[Le point sur les J] Le roll and write est-il toujours à la mode ?

Station Millenium est une radio associative basée à Trégastel en Bretagne. Elle propose sous la houlette de Matthieu Dupuis, l’émission C’Ludik consacrée aux de jeux de société.

Ludovic Chatillon, chroniqueur sur UnDéCent, y fait une intervention dans « Le Point sur les J ».

Oscillant entre point de vue éclairé, billet d’humeur, édito, et mise au point, cette émission vous est proposée dans cet article.

Bonne lecture ludique !

Pour écouter le podcast cette émission de C’Ludik, c’est par ici => https://www.station-millenium.com/replays/gangs-of-kyoto-le-point-sur-les-j/

C’est quoi la mécanique appelée « Roll & write » ?

Selon le blog du site Philibert, un Roll & write c’est littéralement « Roule et écrit », le principe est simple : on fait rouler les dés, on obtient un résultat et on le retranscrit sur une feuille ou un autre support. Vous avez très certainement déjà joué à un « Roll & Write » (voix de Google), car l’un des jeux les plus populaires qui utilise cette mécanique n’est autre que le Yam’s ou Yahtzee.

La famille des Roll&Write s’est agrandie depuis leur renaissance et la sortie du jeu Welcome To Your Perfect Home de Benoit Turpin, sorti chez l’éditeur Blue Cocker en 2018 et ses déclinaisons futures.

6 ans, 6 ans qu’on assiste à une espèce de revival de cette mécanique de jeu, qui avant n’était pas si développée que ça dans l’univers ludique moderne.

Ce qui est tout de même cocasse c’est que Welcome utilise la mécanique du Flip & write, et non du Roll&Write, effectivement pour la petite histoire les dés ont été remplacés par des cartes pendant l’un des nombreux tests du proto du côté de Toulouse.

La grande mode du R&W

On peut donc effectivement affirmer qu’il y a ou il y a eu une mode du jeu Roll&Write et de l’ensemble des mécaniques qui en découle comme :

• Le Flip & write (Cartographers chez Intrafin Games)

• Le Roll & write (Très fûté chez Schmidt Spiele)

• Le Pitch & write (Sonora chez Pandasaurus Games). Avec « pitch » comme pichenette.

• Le Call & write (Colorado chez Sylex). « Call » pour appeler. Car on y appelle les cartes.

• Le Draft & write (Rivages chez Catch Up Games). « Draft » pour la mécanique de faire passer des cartes pour dessiner sur une carte géographique.

La décrue après la grande crue

Selon le site Board Game Geek, entre 2018 et maintenant, en 2024, près de 1 800 jeux avec une mécanique de truc & write, extensions comprises sont sortis sur le marché, soit une moyenne de 300 jeux/an, dont 269 en 2023.

En France on remarque que chaque éditeur en est allé de son petit jeu, avec souvent une déclinaison particulière, comme s’il en fallait un pour rester dans la course.

• Marabunta chez Space Cowboys,

• Dungeons, Dice & Danger chez Ravensburger,

• Point City chez Gigamic,

• Get on Board chez Iello,

• Lanterns Dice chez Matagot,

• Paper Dungeons chez Super Meeple,

• Trek 12 chez Lumberjack Studio,

• Demeter chez Sorry We Are French,

• Look for the stars chez Bombyx,

• Roule Tampouille chez Space Cow….

Qu’est-ce qui plait tant dans le R&W ?

Alors les éditeurs répondent à une demande du marché ou bien c’est l’inverse et ce sont les créateurs qui dans leur travail, inspirés des jeux qui sortent et auxquels ils jouent qui ne font que proposer ce genre de protos aux éditeurs ? Sûrement un peu des deux.

Il est loin le temps ou le Yatzhee était un des seuls jeux à permettre aux joueurs de griffonner des feuilles de jeu. C’était en 1956 !

Mais alors du coup qu’est ce qui plait tant dans les jeux truc & write ?

