[Test/KS] Save Patient Zero, un jeu dans l’air du temps
2-7 joueurs | Cédric Martinez | ||
8 ans | Emiliano Ponzi | ||
30 minutes | Helvetiq | ||
déduction | Laboratoire Médical | ||
35€ édition de base, 55€ édition deluxe |
Quand Hadi Barkat, le patron d’Helvetiq m’a appelé pour me parler de Save Patient Zero, je lui ait dit : « un jeu sur la recherche d’un vaccin en plein COVID, t’es sûr ? ». Alors bien sûr si le jeu fait écho à la situation sanitaire actuelle, on parle ici d’une maladie générique. Puis Hadi m’a parlé des nombreux modes de jeu, d’un jeu par équipe avec ou sans « maître de jeu ».
Dans Save Patient Zero, les joueurs incarnent l’un des deux laboratoires pharmaceutiques qui font la course à celui qui découvrira le remède contre une étrange maladie qui permettra de sauver le soldat Rayan patient Zéro. A l’aide d’outils d’analyse, les joueurs vont déduire les 3 molécules efficaces parmi 25 (82 800 possibilités).
Un peu à la manière d’un Mastermind, les joueurs vont éliminer progressivement les molécules qui ne font pas partie de la solution pour au final déduire le trio gagnant. Le premier laboratoire à y arriver est sacré vainqueur.
Le jeu sera en financement participatif le 20/04/21 sur Kickstarter
Gardez à l’esprit pour le reste de l’article que j’ai eu accès à une version prototype du jeu, les visuels, les points de règle, et le matériel sont susceptibles de changer.
Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?
- Un livret de règles
- 2 écrans/aide de jeu
- 60 feuillets de travail
- 2 x 18 cartes outils
- 2 x 40 cartes échantillon
- 25 cartes molécules
- 2 crayons
- 2 scanpads
- 2 token Centrifugo
- 2 feuillets de travail plastifiés (édition deluxe)
- 2 feutres effaçables (édition deluxe)
- 1 microscope en papier
Comment on joue à Save Patient Zero ?
La mise en place
On commence par définir les équipes. Dans le cas d’un groupe impair, l’un des joueur sera le « maître du jeu » ou l’intelligence artificielle nommée Savvy qui sera chargé de faire deviner les molécules aux labos. Dans le cas d’un groupe pair, on peut joueur avec la variante sans Savvy dans laquelle chaque labo jouera le rôle de Savvy pour l’autre labo.
On donne une feuille de travail à chaque équipe et on pioche secrètement 3 molécules du paquet de molécules pour définir la solution. Chaque équipe cache son plan de travail derrière un paravent qui sert aussi astucieusement d’aide de jeu. Chaque équipe prend son paquet d’outils et de cartes échantillon.
Le tour de jeu
Simultanément, les équipes vont parcourir leur paquet de cartes outil, en sélectionner une et la donner au joueur Savvy. Celui ci va appliquer l’effet de l’outil en commençant par l’équipe qui a donné l’outil en premier. Ces outils servent à éliminer les molécules qui ne font pas partie de la solution. Typiquement, il s’agira en général pour le Savvy de d’indiquer sur les cartes échantillons quelles sont celles dans lesquelles il y a une molécule correcte et celles où il n’y en a pas. Certains outils permettent de regarder les cartes échantillon de l’adversaire, ou de copie l’outil adverse.
Les outils sont en quantité limité, aussi il faudra bien les gérer de manière à ne pas être à court de cartes avant d’avoir trouvé la solution.
La fin de partie
Le premier labo qui joue une carte remède et désigne correctement les 3 molécules gagne immédiatement la partie.
Est-ce que c’est bien ?
Ce que j’ai ❤️
- Un Mastermind revu et modernisé
- Le jeu en équipe
- Jouer Savvy
- C’est hyper casse-tête
- Les tours rapides et fluides
- Les outils avec des mécaniques différentes et intéressantes
- Plein de modes de jeu
Ce que j’ai 💔
- Les molécules pas très belles
Design
Le design général de Save Patient Zero est mi figue mi raisin. J’ai beaucoup aimé la feuille de travail qui est très bien faite. Elle est claire, bien conçue et pratique à utiliser. Les cartes sont également bien conçue, et on apprend vite à les utiliser.
L’excellente idée, c’est d’avoir intégré l’aide de jeu dans le paravent, un peut à la manière de l’écran du maître dans un jeu de rôle. L’aide de jeu d’écrit tous les outils, aucune chance d’oublier la mécanique de chacun.
