[Test] It’s a Wonderful Kingdom, Mon beau royaume
2 joueurs | Frédéric Guérard | ||
14 ans | Anthony Wolff | ||
45 minutes | La Boite De Jeu, Origames | ||
Draft, collection, moteur de ressources | Blackrock Games | ||
Janvier 2022 | Médiéval fantastique | ||
29€50 chez | et dans |
It’s a Wonderful World est un de mes jeux préférés. C’est aussi un des premiers jeux que j’ai chroniqué, à l’époque où le blog n’était pas encore sous sa forme actuelle. Ça été pour moi un vrai coup de cœur et quand La Boite de Jeu a annoncé It’s a wonderful Kingdom qui reprend les bases de son aîné mais pour 2 joueurs exclusivement, j’ai été très intéressé !
Alors bien sûr j’ai pledgé le kickstarter. La mécanique d’It’s a Wonderful World marchait pas mal à deux, mais le jeu est clairement fait pour être joué à plus. Un jeu à deux uniquement était donc quasi obligatoire.
Mais comment adapter un jeu de draft (qui demande plus que deux joueurs pour être efficace) à un jeu en duo ? C’est sans doute la question que s’est posé Frederic Guérard, l’auteur des deux opus.
Financé sur Kickstarter le 06 mai 2021, It’s a Wonderful Kingdom a réuni 494 751 € pour 35 000 € demandés et 8 427 contributeurs. La version testée est la version deluxe appelée Legendes mais je ne vous parlerai ici que de la version trouvable en boutique.
Voici la différence entre les deux modules :
Dans It’s a Wonderful Kingdom, le roi est mort laissant le trône vacant. Les ducs influents que représentent les joueurs vont devoir développer au mieux leur duché pour pouvoir prétendre à monter sur le trône.
It’s a Wonderful Kingdom introduit une version du draft original, particulièrement bien adapté à deux joueurs. Ceux ci vont récupérer des cartes, en construire certaines, en vendre d’autres pour construire un moteur de ressources et de points de victoire.
Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?
- 1 plateau de production
- 2 cartes duché double face
- 4 jetons piège
- 85 cartes (67 cartes développement, 10 cartes trésor, 8 cartes calamité)
- 90 cubes de ressources
- 30 jetons soldats
- 1 jeton compte tour
- 1 ardoise de score et son marqueur
- 3 modules
- 26 cartes menace
- 4 jetons voleur
Comment on joue à It’s a Wonderful Kingdom ?
La mise en place
On commence par placer le plateau au centre de la table. Chaque joueur choisit une carte duché et prend deux jetons piège. On place le jeton manche sur la 1ère manche.
Les joueurs placent leur jetons piège sur la face active devant eux.
On place les ressources sur le plateau à l’endroit dédié (cubes et jetons soldats).
On mélange toutes les cartes développement qu’on place en pioche et chaque joueur reçoit 7 cartes. Le jeton manche indique quel joueur est le 1er joueur de cette manche.
Le tour de jeu
Chaque manche se déroule en 3 phases :
- Phase de choix : Le premier joueur commence par poser deux cartes : Dans la zone de proposition 1 ou dans la zone de proposition 2 ou 1 carte dans chaque. Puis l’autre joueur choisit une zone de proposition et récupère toutes les cartes qui s’y trouvent. Il pose alors 2 cartes dans la/les zones de proposition de son choix. Un joueur peut jouer une carte face cachée en retournant un jeton piège (2 fois par manche). Les joueurs alternent ainsi jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de cartes en main.
- Phase de Planification : Avec les cartes récupérées dans la phase précédente, les joueurs décident de ce qu’ils veulent faire :
- Mettre la carte en construction. On pourra y placer des cubes de ressources. Une carte sur laquelle tous les cubes de ressources ont été posés est terminée et doit être placée au dessus de la carte duché. Elle pourra produire immédiatement.
- Recycler la carte pour gagner la ressource de recyclage. La ressource est immédiatement placée sur une carte en construction ou sur la carte duché s’il n’y a pas d’emplacement disponible.
- Phase de production : Les joueurs produisent les ressources présentes sur les cartes construites (au dessus du duché) dans l’ordre :
- Ressources grises
- Ressources roses
- Ressources jaunes
- Ressources bleues
Le joueur qui produit le plus de chacune des ressources pose un jeton soldat sur la zone d’entrainement du plateau. La prochaine fois qu’il déclenche une suprématie, il récupère le jeton.
