[Sous le radar] Boss Quest, combats et coups bas dans un blackjack à la sauce RPG des 90’s
La série [Sous le radar].
Certains titres connaissent le succès quasi immédiat, d’autres, malgré une ligne éditoriale travaillée, une mécanique novatrice ou éprouvée et/ou une direction artistique pourtant léchée passent plutôt inaperçus, sous le radar en somme. La série ‘sous le radar’ se veut donc être une sorte de réhabilitation de quelques titres accessibles, de préférence encore disponibles dans de nombreuses boutiques, sortis depuis un temps encore raisonnable. Un avis très personnel bien sûr. En espérant que cette série vous donne envie de leur (re)donner une vie ludique aussi digne qu’elle le mérite !
2-5 joueurs | Christophe Lauras | ||
8 ans et + (voire 7 ans) | Christina Weinman | ||
20 minutes | Débâcle Jeux | ||
Stop ou encore, prise de risque, bluff, affrontement | Médiéval, RPG, heroïc fantasy | ||
18,90 € chez Philibert | Ou dans votre boutique de jeux favorite |
Boss Quest ? Un univers heroïc fantasy rétro gaming dans le style des RPG (Roll Playing Game) des années 90 qui mêle avec élégance humour décalé et labrys – vous savez cette hache à double tranchant utilisée depuis au moins l’âge du bronze ! Car Boss Quest fait bien le grand écart entre des références au monde du jeu vidéo pixelisé et un humour potache med fan (médiéval fantastique) clairement assumé. Entre hommage et parodie. Alors soit visuellement vous serez limite en crise nostalgique vous rappelant vos interminables parties de Baldur’s Gate sur votre PC tournant à peine sous Windows 3.1, soit vous n’aimez pas ou ne connaissez pas les RPG car, né dans les années 2000 tout ce qui est avant est has been ; et là vous vous direz alors « c’est quoi ce truc ? ».
Bon, le principe du RPG : prendre en main un héros qui devait battre différents boss jusqu’à parvenir à sauver la princesse (et pas que Zelda). Une sorte de dungeon crawler quoi. Eh bien c’est exactement ce que vous devrez faire dans Boss Quest ! Et comme tout héros digne de ce nom, un petit passage chez l’armurier puis chez le magicien ne vous fera pas de mal.
Et le principe ? Un blackjack revisité – ou si vous voulez un bon stop ou encore – mais avec le passage chez le magicien qui changera la donne plus d’une fois.
Boss Quest, un premier jeu édité par Débâcle jeux en 2019 et d’abord financé à 386 % sur Ulule et dont l’auteur ne vous est peut-être pas inconnu puisqu’il s’agit de Christophe Lauras à qui l’on doit Trôl et Zombie Bus.
Boss Quest, un jeu où vous aurez à bien doser votre force et user à bon escient d’un peu de magie pour modifier subtilement les conditions du combat et gagner la partie.
Et la mécanique principale ? Vous allez demander à chaque tour à votre armurier, 1 à 4 cartes sur lesquelles sont représentées des armes avec des points de forces. Le total de ces points doit se rapprocher au plus près des points de victoire du boss sans le dépasser. Si le total de vos forces vous convient, rendez-vous chez le magicien pour éventuellement modifier « astucieusement » les conditions de victoire de la manche, ce qui pourra être fatidique pour certains…
Un bon petit jeu ou même le plus jeune de la famille pourra délivrer la princesse….
Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?
- 8 cartes Boss (140 x 89 mm),
- 35 cartes Arme,
- 23 cartes Sort,
- 20 jetons Cœur,
- 20 jetons Clef,
- 1 carte Princesse/Prince,
- 1 carte Magicien,
- 6 pions Chevalier,
- 6 aides de jeu,
- 1 livret de règle du jeu,
- 4 extensions de jeu,
- Modes de jeu alternatifs,
- 1 règle du jeu.
Comment on joue à Boss Quest ?
Mise en place :
Chaque joueur choisit un pion chevalier et reçoit 3 jetons cœur. On place au milieu la carte magicien accompagnée de 4 cartes Sort révélées et une qui restera cachée. On mélange la pioche des armes et celle des boss (ce sont les monstres à vaincre). On retourne le premier boss et on donne le paquet de cartes Arme à l’armurier.
Déroulement d’une manche :
En début de chaque manche, l’Armurier (bon n’allez pas en chercher un exprès) distribue à chacun une carte face cachée et une face visible. Chaque joueur regarde discrètement sa carte cachée et additionne sa force attaque (notée sur la carte entre 1 et 7) avec sa carte visible. Il la compare avec celle du boss, et peut à son tour soit
- Redemander des cartes à l’armurier pour compléter son équipement et tenter de parvenir au plus près des points de vie (PV) du boss (sans jamais les dépasser en fin de manche). Pour cela, il doit annoncer clairement à son tour le nombre de cartes qu’il souhaite recevoir.
- Estimer que sa force d’attaque est suffisante et se rendre définitivement chez le magicien. Chez le magicien, les prétendants peuvent utiliser ou écarter du jeu un des sorts disponibles qui modifie subtilement les conditions de jeu.
