[Test] Gorynich, dragon schizophrène

3-7 joueursArthur Viennot
8 ansSebastien Leboeuf, Victoria Volina-LukianSergey Kardakov
15-20 minutesLifestyle Boardgames Ltd
Programmation, coopératif, communication limitée, tower defenseBlackrock Games
19/11/21 Médiéval fantastique
18€90 chez et dans
Gorynich

Ah les dragons et les princesses, un thème ultra classique des contes pour enfants et des films d’animations avec des ogres verts. Tiré d’un conte russe, Gorynich a une promesse originale : faire jouer un seul personnage à tous les joueurs face à une horde de chevaliers. Non content de nous faire incarner les différentes personnalités de ce dragon, Arthur Viennot nous propose de jouer une créature réputée mauvaise face à des chevaliers réputés bons.

Gorynich ressemble à un jeu pour enfant, fait appel à un thème de conte de fées, et, même s’il est tout à fait jouable avec des enfants (pas moins de 8 ans par contre), vous le verrez qu’il est particulièrement corsé même pour des adultes chevronnés.

Dans Gorynich , les joueurs incarnent un dragon à multiples têtes (ou plutôt, ils incarnent chacun une tête du dit dragon) qui a kidnappé vit avec une belle princesse. Mais de vils chevaliers vont troubler leur gentille petit idylle contre nature et pensent que le dragon veut la manger. Alors ils vont tenter de libérer la demoiselle contre son gré. Mais Gorynich et ses têtes n’y voit pas de cet œil, et il va se défendre en grillant tous ceux qui oseront s’approcher (faut bien tenir sa réputation ! ).

Arriverez vous à vous mettre d’accord sans parler pour diriger correctement le dragon ou se déplacera-t-il comme un poulet sans tête ?

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

  • 1 tuile centrale avec un château
  • 4 plateaux double-face avec des chemins
  • 1 jeton premier joueur
  • 10 silhouettes Chevalier
  • 1 silhouette Gorynich
  • 7 jeux de cartes Action avec des dos individuels (6 cartes par jeu)
  • 11 socles pour les silhouettes de Gorynich et des chevaliers
  • 12 cartes Mouvement (6 cartes Chevalier et 6 cartes Gorynich)
  • 9 tuiles Manœuvre double-face
  • 2 jetons Effet spécial
  • 4 jetons Parole
  • 1 sablier de 30 secondes

Comment on joue à Gorynich ?

La mise en place

Règles de base

On place la tuile centrale au milieu de la table et on place les 4 plateaux chemins (face sans rivière) autour de manière à former un plateau carré. On place la figurine du dragon su une des cases du château.

On place aléatoirement un nombre de chevaliers dépendant du nombre de joueurs à leurs points de départ.

Chaque joueur prend un jeu de 6 cartes action.

On place les 3 cartes manœuvre avec l’étoile face dragon à côté du plateau.

On mélange les cartes mouvement des chevaliers et les cartes mouvement du dragon séparément et on les place en pile à côté du plateau.

On dispose sur la table un certain nombre de jetons Parole dépendant du nombre de joueurs.

Règles avancées

On fait de même mais :

  • On place les plateau chemins sur la face rivières
  • On peut choisir 3 tuiles manœuvre parmi toutes celles qui sont proposées.
  • On n’utilise pas de jetons parole
Le tour de jeu

Règles de base

Le premier joueur commence par révéler une carte mouvement de chaque type puis immédiatement avance les chevaliers du nombre de cases indiqué sur la carte en suivant les chemins.

La carte dragon indiquera le nombre de cases qu’il pourra avancer (ou reculer dans le cas d’un chiffre négatif).

Le premier joueur indique avec son doigt le chevalier qu’il souhaite attaquer.

Puis tous les joueurs simultanément choisissent une de leur carte action. Elles présentent une flèche de couleur indiquant une direction de déplacement, le symbole des cartes manœuvre pour les utiliser ou une flamme, qui sert à griller tout ce qui se trouve sur la case du dragon.

Lorsque tout le monde à choisit sa carte qu’il a placé devant lui face cachée, on les révèle et on les résout dans l’ordre du tour en commençant par le premier joueur.

Si une flèche a été choisie, on déplace le dragon du nombre maximum de cases indiqué par la carte mouvement dans la direction de la flèche.

Si une carte manœuvre a été choisie son joueur put choisir une des tuiles manœuvre et réaliser son effet (bouger le dragon dans la direction de son choix, griller quelque chose à une case de distance, téléporter le dragon sur le château). On retourne alors la tuile puis on fait la contre-manœuvre des chevaliers.

Si la carte flamme a été choisie, la dragon grille tout se qui se trouve sur sa case (y compris le château et la princesse s’il s’y trouve).

