[Independence Day] Sables Productions, sous les pavés, la plage

sables

Dans la série Independence Day qui se veut être une présentation non exhaustive des éditeurs francophones, nous avons le plaisir de recevoir Stéphane Laulhère, co-fondateur chez Sables productions. Il vient nous parler de la genèse, de l’évolution et de l’actualité ludique de cette maison d’édition qui a déjà édité Charafe et La Princesse aux Échelles.

Salut Stéphane, un grand merci d’avoir accepté de répondre à mes questions !

Parlons de Sables Production

Mais qui « est » Sables productions ? De quand date les débuts de cette maison d’édition?

Nous avons créé la société en 2018. 2 quadras amoureux du jeux, des potes de longue date, plus de 20 ans !

Peux-tu me parler de la genèse de Sables productions ? Quelles sont les raisons, motivations ou opportunités de création d’un éditeur comme Sables ?

Alors, quand on est amoureux des jeux, on commence par jouer, puis à bidouiller les règles, puis créer des jeux, et il apparaît qu’un jour, on finit par vouloir en éditer un, ou 2 ou pleins. Et on avait en tête cette devise : Une boîte de potes pour les potes.

Qui compose son équipe ? Quel est le rôle de chacun d’eux et peux-tu nous dire en quoi ces rôles consistent ?

C’est assez rapide, en fait, il y a Cyril et il y a SteF : création, édition, marketing : on se partage les tâches

Où travaille l’équipe de Sables ?

Dans le sable bien sûr ! (sable girondin pour moitié, et sable normand pour l’autre)

Comment a été choisi le nom de ta maison d’édition ? 

Nous avions l’habitude de nous réunir, avec un groupe d’amis joueurs, dans une grande maison aux Sables d’Olonne. Nous avons perdu par la suite la jouissance de la maison, mais nous avons conservé le nom des Sables pour le groupe de joueurs, puis pour notre société de jeux.

Quelles sont ou ont été les principales difficultés rencontrées à la création ?

La création d’une entreprise n’est pas facile pour quelqu’un qui n’en a jamais créé. Sans gros capital au démarrage, pas de société de service qui fait tout à la place du créateur. Et peu d’aide ou de conseil de la part des administrations, c’est un chemin de croix… Mais en s’appuyant sur des amis, qui nous aident et nous guident dans le métier, ça va mieux, et on peut avancer.

Quelle est la ligne éditoriale choisie par Sables productions ? Comment se font les choix des jeux, des auteurs et illustrateurs ?

Par des potes pour des potes : c’est avant tout une affaire de rencontres ! Cyril, un des créateurs de Sables, donc, a été le premier auteur de Sables et Christophe Lauras, un ami rencontré à Cannes 2013 avec qui on avait “réservé” la princesse avant même que la société existe. Pour les illustrateurs, là aussi, des amis, ou des amis d’amis, et le tour est joué. Notre ligne éditoriale ? Pour l’instant, on fait nos marques, et ce qui nous plaît, c’est de faire des “petits” jeux, mais riches et complets, plutôt familiaux et peu onéreux.

Quels sont les choix de fabrication, les impératifs, les impondérables, les contraintes de fabrication à respecter ?

On ne vit pas de notre activité, donc impératifs et contraintes sont plutôt reléguées à l’arrière-plan. On privilégie les choix, les envies.

Comment Sables productions se fait-il le mieux connaître ? 

En salon, parce que le contact humain est tellement plus sympathique ! Et donc, depuis quelques mois, on ne se fait pas beaucoup connaître ! Mais on essaie de nager en surface et de ne pas boire la tasse, donc on profite des opportunités, des rencontres. Et on n’est pas avare d’une petite présentation d’un de nos jeux, comme ça, au débotté ? Vous connaissez Charafe d’ailleurs ? Il suffit de citer le début du nom d’un premier animal et la fin d’un autre, et c’est aux autres de trouver l’autre nom de cet animal fantastique en prenant la fin du premier et le début de l’autre. Donc un charafe, c’est aussi une … ?

