1 carte joueur actif
  • 3 cartes règles du jeu

Comment on joue à Guyenne ?

La mise en place

On commence par disposer les 6 cartes château en ligne au centre de la table en veillant à ce que les flèches pointent aucun joueur.

Chaque joueur prend son paquet de cartes troupes et les mélange, puis pioche 5 cartes. Il ajoute son héros à sa main de départ.

On désigne un premier joueur et on pose la carte joueur actif sur sa face.

Crédit photo : Laurent Journeaux
Le tour de jeu

Une partie de Guyenne se joue en tours successifs qui comprend chacun deux phases :

  1. La pose des cartes : Le premier joueur pose face cachée une ou plusieurs cartes de sa main devant un château (neutre, en sa possession ou en la possession de son adversaire). Son adversaire réplique en posant également des cartes face cachée devant le même château. Puis le deuxième joueur pose des cartes devant un autre château et le premier réplique en posant des cartes devant ce château également. Des cartes seront donc posées de part et d’autres de deux châteaux.
  2. La résolution des combats : Les cartes ont une valeur de 2 à 5. Celui qui a la plus forte valeur remporte le combat et prend le contrôle du château. Si un héros est joué, il remporte automatiquement le combat. Si les deux héros sont joués devant le même château, c’est une égalité. En cas d’égalité, le château reste sur sa dernière position. Le défenseur n’est pas obligé de montrer ses cartes s’il perd, il déclare juste qu’il a perdu et défausse ses cartes face cachée.

En cas d’attaque réussie d’un château contrôlé par l’adversaire, le joueur attaquant doit défausser définitivement sa carte la plus forte.

A la fin du tour de jeu, les joueurs complètent leur main à 6 cartes.

Lorsque la pioche d’un joueur est vide, il la reconstitue en mélangeant sa défausse (sans y inclure les cartes écartées à la suite d’une attaque réussie d’un château adverse).

La fin de partie

Une partie de Guyenne s’achève quand un joueur a parcouru deux fois sa pioche et que sa main ne comporte que 0 ou 1 carte. La partie s’arrête également si à la fin d’un tour si un joueur contrôle les 6 châteaux (il gagne la partie).

Dans le premier cas de figure, on compte les points :

  • 1 point par château contrôlé
  • 1 point par château présent dans le plus grand groupe de châteaux possédés adjacents.
  • 1 point par carte restante en main et/ou dans sa pioche

Le joueur avec le plus de points gagne la partie.

https://youtu.be/-YcwrPTfoRE

Est-ce que c’est bien ?

Ce que j’ai ❤️

  • Le design des cartes
  • Des parties rapides
  • Des règles hyper simples
  • Il y a un peu de stratégies
  • Il y a un peu de bluff
  • Le fluff médiéval et les explications sur le château de Sarzay au dos des cartes château.
  • Une mécanique très légère…

Ce que j’ai 💔

  • … Un peu trop pour qui est habitué à ce genre de jeux
  • Un design qui peut ne pas plaire ou peut paraître trop simple
  • La victoire aux points trop fréquente

Design

J’aime bien le design de Guyenne. Il est très simple, les personnages sont sommairement dessinés et les cartes sont très épurées, mais du coup on ne se noie pas dans une tonne d’informations, c’est claire et limpide.

Je suis conscient que les illustrations peuvent ne pas plaire. Elles sont à la limite du naïf, mais je pense comprendre l’idée du graphiste : moderniser les dessins médiévaux qu’on peut trouver dans les enluminures des livres de cette époque comme dans la bible de Maciejowski.

On retrouve ce style naïf, en plus moderne et plus épuré. Je trouve cela plutôt plaisant.

Les cartes ont des couleurs en fonction de leur camp, ce qui permet de bien les reconnaître et les daltoniens se serviront de l’emblème pour se repérer (pour peu qu’il connaisse les emblèmes de chaque camp. Le lion pour l’Angleterre et la fleur de Lys pour les Français, classique.)