Par contre je n’ai pas du tout été séduit pas le design des molécules. Même si on les reconnaît bien, je trouve qu’elles ne ressemblent pas à des molécules. Rien de dramatique, mais j’aurais préféré un design plus proche d’une vraie molécule.
Thème
J’adore le thème de Save Patient Zero ! On a vraiment l’impression d’être un labo qui fait la course avec un concurrent pour trouver le remède à une maladie inconnue.
Alors certes pour ceux dont la situation sanitaire les rendent allergiques à ce genre de thème, il ne conviendra peut être pas, même si on ne parle pas explicitement du COVID, quoique les joueurs qui jouent à Pandemic en ce moment sont assez nombreux.
Un thème sur la recherche médicale, c’est assez innovant, et c’est ça qui est cool. Les outils sont assez thématiques et on s’imagine tout a fait utiliser une centrifugeuse, une ordinateur d’analyse ou autre. En utilisant le Savvy, on a l’impression de « nourrir » une intelligence artificielle, un peu comme HAL dans 2001 l’odyssée de l’espace.
La recherche médicale se divise en recherche fondamentale et clinique.
La recherche médicale fondamentale vise à mieux comprendre le corps humain et ses maladies.
La recherche médicale clinique se base sur les résultats de la recherche fondamentale pour inventer et prouver l’efficacité de nouveaux traitements
La recherche fondamentale en médecine vise à mieux comprendre le corps humain et ses maladies. Son spectre est très large et largement lié aux autres sciences. On peut principalement citer la biologie, la biochimie, l’histologie, l’anatomie, et la physiologie. La science est encore loin d’avoir percé tous les mystères de la vie. Les études de recherche fondamentale portent donc tant sur le fonctionnement normal que pathologique des systèmes vivants. Bien qu’elle n’ait pas d’application clinique directe, elle permet d’établir les fondements scientifiques sans lesquels rien n’est possible.
La recherche clinique se base sur les résultats de la recherche fondamentale pour inventer et prouver l’efficacité de nouveaux traitements ou techniques. La première étape de la recherche clinique est appelée « recherche pré-clinique ». Cette recherche appliquée est effectuée par des laboratoires universitaires ou pharmaceutiques, sur des modèles biologiques (tests in-vitro) ou animaux (tests in-vivo). Lorsque les chercheurs pensent avoir trouvé un traitement efficace, on passe à l’étape suivante appelée « étude clinique ». Elle passe par la comparaison rigoureuse et objective, chez des malades, du diagnostic, du traitement prometteur et des meilleurs traitements connus. Cette comparaison des stratégies diagnostiques et thérapeutiques, dans des conditions de pratique courante, au moindre coût, correspond au concept américain de « comparative effectiveness research ».
Plus largement, on appelle « étude clinique » toute investigation menée sur des sujets humains en vue de découvrir ou de vérifier les effets cliniques et pharmacologiques d’un produit de recherche (nouveau médicament par exemple), ou encore d’étudier la façon dont un produit de recherche est absorbé, distribué, métabolisé et excrété afin d’en évaluer la sécurité ou l’efficacité. Une étude clinique peut également avoir pour but de développer ou d’évaluer de nouveaux équipements (imagerie médicale,…) ou de nouvelles techniques préventives, diagnostiques ou thérapeutiques.
Développer et mettre sur le marché un vaccin ou un médicament après qu’un composé efficace ait été identifié est un long processus et coûteux. Il passe par la recherche en laboratoire sur les micro-organismes et le modèle animal, par le dépôt d’une demande d’autorisation d’ essais cliniques sur l’homme ; essais de phase I à III, par une approbation réglementaire et une demande de mise sur le marché. Sauf pour le vaccin grippal mis à jour annuellement, ceci prend généralement plus d’une décennie.
Produire un vaccin ou médicament antiviral commence par l’identification d’aspects chimiques ou biochimiques et de molécules d’intérêt prophylactique, la vérification de leur stabilité, solubilité, etc. Ceci se fait partir de l’étude de modélisation, de l’étude de l’activité antivirale et d’éventuels effets secondaires observée in vitro puis in vivo.
Leur base peut être de nouvelles entités chimiques ou biochimiques prometteuses, candidates pour un vaccin ou un antiviral, ou il peut s’agir d’anciens médicaments prévus pour d’autres maladies qui se montrent efficaces contre une cible biologique liée à la maladie. Leur innocuité/toxicité, pharmacocinétique et leur métabolisation doit être testée chez l’homme avant et pendant les essais cliniques qui précisera aussi la dose et le calendrier d’utilisation.