• Des choix à chaque tour, de plus en plus restreints
• L’optimisation des coups
• Les combos en cascade
• Le grand nombre de joueurs
• Le prix du jeu

Au moment de la pandémie de COVID 19, et principalement du confinement, en 2020, les joueurs vont découvrir les jeux autrement : le jeu en ligne, sur des sites comme Boardgame Geek Arena, en visio avec des amis, ou bien même en format Print & Play, grâce à votre imprimante toute neuve !

Et la majeure partie des PnP mis à la disposition des éditeurs pendant cette période, sont des jeux Roll & write/ Flip & write. Et cela est dû surtout à la structure du matériel ludique : des cartes à découper, des feuilles à imprimer et souvent des dés à rajouter, et on a tous des dés chez soi quand on est ludiste !

Tout d’abord familiaux dans leur grande majorité, les truc & write ont été utilisé dans des jeux experts comme Troyes Dice chez feu Pearl Games, ou bien Le Mur d’Hadrien chez Pixie Games et enfin le summum avec Twilight Inscription chez FFG.

Le jeu pour enfant est aussi concerné mais en plus petite proportion, comme la collaboration de Bombyx et Matagot pour le jeu Takenokolor, où les dés sont remplacés par des feutres à lancer.

D’ailleurs concernant 2024, on en est où maintenant de la hype des R & W ?

En juin 2024, 160 jeux sont sortis, ce qui est pas mal pour une demi-année mais pas en France apparemment !

On constate donc que ce type de jeu commence à s’essouffler, peut-être pas chez les joueurs, qui continuent de jouer à des Welcome ou un incontournable comme Très Fûté, mais chez les éditeurs et les ludicaires assurément.

A part le très bon, mais assez confidentiel, Fliptown, localisé il y a peu par Bad Boom Games, il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la mine en ce moment, et on peut se permettre d’imaginer que c’est en bonne voie de disparaitre, comme ça, d’un coup de feutre.

Pour conclure

Actuellement c’est plutôt les jeux de cartes qui démarrent un nouveau courant, voire même un vrai raz de marée sur le marché du jeu de société. D’ailleurs c’est simple, tout le monde s’y met et s’y frotte !

Et moi, en attendant le retour de la star en devenir, The Gang, sorti en coup de vent chez Iello, je me satisfais de « Gangs of Kyoto », un petit jeu fourbe, tout récent chez Matagot, et merci Simon de la boutique Le Passe Temps, c’est un peu grâce à lui tout ça !

Je dirais même que ce phénomène n’est pas que lié aux mécaniques des jeux mais aussi parfois ce sont les thématiques qui sont concernées. Effectivement ces derniers temps, la nature, les arbres, l’écologie ont supplanté les pirates, les dinosaures et les zombies.

Pourtant on ne parle pas de mode, mais plutôt d’un courant lié à la société dans laquelle nous évoluons chaque jour. Le monde du jeu est une éponge, que cela soit au niveau des créateurs, autrices et illustratrices, qu’au niveau des éditeurs.

Tout n’est pas forcément qu’une question de rentabilité économique mais il faut bien rester terre à terre, le but d’un jeu de société mis sur le marché par un éditeur, c’est qu’il se vende en premier lieu, et c’est logique, un éditeur aussi philanthrope soit-il, n’est pas une association caritative mais bel et bien une entreprise commerciale.

Les types de jeux de société évolue avec cette dernière, la société, que ce soit au niveau des thématiques, que des envies et besoins des joueurs, le marché s’adapte et parfois un jeu devient un précurseur d’un mouvement particulier, ce que l’on a vécu avec Welcome To, on le voit aussi avec les jeux narratifs, coopératifs, et les formats legacy.

Le plus important est que chacun y trouve son plaisir, car il y a toujours un jeu qui vous correspond, il suffit juste de le trouver, et sinon de le créer vous-même, roll & write ou non.

Retrouvez le podcast de cette émission en vous rendant sur le lien de C’Ludik – Station Millenium => Pour écouter le podcast cette émission de C’Ludik, c’est par ici => https://www.station-millenium.com/replays/gangs-of-kyoto-le-point-sur-les-j/