Dommage qu’on ne retourne pas les mêmes blasons sur la carte premier joueur, on s’y perd du coup, surtout pour le côté français qui arbore un aigle à deux têtes (si on sait pas que c’est la bannière de Du Guesclin, on ne pense pas tout de suite à la France).

Je suis juste un peu déçu par les cartes châteaux que je trouve un peu en dessous en terme graphique et j’aurais aimé plus de châteaux différents, plutôt que 6 fois le château de Sarzay. Si le jeu trouve un éditeur, il y en aura plus.

Dans l’ensemble, on retrouve bien les marqueurs médiévaux, le jeu est très épuré et lisible, c’est plutôt pas mal.

ze meeple

Qualité du matériel

Pour un jeu auto édité, j’ai été très surpris de la qualité des cartes. Elles sont excellentes ! Si elles ne sont pas toilées, elles sont assez épaisses et très rigides avec un effet satiné, c’est très agréable à manipuler.

Un très bon point pour Guyenne !

Thème

Comme vous le savez, j’adore les thèmes médiévaux, surtout quand le jeu s’inscrit dans la vraie Histoire avec un grand H. Guyenne se passe pendant la guerre de 100 ans et fait s’affronter Bertrand du Guesclin à Édouard de Woodstock autour du château se Sarzay.

Bertrand du Guesclin, aussi nommé « Bertran du Guesclin », né vers 1320 au château de la Motte-Broons près de Dinan et mort le 13 juillet 1380 devant Châteauneuf-de-Randon, est un noble breton, connétable de France et de Castille, personnage majeur de la première partie de la guerre de Cent Ans.

Fils aîné des dix enfants de Robert II du Guesclin, seigneur de la Motte-Broons, et de son épouse Jeanne de Malesmains (morte en 1350), dame de Sens-de-Bretagne, Bertrand du Guesclin est issu d’une rustique seigneurie de la petite noblesse bretonne. Les Guesclin font en effet partie des familles nobles de Bretagne, mais Robert du Guesclin n’appartient qu’à la branche cadette de la famille (la branche aînée vit au château du Plessis-Bertrand et au château de la Motte-Jean) et occupe un modeste manoir à la Motte-Broons, dans le pays gallo, ce qui veut dire que sa langue maternelle fut une langue d’oïl et non le breton.

En octobre 1370, revenu en France, il est fait connétable de France par Charles V. Sa grande entreprise va être d’expulser les Anglais. Contrairement aux habitudes de la chevalerie française, il ne procède pas par grandes campagnes avec tout l’ost français, mais préfère reconquérir méthodiquement des provinces entières, assiégeant château après château. Il va chasser les Anglais de la Normandie, de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou.

Bien souvent, le siège ne dure pas, l’issue en étant accélérée par un assaut victorieux ou plus souvent encore par une ruse. Pour libérer Niort de la domination anglaise, il utilise un subterfuge : il fait revêtir à ses soldats l’uniforme anglais. L’ennemi, confiant, ouvre les portes de la ville et l’armée de du Guesclin s’en empare.

Édouard de Woodstock (15 juin 1330, Woodstock – 8 juin 1376, Westminster), prince de Galles, comte de Chester, duc de Cornouailles et prince d’Aquitaine, était le fils aîné d’Édouard III d’Angleterre et de Philippa de Hainaut. Il est aussi connu sous le surnom de Prince Noir.

L’historiographie traditionnelle blâme souvent le prince pour le sac de Limoges. Selon Froissart, 3 000 personnes furent tuées ce jour-là. Cependant, le chroniqueur local de l’abbaye de Saint-Martial ne mentionne que 300 morts, combattants inclus. La ville de Limoges était divisée en deux entités distinctes : la « Cité » et le « Château ». Le Prince Noir n’attaqua que la « Cité » dominée par l’évêque, qui l’avait trahi (Johan du Cros), et pas le « Château » qui lui resta fidèle jusqu’en 1372.