Quels circuits de distribution ont été choisis ou privilégiés ?

Là encore, tout est affaire de rencontre, un Arnaud m’en a présenté un autre et de fil en aiguille une signature de distribution pour les 2 jeux que nous avions en tête et pas encore fabriqués. S’affilier avec un distributeur solide, c’est aussi s’assurer de retrouver nos jeux en boutiques.

Quelle relation Sables a-t-il avec les auteurs et illustrateurs ?

Vous allez dire que je me répète, mais ce sont avant tout des potes ! Ce qui n’empêche pas le business, même si c’est assez compliqué. Et pour les auteurs, les illustrateurs, et toutes les autres personnes que l’on croise pendant la création d’un jeu, si ce ne sont pas des potes, eh bien on souhaite fort qu’ils le deviennent !

Comment l’éditeur s’intègre-t-il dans la conception des jeux qu’il édite ? A quelle étape joue-t-il un rôle essentiel ?

L’éditeur en général, je ne saurai dire, j’ai des amis éditeurs qui participent beaucoup à tous les niveaux de la conception du jeu, d’autres pas du tout. En ce qui concerne Sables Prod, on aime bien les jeux qui ont du vécu, qui ont traîné leurs savates dans les salons, qu’on a mis dans une boîte, qu’on a presque oubliés, puis qu’on a ressortis. Et on adore travailler avec l’auteur, l’illustrateur, leur donner un peu de challenge, trouver des idées qui viennent se greffer naturellement avec la mécanique et le thème du jeu proposé. Et si l’auteur est content et en redemande, on en remet une couche. Bon après, il faut sortir le jeu un jour ou l’autre, donc on passe à l’étape de tests, de re-tests, de factorisation, de “polish”. Pour répondre à la question : on est partout en fait, mais toujours avec l’accord des intervenants.

Comment Sables Productions s’intègre-t-il à la démarche d’écoresponsabilité ? Est-ce que cela répond à une valeur partagée dans l’entreprise ?

Notre principal fabricant étant situé en Chine, on ne peut pas dire que notre process de fabrication & livraison soit particulièrement éco-responsable… Nous aimerions beaucoup travailler en circuit court, mais compte tenu du pricing actuel de nos jeux, ce n’est pas encore possible. Ca ne nous empêche pas d’y penser sérieusement, pour le futur !

Parlons des jeux édités par Sables Productions :

Peux-tu nous parler de votre premier jeu : Charafe ?

Charafe est une idée originale de mon associé Cyril Garreau ; le concept initial a été inventé en 15 minutes, mais il a quand même fallu une petite année de réglages avant d’arriver à la version commerciale, en particulier pour simplifier les règles, établir la liste finale des animaux, et trouver une solution simple à l’épineux problème du “c’est toujours le meilleur qui gagne” des jeux de réflexion (mécanisme du conteur). Aspect syllabaire plus que graphique, et ce fut payant : le jeu a été très bien accueilli à sa présentation à Cannes 2019, le format permettait de le présentait sur un coin de table, sur un stand de boutiques, dans les allées, et sur notre table au stand de notre distributeur. Une merveilleuse première expérience !

Peux-tu nous parler de La Princesse aux échelles ?

La Princesse aux échelles est née il y a fort longtemps, dans le pays du Sud ! (là où on met des s sonores derrière plus et moins). J’ai eu la chance d’avoir une présentation du proto par son auteur après une belle rencontre à Cannes il y a presque 10 ans. Et j’ai dit à Christophe (car c’est de lui dont on parle) : “quand je monte ma boîte, je te prends la Princesse, c’est sûr !”. En 2018, alors qu’on travaillait d’arrache-pied sur Charafe, j’ai reparlé à Christophe de la Princesse, qui l’a ressorti de son panier, et on a travaillé de plus belle, pour le préparer pour Cannes 2020.

