[Test] Gold River, Western spaghettis
2-5 joueurs | Bruno Faidutti, Bruno Cathala | ||
8 ans | Jonathan aucomte | ||
35 minutes | Lumberjacks Studio | ||
Collection, enchères | Western | ||
13€50 chez et , 15€ chez , | et dans votre boutique de jeux favorite ! |
J’avoue, je suis passé à côté de Gold River début 2020 pour plusieurs raisons. Déjà je ne connaissais pas bien l’éditeur même si j’avais joué à la Petite Mort, et au FIJ, il était impossible de s’assoir sur le stand qui était pris d’assaut par les gens alors même que j’avais très envie de tester le jeu. J’ai tenté une bonne dizaine de fois de m’incruster à une table, mais ce fût un échec à chaque fois. Et puis il y a eu le confinement toussa. Et puis j’ai reçu Magic Rabbit dans un premier temps et Trek 12 dans un second. J’ai adoré ces deux jeu et là je me suis dit : » Ah oui ! Ces bûcherons font de sacrés jeux ! ». Alors je me suis souvenu de Gold River, et je me suis souvenu que j’ai tenté de le tester une bonne dizaine de fois à Cannes. Et puis je l’ai reçu et j’y ai joué, et j’ai aimé, et LumberJacks est devenu l’un de mes éditeurs préférés (voilà c’est dit, c’est lâché, je perds à cet instant tout objectivité).
Dans Gold River, on incarne des chercheurs d’or qui vont acheter des mines un peu comme dans Storage Wars mais façon colts et whisky. On ne sait pas vraiment ce qu’il y a dedans, ou plutôt si elle va être rentable mais on enchérit quand même parce que tout le monde la veut.
Un peu à la manière d’un Mini-ville (mais en mieux) on lancera des dés qui feront produire toutes les mines qui portent le même numéro que le résultat des dés. Alors il faudra acheter les bonnes mines et les bonnes cartes action pour être celui qui sera le plus riche à la fin.
Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?
- 38 cartes concession
- 25 cartes action
- 5 cartes maire
- 2 dés bûche
- 110 pions pépites
- 1 livret de règles
- 1 livret détail des cartes
Comment on joue à Gold River ?
La mise en place
Pour mettre en place Gold River, on commence par donner 15 pépites à tous les joueurs. On sépare les cartes maires qu’on place à portée de tous les joueurs. On mélange toutes les autres cartes. Les deux dés et les pépies sont placées à portée de tous les joueurs.
Le tour de jeu
Un tour de jeu se décompose en 5 phases (très courtes) :
- Pioche de cartes : On pioche N+1 cartes, N étant le nombre de joueurs autour de la table.
- Enchères : Le premier joueur ouvre les enchères et propose une somme en pépites. Dans l’ordre du tour, les joueurs surenchérissent ou passent définitivement pour le tour. Le dernier joueur qui n’a pas passé gagne l’enchère.
- Paiement : Le joueur qui a gagné l’enchère paie la somme qu’il a misé à son voisin de droite, qui en prélève la moitié et passe le reste au voisin de droite etc…
- Le choix des cartes : Le joueur qui a remporté l’enchère choisit en premier la carte qu’il veut puis c’est à son voisin de gauche, etc… jusqu’à ce que tout le monde ait pris une carte.
- De l’or : Le gagnant de l’enchère lance les dés et additionne les deux valeurs (de 1 à 4). Toutes les mines qui montrent le chiffre ainsi obtenu produisent un nombre de pépites égal à ce qui est montré sur l’illustration de la carte.
Les maires : Un joueur qui obtient 2 concessions de la même couleur ou plus devient maire de la ville. Chaque joueur qui prend une concession de cette ville doit dorénavant lui payer une pépite par carte de cette couleur que le maire possède. Le maire rapporte 5 points en fin de partie. Si à tout moment, un joueur égale ou dépasse le nombre de concessions du maire, il devient maire à sa place.
La fin du jeu
La partie de Gold River se termine lorsqu’il ne reste pas assez de cartes pour remplir la rivière de cartes. Chaque joueur compte ses pépites et ses cartes maires. Le joueur ayant le plus grand total est déclaré vainqueur.
Variante Poker
La plupart des cartes possèdent une symbole de carte à jouer dans un coin. A la fin de la partie, chaque joueur va tenter de faire la meilleure combinaison de poker. Celui qui y parvient gagne 10 points bonus. Ne jouez pas sans.
Est-ce que c’est bien ?