L’industrie pharmaceutique doit ensuite passer au stade industriel, en optimisant son processus de production. Ils examinent en outre le produit de l’aptitude au paquet comme capsules, comprimés, aérosols, injectable par voie intramusculaire, sous – cutanée injectable ou par voie intraveineuse des formulations. Ensemble, ces processus sont connus dans le développement pré-clinique et clinique sous le nom de chimie, fabrication et contrôle (CMC).
Les autorités sanitaires vérifient le respect des exigences réglementaires. Après la demande de permis d’investigation de nouveau médicament (IND) ou de demande de licence biologique pour un vaccin, des tests pré-cliniques déterminent la toxicité et les effets secondaires. C’est une exigence réglementaire qu’une évaluation de la toxicité des principaux organes soit effectuée (effets sur le cœur et les poumons, le cerveau, les reins, le foie et l’appareil digestif), ainsi que les effets sur d’autres parties du corps qui pourraient être affectées par le médicament ( par exemple, la peau si le nouveau vaccin doit être administré par injection cutanée). De plus en plus, ces tests sont effectués en utilisant des méthodes in vitro (par exemple, avec des cellules isolées), mais de nombreux tests ne peuvent être effectués qu’en utilisant des animaux de laboratoire pour démontrer l’interaction complexe du métabolisme et de l’exposition aux médicaments sur la toxicité.
Si l’IND est approuvé, le développement passe à la phase clinique et la progression des performances chez l’homme (si un vaccin est en cours de développement aux États-Unis) est surveillée par la FDA dans un « processus d’approbation du vaccin ».
Mécanique
On adore jouer à Save Patient Zero ! La mécanique est assez simple à appréhender, même s’il faudra quelques parties pour savoir bien utiliser les outils.
Save Patient Zero est une chouette réinterprétation du classique Master Mind dans lequel il faut retrouver une combinaison de 4 couleurs en utilisant le principe d’essai/erreur. En utilisant les outils, chaque équipe va pouvoir éliminer des molécules qui ne font pas partie de la solution et déduire petit à petit les 3 molécules qui composent le médicament recherché
Bien sûr aucun outil ne vous dira explicitement quelles sont les molécules à éliminer, mais comme dans le Master Mind, ils donnent un groupe de molécules dont au moins l’une est correcte ou aucune. Aux joueurs de faire leurs déductions.
On est plongé dans la réflexion tout au long de la partie, on discute, on déduit, on se creuse la tête. Save Patient Zero est un jeu où on réfléchit énormément, il vous fera à coup sûr fumer le cerveau, mais quel pied ! Réservez ce jeu pour le début de soirée, quand vos neurones sont encore en forme, sinon vous allez galérer.
Save Patient Zero fonctionne tout aussi bien avec ou sans le Savvy, à deux ou à plus, un vrai bonheur. Pour tout vous avouer, quand Hadi m’a annoncé la présence d’un joueur « maître du jeu », j’étais un peu sceptique. Au final, pour avoir incarné ce rôle, j’ai passé un excellent moment, à aiguiller les joueurs, leur donner les indice, et surtout, le voir se poser leurs questions, constater le cheminement intellectuel. L’ancien étudiant en psycho que je suis a été fasciné par cette expérience.
Dans l’ensemble on s’amuse beaucoup quand on joue à Save Patient Zero et on ne voit pas le temps passer, ce qui est toujours un bon signe.
Simplicité des règles
Les règles de Save Patient Zero sont assez simples et le livret est bien fait. Les quelques premiers tours on est un peu perdu dans les outils, mais heureusement l’aide de jeu est très bien faite, et on retient la mécanique des outils assez facilement. Vers le milieu de la partie, tout roule, et on retrouve la fluidité des tours.
Save Patient Zero s’adresse à un public plutôt familial.
Mise en place / Rangement
Save Patient Zero s’installe vite et de manière fluide. Aucun soucis de ce côté là. Le plus long sera finalement de constituer les équipes.
Save Patient Zero est un jeu qui vous fera chauffer le cerveau, une très belle réinterprétation du Master Mind ! Si vous aimez les jeux casse-tête avec un thème et une mécanique original, alors vous devez faire entrer ce jeu dans votre ludothèque. Les jeux par équipes qui ne soient pas des jeux d’ambiance étant finalement assez rares, il est plaisant d’en retrouver avec Save Patient Zero. Foncez sur ce jeu, il est excellent ! Sur Kickstarter à partir du 20 avril.