C’est bien cette étape qui va rendre le jeu différent d’un simple blackjack et qui va rajouter une dose de fourberies très sympa. En effet ces sorts (différents à chaque manches) peuvent par exemple augmenter ou diminuer les PV du monstre ou la force d’attaque d’un des joueurs de son choix. Donc même si on dépasse les PV avec nos cartes Arme, il est toujours possible de redresser la situation. Certains sorts permettent également d’échanger des cartes de sa main, de rajouter des conditions de victoire et d’amener d’autres modifications toujours bien dosées. Précisons qu’en début de manche, il y a 4 cartes Sort visible et une face cachée que l’on peut activer mais sans en connaitre les conséquences (c’est la carte de la dernière chance que l’on active lorsque l’on est sûr d’avoir perdu…)
Les sorts visibles influent largement sur les stratégies de chacun. Ils ne sont utilisable qu’une seule fois. C’est donc le premier qui va chez le magicien qui pourra activer son effet ou l’écarter du jeu (s’il le considère néfaste dans sa quête)
Fin de la manche :
On compare les forces d’attaque de tous les joueurs. Celui qui a le score le proche du boss (après avoir pris en compte les effets des sorts activés) gagne une clé. Ceux qui ont un score identique au boss reçoivent deux clés. Ceux qui ont un score supérieur perdent un de leur cœur.
Fin de partie :
La partie s’arrête lorsqu’un joueur a gagné 5 clés ou perdu tous ses cœurs. Dans tous les cas c’est celui qui possède le plus de clés qui gagne la partie.
Dans cette boîte de jeu sont présentes des extensions qui rajoutent encore plus de peps aux parties.
On y trouvera également une Quête Solo dans laquelle vous devrez affronter des vagues de Boss et optimiser vos tirages pour survivre jusqu’au Boss Final.
Est-ce que c’est bien ?
Ce que j’ai ❤️
- La mécanique des blackjack ou de stop ou encore très bien travaillées. Une revisite réussie.
- Un jeu dynamique, nerveux, fun.
- Les cartes Boss superbes, grandes et très classes.
- Les nombreux rebondissements qui procurent de bonnes sensations et qu’il ne faut absolument pas laisser transparaitre, bien sur !
- Un jeu facile à prendre en main : Les règles sont simples et très accessibles avec un livret clair d’excellente qualité tout comme les aides de jeu
- Les armes parfois loufoques et drôles pour aller au combat
- Les petites tensions au cours du jeu qui laissent une large place à l’amusement en fin de partie (même en cas de défaite)
- Les effets des sorts bien trouvés et subtilement dosés
- Un adversaire qui active un dernier sort … et qui me fait gagner la partie in extremis, ça c’est excellent
- Cogiter autant avec seulement deux cartes car c’est un jeu à la résolution très incertaine et aux choix cornéliens
- Des parties pas trop longues (idéal en famille ou entre amis pour se détendre), vous pouvez même diminuer la durée de la partie en baissant le nombre de clés à posséder. Ca ne change rien
- Des parties très variées grâce aux nombreuses extensions qui viennent pimenter astucieusement les parties.
- Les pleurs des plus petits lorsque on active une carte « moins deux » pour le Boss, alors qu’ils avaient un total de force identique aux PV du boss (quelle déception !) et juste après, leur joie quand ils retournent le sort caché qui permet de retirer deux forces à son chevalier et donc de rétablir l’égalité et de gagner la manche….. Donc l’incertitude de la révélation finale !
- De l’interaction
- Un équilibre entre hasard, stratégie et bluff.
Ce que j’ai 💔
- Je cherche, peut-être trop d’aléatoire à 5 et 6….mais bon on s’éclate quand même, c’est fun.
- Sinon les impondérables : le hasard évidemment qui ne plait pas à tout le monde.
- Le parti pris graphique qui pourrait rebuter ou qui passe crème …
- Autant l’avouer : votre victoire viendra parfois d’un pur coup de bol bien plus qu’à votre capacité à compter les cartes. Les joueurs les plus tatillons seront donc farouchement opposés à cette vision du jeu, très éloignée de leurs certitudes mathématiques.
Design
Les graphismes sont donc très « stylés » et collent parfaitement au thème. Et forcément on est entre le jeu de rôle et les jeux vidéo des années 90. Les cartes boss sont grandes et très soignées.
En revanche les cartes Arme sont d’un design un peu sobre ; certaines auraient pu être illustrées avec beaucoup plus de fun pour accentuer le côté décalé.
Qualité du matériel
La boite et les cartes sont de bonne facture, on distingue bien les différentes catégories entre elles car elles n’ont pas les mêmes dimensions ce qui les rend facile à trier (c’est un vrai plus).
L’éditeur a été généreux sur la taille et la qualité des cartes boss ainsi que sur les socles des chevaliers, larges, solides et transparents, qui amènent une grande classe aux chevaliers sur ma table ronde… Bon certains préféreront des figurines, c’est évident, mais là on n’est plus sur le même coût, et ce n’est « qu’un jeu de cartes » tout de même.