Ce que j’ai ❤️
- Les illustrations
- L’ambiance western
- Les enchères
- Les dés en forme de bûches
- La mécanique de Mini-ville remise au goût du jour
- Il y a un peu de « dans ta face »
- Les tours fluides et rapides
- Pas de cellophane autour de la boite neuve, merci pour la planète
Ce que j’ai 💔
- La boite un peu fragile
Design
J’aime beaucoup le design de Gold River ! Les illustrations de Jonathan Aucomte sont une nouvelle fois une totale réussite. Les couleurs sont bien tranchées et vives. Notez que le jeu est Daltonien friendly car les panneaux indiquant les couleurs des cartes ont des formes différentes.
Les dés en forme de bûches, s’ils sont déroutants au début sont plutôt sympa même si je doute de leur équilibrage. Un petit clin d’œil à l’éditeur c’est toujours sympa !
L’iconographie est claire et explicite, mais j’aurais aimé que les cartes actions comportent un descriptif dessus, au moins sous forme d’icône pour nous éviter le livret d’explication des cartes.
J’aime beaucoup le design de la boite de cette gamme de jeux. D’abord elle vient sans cellophane, ça c’est top et le fait d’ouvrir le battant et de découvrir le résumé du jeu, c’est super bien vu. Bon normalement je n’aime pas le jeux qui s’ouvrent en tiroir, mais ici la boite ne s’ouvre pas toute seule.
Dans l’ensemble, le jeu est agréable à regarder, donne envie d’y jouer et rend bien hommage au thème du jeu.
Qualité du matériel
La qualité de Gold River est plutôt bonne pour un jeu dans cette gamme de prix. Les jetons ont une épaisseur standard, les cartes sont un peu fines, mais comme on ne les manipule pas, ça passe. Les dés en bois sont de bonne qualité et l’impression est standard.
La finition de la boite laisse un peu désirer par contre et j’ai peur qu’elle s’abîme rapidement à force de la manipuler. Je tiens à préciser qu’il s’agit du premier jeu de la gamme. Le problème est réglé dans les opus plus récents de la gamme.
Dans l’ensemble, pour un jeu à 13 balles, le matériel est plus que correcte.
Thème
J’aime beaucoup les westerns et j’aime beaucoup les jeux qui se déroulent dans cet univers. On retrouve dans Gold River tous les codes des bons vieux westerns spaghettis (les duels mis à part). On est ici plus sur le versant chercheur d’or que desperados, indiens et shérifs, mais c’est ça aussi la conquête de l’Ouest la la ruée vers l’or, cet époque ou des villes poussaient comme des champignons en quelques jours et étaient désertées aussi vite une fois que les filons étaient épuisés. On peut d’ailleurs en visiter encore au Etats-Unis comme Animas Forks dans le Colorado, Rhyolite dans le Nevada ou la célébrissime Tombstone dans l’Arizona
L’une des premières ruées vers l’or a été celle de Géorgie dans les années 1830. Les premières mines n’ouvrirent vraiment qu’en 1829 et l’afflux de colons s’est matérialisé à l’automne 1829. La plus grande partie des colons est arrivée lors des années 1832 et 1833, à l’occasion de loteries permettant d’attribuer des terres. Les sites d’Auraria et Dahlonega en Géorgie se trouvaient sur le territoire des tribus d’indiens Cherokee, qui durent suivre la Piste des Larmes en 1838.
L’une des plus connues a été celle de Californie avec la découverte d’or à Sutter’s Mill (encore pour quelques mois sous la domination mexicaine). Grâce au télégraphe, la nouvelle se diffusa dans le monde entier assez rapidement. La ruée vers l’or de Californie attira des aventuriers du monde entier. Les Européens passaient par le cap Horn pour arriver à San Francisco six mois plus tard. Beaucoup de clippers (bateaux à voile) restèrent à quai et finirent par pourrir dans la baie de San Francisco. La ville quant à elle connut une croissance démographique très rapide. Rien qu’en 1848-1849, 76 tonnes d’or sont extraites en Californie. On estime cependant que seules 10 à 20 % des réserves d’or de Californie ont été exploitées. Mais cet or est enfoui profondément et son extraction serait trop onéreuse. La ruée vers l’or transforme radicalement la Californie : l’afflux de la population provoque une croissance extraordinaire. Une société nouvelle voit le jour, essentiellement masculine, jeune et cosmopolite. Ce qui n’empêche pas la xénophobie et les bagarres dans les camps de mineurs.