Une fois toutes les cartes utilisées, on les défausse et on peut effectuer un nouveau tour.

A tout moment, un joueur peut passer son tour pour reprendre ses cartes action en main, sinon, il les récupère quand il n’a plus de cartes en mains.

Règles avancées

Les rivières font avancer Gorynich d’une case dans le sens de la flèche en plus de son mouvement.

Les tunnels permettent aux chevaliers de se déplacer de l’entrée vers la sortie dans le même mouvement ce qui accélère grandement leur déplacement.

Les nouvelles manœuvres rajoutent de la diversité mais sont plus difficiles à utiliser.

La fin de partie

La partie se termine par une défaite si :

  • Un chevalier parvient à entrer dans le château
  • Gorynich sort du plateau
  • Gorynich brûle le château

La partie se termine par une victoire si :

  • Gorynich a incinéré tous les chevaliers

Est-ce que c’est bien ?

Ce que j’ai ❤️

  • Gorynich est d’une richesse tactique et mentale assez incroyable
  • Le thème reprenant le folklore russe peu connu
  • Les illustrations très sympas avec ces chevaliers à la monty python
  • Une mécanique fluide
  • Des parties rapides (heureusement parce qu’on perd souvent)
  • On imagine bien les différentes têtes du dragon se disputer et faire n’importe quoi !
  • Une bonne courbe de progression si on enchaîne les parties
  • Un jeu hyper difficile à battre…

Ce que j’ai 💔

  • … un peu trop sur les premières parties, ça risque de décourager.

Design

J’aime beaucoup le design de Gorynich ! Les illustrations des chevaliers et du dragon sont bien décalées, assez cartoon, ça le rend attrayant pour les enfants ! On ne retrouve pas nécessairement le style russe dans les dessins, à part sur le jeton premier joueur et la princesse, j’aurais bien aimé avoir plus de référence à la culture russe.

Les plateaux sont jolis, ils sont clairs et on distingue bien les différents éléments.

Les cartes actions n’ont pas vraiment d’illustrations mais elles sont claires et explicites.

Dans l’ensemble, Gorynich est plutôt agréable à regarder et il donne envie d’y jouer.

Qualité du matériel

La qualité du matériel de Gorynich est tout à fait standard pour un jeu dans cette gamme de prix.

Les plateaux sont d’une bonne épaisseur, ils semblent durables et solides. Les tuiles manœuvre sont du même acabit.

Les petites cartes action sont carrées, sont de la bonne épaisseur, mais contrairement au plateau et aux tuiles ne sont pas toilées. Ce n’est pas grave puisqu’on ne les mélange pas.

Les figurines en carton sont de la bonne épaisseur, elles tiennent bien sur leur socle et celui ci ne les abîme pas.

Gorynich renvoit une impression de durabilité et de qualité.

ze meeple

Thème

J’aime beaucoup le thème de Gorynich ! Déjà, je ne connaissait pas cette légende russe, et c’est avec plaisir que je l’ai découverte. On a bien la sensation de contrôler ce dragon à plusieurs têtes qui ne sont pas forcément d’accord entre elles !

Du coup la mécanique colle parfaitement avec le thème et on peut bien se marrer en voyant notre cher dragon faire n’importe quoi !

Les Zmeï sont des créatures légendaires, dragons de la mythologie slave, éternels ennemis des dieux célestes ; parmi eux, les Zmeï Gorynytch sont littéralement « les dragons de la montagne ». Dans le langage courant slave, zmeï est le nom commun d’un serpent.

Zmeï est représenté comme un serpent géant ou un dragon cracheur de feu, le plus souvent polycéphale (à trois, six, neuf ou douze selon différentes versions). Zmeï peut tuer sans raison et il est alors un symbole du chaos et de la destruction. Il remplit une fonction importante dans la cosmogonie slave. Selon la mythologie slave, il fut défait par le dieu solaire Svarog pendant la création du monde, et ses écailles furent utilisées comme araires pour tracer les limites entre les trois mondes Jav, Prav et Nav. Zmeï aurait ensuite été relégué à Nav, le royaume des morts et de l’invisible. Zmeï est aussi un protecteur des semences, de la fertilité des sols et de la pureté des eaux

Dans un conte populaire, Zmey Gorynych a un cousin nommé Nemal Cholovek. En tant que sorcier malveillant, Nemal envisage de faire du dragon le roi de Russie en kidnappant la princesse du tsar et en l’enfermant dans un château dans les montagnes de l’Oural. De nombreux chevaliers tentent de sauver la princesse, mais le dragon et le sorcier s’avèrent trop puissants pour être vaincus.