Thème
Le thème RPG des années 90 surtout son aspect affrontement du boss de fin de niveau est assez bien exploité même si on oublie un peu la princesse pour s’attacher surtout aux PV du Boss et aux sortilèges disponibles.
Mini flashback sur ce qu’est le RPG :
Role Playing Game : un RPG est un jeu de rôle dans lequel le joueurs incarne un personnage qu’il fera évoluer au cour du temps. Les RPG sont basés sur un système de points et de niveau d’expérience. En augmentant son expérience (en combattant, effectuant des quêtes), le personnage pourra monter de niveau et devenir plus fort.
Futura-sciances.com
On peut parler de RPG occidental et RPG Japonais. Le jeu de rôle occidental apparaît sur les premiers systèmes informatiques (Apple II, Commodore 64, Atari…) au début des années 1980 avec le début de séries américaines telles que Ultima (considéré comme l’un des premiers succès du jeu de rôle). La divergence entre le RPG japonais et le RPG occidental a lieu à partir de la 3e génération de console de jeux vidéos bien que les premier RPG nippons Dragon Quest et Final Fantasy soient inspirés des jeux Ultima et Wisardry. Les RPG occidentaux sont principalement édités sur ordinateur alors que les JRPG le sont principalement sur consoles, jusqu’à la 7e génération.
Wikipedia.org
Mécanique
Le principe du stop ou encore est ici accentué par une prise de risque liée au nombre de cartes que l’on demande à l’armurier à notre tour de jeu. Faut-il demander beaucoup d’armes afin de se rendre vite chez le magicien et bénéficier du choix des sorts ? Ou est-il plus malin de recevoir les cartes une à une afin de ne pas dépasser le total autorisé ?
Il vous faudra également tenter de déduire ce que les autres possèdent comme arme cachée ; c’est vrai que si un joueur demande 3 cartes à l’armurier, on peut en déduire que la carte cachée est de faible valeur….
Les extensions ingénieuses de cette boite amènent de nouvelles armes, de nouveaux sorts et même des pouvoirs permanents ou ponctuel pour chacun des joueurs. Je vous laisse les découvrir…
Tout cela s’enchaine superbement bien dans une ambiance très agréable où l’on aime se taquiner un petit peu mais pas trop.
Mais alors y-a-t-il trop de hasard ? Non, en général on ne gagne pas par hasard à Boss Quest, loin de là. Il est cependant clairement nécessaire de prendre le temps de regarder avec attention la liste des sorts disponibles pour le Boss avant même de demander sa première carte, histoire de savoir ce que l’on risque de subir plus tard et donc de l’anticiper autant que faire se peut. Alors oui vous perdrez parfois de manière brutale mais rarement de manière totalement injuste. L’inconnue, la vraie, c’est que vous ne savez pas quel joueur va prendre tel ou tel sort, ni s’il va le jouer ou le défausser. À vous d’intégrer ces variables et d’adapter votre jeu en conséquence.
Ce qui manque : des pouvoirs pour le boss ; ce serait pas mal non ?
Simplicité des règles
Les règles sont claires et compréhensibles, très bien expliquées, dans un beau livret de jeu. Les aides de jeux sont très utiles.
Mise en place / Rangement
La mise en place est ultra rapide, les cartes n’ayant pas la même taille entre les Boss, les carte Arme et les sortilèges. Les personnages, une fois montés, se rangent sans soucis.
Conclusion
Boss Quest est une réussite. Un jeu qui exploite magnifiquement bien le principe du Blackjack – ou stop ou encore – en le pimentant très habilement de différents sorts dans une ambiance un peu décalé, loufoque et bazardoïdesque ; ce qui est vraiment intéressant ce sont les nombreuses extensions à intégrer rapidement qui amènent de nouvelles interactions sympas et très variées. Boss Quest a l’intelligence de déplacer l’essence du Blackjack vers la gestion d’effets secondaires à maîtriser tant bien que mal. Les joueurs stratèges pourront s’approcher de l’objectif mais le bluff et le hasard, ainsi que l’activation ou non de certains sorts ne vous donnera jamais la certitude de la victoire. Dans tous les cas, les manches jouées vous assureront une bonne dose d’amusement au moment de dévoiler les cartes secrètes et d’aller combattre le boss.
Il me semble que les enfants de 7 ans peuvent déjà tenter d’aller délivrer la princesse. Au pire, il suffit de s’entrainer en mode blackjack sans les sorts et après de s’y mettre d’une manière plus complète.
Voici donc un très bon jeu familial, de très bonne qualité, rapide, ingénieux, fluide, dans lequel vous pourrez profiter de quatre généreuses extensions qui amènent énormément de variété …. Alors oui un jeu avec une base archi connue et pour certains les revisites ne plaisent pas toujours. Mais nous on adore. Un jeu qui vous permettra ainsi de titiller encore un peu plus vos adversaires. A partager sans modération entre amis et entre générations.
On aurait sans doute aussi apprécié que le jeu franchisse davantage encore la frontière de ses propres références et aille plus loin encore dans le délire vidéoludique mais peut-être qu’une seconde édition est déjà en préparation …
Testeurs : Fab, Jules, Val’, Emmie