Toutefois, on doit mentionner que, depuis son arrivée en Aquitaine en 1355, jusqu’à son retour définitif en 1371 pour cause de maladie, il a organisé pendant seize ans une interminable suite de chevauchées, tant contre ses adversaires en dehors de ses provinces que contre quiconque osait contester son autorité sur ses terres. Souvent implacable et brutal, il se conformait néanmoins aux terribles « usages » en vigueur en temps de guerre : pillages, destructions, ravages, incendies.

Le château de Sarzay fut une imposante forteresse de la fin du Moyen Âge. Il se situe sur la commune de Sarzay dans le département de l’Indre.

Ce petit village du Berry acquit le titre de Cité en 1300. La paroisse dépendait de l’archevêché de Bourges.

La seigneurie de Sarzay appartenait à la famille de Barbançois depuis le milieu du 14e siècle. C’est une famille de chevaliers dont les fils s’illustrèrent dans les batailles de la guerre de Cent Ans. Cette famille construisit le château et en resta propriétaire jusqu’en 1720 ; cette seigneurie fut érigée en marquisat en 1651.

Au départ, il s’agit d’un motte castrale entourée d’un fossé et défendue par une enceinte dont il ne reste plus qu’une tour-chapelle. En 1360, le seigneur de Sarzay, Guillaume de Barbançois, bouta les Anglais hors de la ville de La Châtre, avant de piller la ville pour son propre compte. Sarzay était à la limite du royaume de France, face aux Poitou, Limousin et Aquitaine, possessions anglaises. Vers 1440, Jean de Barbançois construisit un corps de logis flanqué de quatre tours, dont une desservant les étages. Les tours sont couronnées de mâchicoulis. Il contint l’invasion anglaise puis sort intact de la guerre de Cent Ans, des guerres de religion, de la Fronde, de la Révolution.

En 1538, dans un duel judiciaire, Hélion de Barbançois, âgé de 70 ans, tua François de Saint-Julien, sous l’œil étonné de François Ier.

Du Guesclin et Woodstock se rencontrent en bataille au moins une fois :

Le prince de Galles gagna la bataille de Najara ou Navarette, le 3 avril 1367 contre Henri de Transtamare et Du Guesclin ; Henri s’échappe et Duguesclin fut fait prisonnier. Le roi de France acquitte la rançon de Du Guesclin, qui recouvre la liberté.

Je n’ai pas trouvé de traces d’une vraie bataille entre les deux hommes au château de Sarzay.

Mécanique

La mécanique de Guyenne est vraiment hyper simple… un peu trop peut-être. Certains diront que le jeu manque de profondeur et c’est pas forcément faux. Il faut juste savoir à quel public le jeu s’adresse.

S’il s’adresse aux joueurs experts ou même initié, effectivement, Guyenne sera trop léger. En revanche, s’il s’adresse aux visiteurs des différents châteaux médiévaux du Berry, qui ne sont forcément des joueurs accomplis, alors Guyenne leur conviendra parfaitement du fait de ses règles hyper simples et à la mécanique épurée.

Épurée, c’est le mot qui conviendrait le plus à cette mécanique qui fait quand même furieusement penser à Schotten Totten ou Battle Line Medieval, mais il y a pire comme comparaison.

On pose des cartes devant un château, l’adverse réplique sur le même château avec ses propres cartes puis joue sur un château différent et on résout les combats en comparant les forces des armées. Et c’est presque tout.

Presque parce qu’il y a quand même quelques twists intéressants :

  • Le héros qui remporte la bataille de manière automatique.
  • Perdre définitivement sa troupe en cas d’attaque réussie d’un château contrôlé par l’adversaire.
  • Le comptage des points en fin de partie.

Ces deux éléments ajoutent un aspect stratégique et permettent le bluff.

En effet, on peut très bien planquer son héro avec plein de cartes 1 pour que l’adversaire ne le voit pas et mette en face plein de cartes, qui ne pourront donc pas être déployées ailleurs.

Perdre sa troupe quand on attaque une place forte ennemi, c’est un sacré handicap. Déjà vous allez hésiter à le faire. Votre adversaire pourra être tenté de vous laisser faire pour vous faire perdre une précieuse troupe. Mais cela lui permettra surtout de défendre avec des cartes faibles, supposant que vous attaquerez avec des cartes faibles également.