Très tôt, cette période de l’histoire américaine a inspiré le cinéma avec la Ruée vers l’Or de Charly Chaplin (1925) par exemple. C’est donc une partie importante de l’histoire des USA qui a façonné le paysage de l’Ouest et du Middle Ouest américain. On en retrouve encore les vestiges quand on visite les nombreuses villes fantômes ou les mines laissées à l’abandon et visitables dans quelques sites.
Alors le thème est ici assez bien rendu, et on le retrouve avec plaisir dans Gold River. Le western et la ruée vers l’or sont présents partout dans le jeu et on aurait bien du mal à trouver un autre thème qui irait aussi bien avec cette mécanique.
Mécanique
C’est le point fort de Gold River ! Le jeu renouvelle super bien la mécanique des enchères et de production de bâtiments avec des dés, qu’on a pu voir dans Mini Ville notamment. Ce que j’aime particulièrement c’est que les pépites servent à la fois de monnaie de jeu et de points de victoire. On a déjà vu ça dans Patchwork et j’aime beaucoup les jeux qui l’utilisent.
Du coup cela créé une tension permanente où il faut miser pas mal pour avoir les cartes qu’on veut, mais pas trop car si on se retrouve sur la paille, on n’a plus de points de victoire. Choisir les bonnes mines et les bonnes cartes action est primordial pour gagner.
Comme dans tous les jeux de ce type, la répartition des résultats de dés n’est pas uniforme et les chiffres du milieu (3-6) sortent plus souvent que les autres. Les mines montrant ces chiffres, sauf exemption ne rapportent donc pas beaucoup de pépites. Deux stratégies équivalentes émergent donc suite à ce constat : panacher les chiffres pour être sûr de gagner à tous les lancers de dés, mais on ne gagne pas beaucoup, ou se concentrer sur un ou deux chiffres pour maximiser les gains.
Ces deux stratégies se valent. Sachez que dans Gold River, il y a pas mal de « dans ta face », alors attention aux joueurs susceptibles. Bien sûr, vous aurez l’opportunité de négocier pour ne pas être la cible d’une vilaine action, car il y en a. Vous allez défausser des concessions, en voler, en prendre plus ou moins gratuitement, faire cracher les pépites aux gens.
En parlent de ça, le twist vraiment intéressant du jeu et le système de paiement. En effet, on paie à son voisin de gauche, qui paie le sien etc… Du coup si vous êtes à la gauche du meilleur enchérisseur, vous aurez intérêt à surenchérir sur lui pour lui faire cracher le plus de pépites possibles, qui reviendront pour moitié dans votre poche. De la même manière si vous êtes à la droite du meilleur enchérisseur, vous choisirez en deuxième. Cette mécanique de tours inversés peut amener pas mal de stratégie, est c’est vraiment intéressant de planifier ses tours en fonction de votre position par rapport au meilleur enchérisseur.
Dans l’ensemble, on s’amuse beaucoup en jouant à Gold River et on retrouve la patte de Bruno des Montagnes et de Bruno des plaines, un jeu à la mécanique simple, avec un thème fort et une certaine profondeur de jeu. Le duo des Brunos fait une nouvelle fois un carton plein.
Simplicité des règles
Les règles de Gold River sont très simples et le livret est assez bien fait. Un livret supplémentaire détaillant les cartes qui ont un effet particulier est le bienvenue, rien n’étant indiqué sur les cartes (dommage). Ces cartes sont heureusement faciles à retenir et après quelques parties, on n’a plus besoin d’aucun des livrets. Le jeu est adapté à un public familial et on le sortira le dimanche avec les parents, beaux-parents et enfants.
Mise en place / Rangement
Il y a peu d’éléments différents dans Gold River, aussi le jeu s’installe en quelques minutes et se range en quelques secondes.
Conclusion
Gold River est un excellent jeu d’enchères et de collection avec une mécanique très bien remise au goût du jour par les deux Brunos ludiques. Les dessins de Jonathan Aucomte servent un thème fort sympathique. Le premier jeu de la gamme Coffee Break marque le début d’une gamme riche et de qualité. Si vous cherchez un jeu d’enchères tendu avec un peu d’affrontement et de coups fourrés; vous serez séduits par Gold River.
Testeurs : Arnaud, Carole, Baptiste, Auriane
Avis rapides des testeurs :
Baptiste : Le concept est ludique mais le serait encore plus en augmentant le nombre de joueurs (5+). Les phases d’enchères gagneraient en challenge !
Auriane : Le thème Western est cool mais j’ai trouvé que la partie fut trop courte. Nous avons à peine eu le temps de déployer une stratégie.
Source : Wikipédia