La sortie de la Princesse aux échelles coïncide avec le début de la pandémie COVID 19, en quoi cela a-t-il affecté ses ventes?

Ah ! La Princesse aux échelles, tout comme Charafe, est un jeu qui se vit, qui se découvre en salon, pour retranscrire les bonnes ambiances familiales. Donc Cannes 2020 fut un excellent tremplin pour La Princesse ! Et puis 15 jours plus tard, on partait tous en confinement dur, et il n’était pas question à l’époque d’acheter du jeu de société en click&collect, mais plutôt du papier toilette et du pain de mie… Autant dire que ce fut une douche plutôt froide. La période de l’été 2020 et ses ré-ouvertures ont relancé la machine, mais aussitôt stoppée par la 2ème vague… Bon bref, l’été 2021 arrive, on va dire que ça va aller !

NDLR : Un test de La Princesse aux Echelles est prévue sur Undécent

Quelles sont vos sorties prévues ?

Nous avions un 3ème jeu en préparation, plus gros, plus complexe, mais la question précédente répond au devenir de cette sortie : elle se fera chez un autre éditeur, parce que c’est le jeu, et parce que ce sont des amis aussi !

Comment le COVID 19 a pu perturber ces sorties ?

La Covid nous a durement impacté, juste après le festival de Cannes 2020, pile au moment de l’implantation en boutiques de la princesse. C’est frustrant car le salon s’était vraiment passé à merveille, avec un très bon accueil et pas mal de ventes. Mais hélas, les boutiques, pendant cette sombre période, ont préféré axer leurs achats sur des jeux éprouvés, des éditeurs connus. Bref, on est un peu passé sous le radar…

Comment faites vous pour maintenir la santé financière de cette toute jeune maison d’éditions ?

C’est très simple, pour l’instant, nous ne nous payons pas 🙂 Pour nous, le jeu est une passion, et nous préférons capitaliser pour pouvoir financer la fabrication de nouveaux jeux, potentiellement plus complexes (en terme de matériel et de fabrication)

As-tu une ou deux anecdotes liées à l’édition de ces jeux à nous livrer ?

Mon associé a fait tester le proto du jeu Charafe dans une classe de CM2, et une petite fille, devant tous ses camarades et sa maîtresse, a tiré les cartes Salamandre et Antilope… Grand moment de solitude, ceux qui ont joué à Charafe comprendront pourquoi nous avons retiré Salamandre 🙂

Comment vois-tu l’évolution du marché de l’édition du jeu ?

Cette année passée nous a grandement plongé dans le Online, il n’est pas impossible que ce soit l’élément déclencheur à ce qui semblait démarrer il y a quelques années : des jeux transmédia, un peu de carton, un peu de pions, et des applis, du site web. Ou des variations sur le sujet : on prend un jeu connu que tout le monde a, on donne des nouvelles règles sur internet, on partage les expériences, on joue en ligne, on trafique les règles en communauté, et on en fait un hit pour 2022 !

As-tu un scoop à nous partager ?

Plein de projets, mais hélas non ! En tout cas, on n’hésitera pas à crier du haut de la dune de notre logo qu’on va sortir notre 3ème jeu… quand il sera prêt !

Enfin pour conclure, qu’est-ce qui selon toi fait l’originalité d’un éditeur comme Sables ?

Euh… Et bien, même si on nous taxe d’originaux, je ne pense pas que ce soit à nous de dire pourquoi. On fait partie des “petits” éditeurs, et on fait ça pour la passion du jeu, pas pour l’argent. Est-ce que ça fait l’originalité de Sables Prod ? Pas sûr, car on est nombreux dans ce cas, je pense !

Merci Beaucoup Stéphane d’avoir répondu à nos questions, on attend avec impatience ce fameux 3ième jeu !

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