Alors vous allez entrer dans une espèce de combat mental ou vous allez tenter de deviner ce qu’a joué votre adversaire. Vous allez pourvoir compter les cartes, elles ne sont pas nombreuses et ainsi déduire les probabilité que telle ou telle carte se trouve dans le « pli » de votre adversaire.

Mais du coup, gagner une place forte contrôlée par votre adversaire devient vraiment difficile (et c’est plutôt thématique pour le coup), ce qui fait que remporter la victoire avec 6 châteaux sous son contrôle est vraiment un exploit à réaliser et cette condition de victoire n’apparaîtra presque jamais.

Par contre, très vite, tous les châteaux seront contrôlés (au plus tard au 3ième tour) et attaquer les places fortes de l’adversaire deviendra obligatoire, à vous de voir quelles forces vous serez prêts à sacrifier.

Le comptage des points en fin de partie vous forcera indéniablement à prendre des risques. Déjà, vous aurez envie de contrôler des châteaux adjacents pour bénéficier du bonus (mais votre adversaire aussi) et on entre donc dans une espèce de course à la place forte. Le choix de positionnement de ses armées devient donc crucial, surtout en début de partie.

Vers la fin de la partie, vous serez aussi tentés de faire défausser votre adversaire en gardant vos cartes, source précieuse de points de victoire.

Alors même si le jeu est très léger au niveau de sa mécanique, on peut quand même mettre en place une petite stratégie et des choix intéressants seront à faire.

ze meeple

Simplicité des règles

Au regard de ce que j’ai indiqué plus haut, les règles de Guyenne sont donc très simples, rapides à comprendre. Tout tient sur 3 cartes recto-verso.

Mise en place / Rangement

La mise en place et le rangement sont très rapides, vue qu’on ne dispose que des cartes.

Guyenne ne prend pas beaucoup de place sur la table et la petitesse de sa boite en fait un jeu très nomade qu’on pourra installer sur à peu près tous les supports.

Conclusion

Guyenne est un chouette petit jeu portail dont la mécanique très simple peut manquer un peu de profondeur mais dont l’accessibilité pourra convenir à des non-joueurs ou des joueurs débutants qui souhaiteraient faire leurs armes sur un jeu pas trop prise de tête. La rapidité des parties en font un bon filler à sortir en attendant les autres joueurs, ou en voyage. Une bonne édition du titre pourra lui donner un peu plus de matière et de personnalité.

Hello asso

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Arnaud
Adeline

D’autres avis sur Guyenne :

Vous êtes éditeurs, le jeu vous intéresse ? Vous pouvez joindre Larent Journeaux à cette adresse : guyenne.ljo@sfr.fr

Source : Wikipédia

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4 réponses

  1. Laurent36 dit :

    Et pour faire plaisir à Arnaud, il y a désormais 6 châteaux différents !

  2. Laurent36 dit :

    Une nouvelle version de Guyenne sort chez Faire Play Edition début 2024.

    Découvrez les règles en vidéo : https://youtu.be/iebhgcf20eY?si=Rg0me0vzp4bVwGbg

  3. Laurent Journaux dit :

    Une petite précision : sur la carte premier joueur il y a les blasons des héros… qui figurent aussi sur leurs cartes… alors de fait le blason du prince noir est proche du blason du roi d’Angleterre (il était prince) tandis que celui de Du Guesclin est un aigle à 2 tête…

    Et pour les chateaux j’espère un jour sortir une version avec 6 chateaux différents et des dessins plus travaillés !… là pour des questions de budget et de droit à l’image je me suis contenté du seul chateau de Sarzay…

    Laurent Journaux

    • Arnaud dit :

      Salut Laurent, et merci pour ton commentaire ! Effectivement les blasons se trouvent sur les cartes des héros, mais c’est pas très intuitif 🙂

      On espère également que le jeu profite d’une édition plus « massive » et retrouver plus de châteaux sur les cartes.

      A bientôt !

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