Les ressources produites pendant la phase de production sont placées sur les cartes en construction ou sur la carte duché et si une carte est complétée, elle est immédiatement construite et peut produire immédiatement une ressource qui n’a pas encore été produite ce tour.
Les cartes calamités doivent être placées à part et ne pourront s’enlever que sous certaines conditions.
La fin de partie
On joue 4 manches, et on compte les points.
Ils se trouvent :
- Sur les cartes construites (points bruts)
- Sur des multiplicateurs ( N points x cartes bleues par exemple)
- Les points négatif des calamités
- Certains modules
Celui qui en a le plus gagne la partie
Les modules
Les joueurs se mettent d’accord pour ajouter un et un seul module au jeu.
- Menace : On enlève les calamités et on donne un ensemble de cartes menace à chaque joueur. Chaque menace fonctionne différemment. Ce module ajoute de l’interaction entre les joueurs.
- Conseillers : On retire les trésors des cartes développement. On créé une pioche de cartes conseillers et chaque joueur en pioche 2 pour n’en choisir qu’un. Les autres sont mélangés dans la pioche de développement. Les conseillers donnent des pouvoirs au joueurs et permet l’échange de jetons soldats.
- Quête : Poser le plateau quête à côté du plateau principal. Les joueurs peuvent accomplir chacune des quêtes une fois dans l’ordre qu’ils veulent. Par contre, pour prétendre à la victoire, il faut avoir réalisé la quête tout à droite avant la fin de la 4ième manche. Accomplir une quête nécessite de payer des ressources et en donne en échange.
Est-ce que c’est bien ?
Ce que j’ai ❤️
- Un jeu duo seulement
- Des illustrations magnifiques !
- Un matos de très bonne qualité
- Le plateau de score effaçable
- Le système de draft très bien pensé qui donne l’occasion de bluffer
- On retrouve bien les mécaniques d’It’s a Wonderful World
- Des parties pas trop longues…
Ce que j’ai 💔
- … Mais on aimerait continuer au delà de la 4ième manche
- Le jeton de manche un peu cheap
- Ne pas pouvoir utiliser plusieurs modules en même temps
- Les soldats qu’on récupère en deux temps lors d’une suprématie
- Que 2 duchés différents dans la boite boutique, 3 dans la version Légends
Design
Les design d’It’s a Wonderful Kingdom est une merveille !
Les cartes sont richement illustrées avec des dessins de toutes beauté. C’est le même illustrateur que pour It’s a Wonderful World et j’avais déjà été impressionné par les illustrations à l’époque. Je trouve que les cartes sont encore plus belles qu’à l’époque, chaque illustration est détaillée et montre bien ce que veut dire la carte.
Les autres éléments de jeu sont également très bien illustrés comme les plateaux quêtes et même le plateau central. Les zones de ce plateau sont bien délimitées même si les cases manches sont un peu discrètes et se noient dans la masse.
Les cubes ressources sont similaires à ceux de son ainé et sont très jolis. Ils sont translucides (sauf pour les cubes gris, dommage).
Je dois quand même mettre un bémol sur les pions compte tour qui dénotent beaucoup du reste et qui sont de bêtes pions triangulaires verts. Au début j’ai même cru que c’était un de ces jetons qu’on trouve pour combler la place perdue sur les punch board et j’ai failli les jeter !
L’iconographie est plutôt facile à comprendre, même s’il faut bien se référer au livret pour les cartes menaces dont le fonctionnement n’est pas complètement expliqué sur les cartes.
Dans l’ensemble, je trouve It’s a Wonderful Kingdom magnifique ! Il régale les yeux et on prend plaisir à regarder toutes les cartes avant de s’intéresser à leur effet.
Qualité du matériel
La qualité du matériel d’It’s a Wonderful Kingdom est très bonne compte tenu du prix du jeu.
Les cartes ne sont pas toilées mais ont une bonne épaisseur.
Les jetons en cartons sont également de la bonne épaisseur et les cubes en plastique translucides sont de bonne facture.
Le plateau est bien rigide et épais, il semble durable.
En revanche les plateaux quêtes sont de simples cartes de taille géantes, j’aurais apprécié un vrai plateau en carton.
Globalement, on est très satisfait de la qualité du matériel d’It’s a Wonderful Kingdom.