Finalement, cependant, ils sont tous deux tués après qu’Ivan, un jeune garde du palais, ait découvert l’emplacement secret de la princesse grâce à sa capacité à communiquer avec les oiseaux. Après avoir demandé au roi la permission de la trouver, le roi donna à Ivan une épée magique et le renvoya. Quand Ivan est arrivé et a été confronté à Nemal sous la forme d’un géant, l’épée a jailli de la main d’Ivan et a frappé Nemal en plein cœur avant de décapiter Zmey Gorynych.

ze meeple

Mécanique

Gorynich est très surprenant par la richesse tactique et mentale de sa mécanique. Elle est très simple mais très efficace. On joue une carte par tour et c’est tout.

Tout le sel du jeu réside dans le fait qu’on ne peut pas communiquer. La seule indication possible est de pointer le chevalier que le premier joueur envisage d’attaquer. Le jeton parole est utilisable une seule fois par partie, c’est assez limité.

Alors au début, le dragon va faire n’importe quoi, un peu comme un poulet sans tête. Il peut même arriver qu’il brûle sa maison, synonyme d’échec de la partie.

Mais petit à petit, vous allez apprendre de vos erreurs et la durée courte des parties vous incitera à en refaire jusqu’au succès.

Ces diables de chevaliers sont nombreux et avancent vite, aussi, il faudra bien contrôler leur avancée et cibler les plus menaçants, le tout en gérant les cartes qui vous manque.

Car oui, les cartes utilisées ne sont réutilisables qu’après avoir passé votre tour ou après avoir joué la dernière. Alors si vous vous retrouvez avec une carte qui ne va pas de le bon sens, vous l’aurez dans le baba.

Il y a une petite sensation de tower defense dans Gorynich, où l’on fait face à des ennemis qui avancent inexorablement vers son camp et où l’on doit les dégommer un à un.

Le truc, c’est que même si notre cher dragon est agile et peut avancer vite, il ne pourra pas faire des allers et retours infinis et gérer tous les chevaliers en même temps. Il faudra faire des choix et tenter de se mettre silencieusement d’accord sur une stratégie à mettre en place.

Alors très vite, on se retrouve à tenter de mentaliser ses coéquipiers : il m’indique ce chevalier donc il doit avoir la flèche verte, s’il avance ensuite de 3 cases, je peux jouer ma flamme, mais s’il joue la flèche rouge, je risque de bruler le château, mais peut-être qu’il veut que je joue ma flamme et donc il se mettra en bonne position pour que je le fasse… bref vous voyez le genre !

Donc vous risquez de vous faire des nœuds au cerveau et vous imaginerez bien ce dragon faire des nœuds avec ses têtes !

Le comble c’est qu’après avoir battu le mode classique du jeu, vous aurez accès à un mode avancé, plus difficile, plus tactique, plus complexe, sans jeton de parole.

C’est toujours fascinant de voir un jeu comme Gorynich qui se présente comme un jeu pour enfant tout à fait innocent et qui se révèle être un sacré challenge ! Alors bien sûr, il est jouable par des enfants, les règles étant très simples, mais sa difficulté risque de les rebuter un peu, il faudra y jouer à la parlante au début pour qu’ils se familiarise avec la mécanique.

Dans l’ensemble, Gorynich est vraiment un excellent jeu à communication limitée, il fait réfléchir, propose vrai challenge et tout le monde peut s’y amuser.

Simplicité des règles

Les règles de Gorynich sont très simples et accessible à des enfants de 8 ans sans problème. Le livret est bien fait avec un feuillet à part pour la partie avancée.

Aucun retour à la règle n’est nécessaire.

Mise en place / Rangement

Gorynich se met en place rapidement et facilement. J’aurais aimé que les plateaux puissent s’imbriquer pour les empêcher de s’écarter ou de bouger.

En dehors de cela, la mise en place est facile.

Conclusion

Gorynich est un super jeu de programmation et de coopération à communication limitée. Accessible à des enfants, il le sera pour toute la famille, mais attention à sa difficulté qui peut surprendre. Grâce à une belle courbe de progression et à des parties courtes, les joueurs pourront se satisfaire des progrès bien visibles et même tenter le mode avancé, encore plus stratégique, mais un poil plus complexe et difficile. Si vous cherchez un jeu qui peut vous résister, un bon moment de coopération en famille, Gorynich sera un excellent choix !

Arnaud

Source : Wikipédia

Hello asso

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1 réponse

  1. Bonjour, merci beaucoup pour ce superbe article sur Gorynich.
    Je rajouterai un petit détail/conseil tactique : les cartes jouées restent révélées et bien visibles devant le joueur. Comme tous les joueurs ont les mêmes cartes, il est possible de prédire ce qu’il peut jouer en regardant celles qu’il a déjà jouée et ainsi de la « mentalisé » …
    Une fois que cette vision d’ensemble appréhendée, par chaque joueur, le jeu devient moins difficile.

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