Thème
Pour ceux qui trouvaient It’s a Wonderful World froid avec un thème léger et qui ne raconte pas d’histoire, c’est un peu la même chose ici. Malgré tout, je trouve le thème un tout petit peu plus présent avec le module quête et le module menace.
Mais le jeu a le même défaut que son ainé : on finit par ne plus faire attention aux cartes pour se concentrer sur les ressources qu’elle contiennent. D’ailleurs on ne mentionne jamais en jouant le vrai nom des ressources et les vraies catégories de cartes, on se contente de les appeler par leur couleur.
Le thème n’est qu’un très joli habillage d’un jeu qui se révèlera très mécanique.
On aurait très bien pu reprendre le thème d’It’s a Wonderful World, cela ne m’aurait pas dérangé même si le choix de changer pour passer à du médiéval très légèrement fantastique est compréhensible pour bien distinguer les deux jeux.
Ceci dit, on aime bien quand même ce qui nous est présenté et pour qui s’attarde un peu sur ce qui est présenté dans les cartes, et les divers modules, on apprécie le nom des cartes et les petites scènes de vie, de batailles ou de paysages qu’elle suggèrent. Au joueur de s’imaginer ensuite le duché qu’il est en train de construire.
Mécanique
C’est le gros point fort d’It’s a Wonderful Kingdom ! Il fallait trouver un système de draft qui fonctionne bien à deux joueurs. Celui d’It’s a Wonderful World fonctionnait pas mal, mais c’était du bricolage.
L’auteur a sans doute trouvé le meilleur système. On continue à se passer les cartes comme dans un draft, mais le fait de prendre toutes les cartes d’une des deux zones et ensuite de reposer deux cartes dans une zone ou en panachant dans chaque zone a plusieurs avantages.
Déjà, on sait où l’on en est et où on va. Je trouve que dans le jeux de drafts, surtout quand on est beaucoup de joueurs, on perd très vitre de fil des cartes présentes dans chacune des mains. Alors prendre ce qui nous intéresse sans donner aux autres les cartes qu’ils veulent relève d’un défi que j’ai du mal à relever.
Ici, tout est à la vue des deux joueurs, sauf les cartes cachées par les jetons pièges. Alors on sait ce qu’on donne potentiellement et on sait ce qu’on va récupérer, tout est limpide.
Mais ce serait vraiment monotone sans ces fameux jetons piège qui font tout le sel du jeu. Vous voulez refiler une calamité à l’autre ? Cachez-la. Vous voulez une super carte de votre main ? Cachez-la ou mettez-la à côté d’une carte cachée. Faites les deux dans la partie et votre adversaire ne saura jamais ce qui se cache derrière une de vos cartes cachées et il hésitera toujours avant d’en prendre une.
S’engage alors une véritable guerre des nerfs avec votre adversaire où vous tenterez de conserver les bonnes cartes de votre main et piquer celles de votre adversaire. Dans It’s a Wonderful Kingdom, il va falloir bluffer, il va falloir manipuler votre adversaire pour qu’il vous laisse choisir les cartes que vous voulez et non pas celles qu’il veut que vous preniez.
Vous voulez une carte à tout prix ? Mettez une carte qui intéresse votre adversaire dans l’autre zone de choix. Si elle est accompagnée d’autres cartes, il la prendra. Si la carte est vraiment bonne, vous pourrez même lui refiler une de vos calamités avec.
Une autre façon de récupérer une bonne carte, c’est de la mettre avec une calamité face visible. Vous devrez la subir, mais vous prendrez votre carte et parfois le sacrifice vaut le détour, d’autant plus si vous avez de quoi vous en débarrasser par la suite.
Il existe plein de stratégie différentes pour conserver les cartes intéressantes que vous avez pioché, mais il est vrai que vous n’êtes jamais sûr d’y arriver, comme dans un jeu de draft classique. Je dirais que c’est encore moins sûr ici.
Une autre façon de bien embêter votre adversaire, c’est de profiter qu’une des zones soit vide pour mettre vos deux cartes (avec une calamité bien sûr) sur la zone qui a des cartes. Votre adversaire aura alors le douloureux choix de prendre les cartes avec la calamité ou de ne rien prendre.
Et ne rien prendre dans It’s a Wonderful Kingdom est assez pénalisant car plus vous construisez de cartes, plus vous avez de points et plus vous prenez de cartes, plus vous aurez de ressources potentielles pour construire celles qui vous donne des points.
La frontière entre avoir trop de cartes en construction et celle où vous avez le bon nombre est très fine et c’est la clef du jeu. Finir la partie avec des cartes non construites, c’est des ressources perdues. Finir la partie avec des ressources non utilisées sur votre cartes duché, c’est des ressources perdues. Finir la partie avec des jetons soldats, c’est des ressources perdues.
La partie idéale, c’est finir la partie avec toutes vos cartes construites et plus aucune ressource qui vous reste. Vous aurez alors rentabilisé tous vos tours.
Parce que 4 manches, c’est à la fois assez long, mais terriblement court à la fois. Souvent, on se retrouve à se dire qu’on aurait bien eu besoin d’une manche ou deux de plus pour arriver à nos fins.
It’s a Wonderful Kingdom demande un timing assez précis pour construire vos cartes. Un développement qui est construit avant la phase de production sera tout de suite rentabilisé. Attachez vous à les construire tout de suite, si possible pendant la phase de planification. Une carte produisant des ressources grises construite à l’étape de production bleue produira un tour de moins, c’est autant de ressources perdues.
Les cartes ne donnant que des points de victoires doivent être réservées pour la fin de partie, puisque ne produisant pas de ressources, c’est moins pressé de les construire.
Ne négligez pas les cartes donnant des jetons soldats. Ils servent dans beaucoup de situations, en premier lieu pour annuler des menaces ou remplir des quêtes.
Alors It’s a Wonderful Kingdom est un jeu à la fois simple d’accès pour sa mécanique, mais à la fois très profond et très exigeant, ce qui pourrait perdre les nouveaux joueurs.
It’s a Wonderful Kingdom présente une belle courbe de progression et un joueur expérimenté gagnera presque toujours face à un joueur débutant.
Par contre je trouve que l’impossibilité de mettre plusieurs modules dans sa partie est dommage. Je comprend bien que mélanger les menaces et les quêtes, c’est difficile puisque les 3 modules demandent des jetons soldats pour les faire fonctionner et qu’avec plusieurs modules, on ne peut pas produire suffisamment de soldats pour tout gérer.
Parce que finalement, on se retrouve à préférer un module aux autres et à ne jouer qu’à celui là, délaissant les autres.
Par contre, ce qui est bien, c’est qu’on a pas mal de renouvellement de parties en gardant la même base de mécanique. Vous commencez à vous ennuyer sur un module, changez-le et c’est reparti comme en l’an 40.
On aime beaucoup jouer à It’s a Wonderful Kingdom, à la limite je préfère celui là à It’s a Wonderful World. En tout cas, le système de draft me convient mieux, il est plus limpide et plus stratégique.
Simplicité des règles
Les règles d‘It’s a Wonderful Kingdom sont assez simples et accessibles grâce à un livret plutôt bien fait. Mais le jeux n’est pas fait pour les débutants au regard de la profondeur de jeu, des stratégies à mettre en place et de la programmation à prévoir.
Le système de draft d’It’s a Wonderful Kingdom déroutera sans doute les vieux briscards du draft, mais on s’y habitue assez vite.
Les différents modules n’ont pas tous la même complexité et la même interaction entre les joueurs, tout est précisé dans les règles.
Mise en place / Rangement
Je ne vais pas évaluer cet item pour une raison très simple, je n’ai que la version Legends d’It’s a Wonderful Kingdom qui propose des boites et des coupelles pour les ressources, ce qui facilite et accélère grandement la mise en place du jeu.
En revanche, la place qu’occupe le jeu sur la table est assez réduite, vous pourrez y jouer sur une petite table.
Le plus compliqué sera finalement de mélanger le très gros paquet de cartes développement (comme pour It’s a Wonderful World)
Conclusion
It’s a Wonderful Kingdom est un excellent jeu pour deux, mélangeant un système de draft original et efficace à de la collection, de la programmation et de la gestion de ressources. Destiné à des joueurs expérimentés, le jeu intéressera surtout les joueurs qui aiment se creuser la tête, mettre en place des stratégies sur plusieurs tours et qui ne sont pas très attachés au thème. En effet, celui-ci n’est pas très présent outre les magnifiques illustrations. It’s a Wonderful Kingdom est assurément un jeu qu’il faut avoir dans sa ludothèque. C’est un de rares jeux pour deux vraiment experts, sa mécanique étant originale, déroutante, exigeante.
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