[Independence Day] Jeux Opla
Dans la série Independence Day qui est une présentation non exhaustive des éditeurs de jeux francophones, nous recevons Florent Toscano, auteur de jeux, qui vient nous présenter sa maison d’édition Jeux Opla, connue notamment pour l’édition des jeux [Kosmopoli:t] ou la Marche du Crabe, le petit dernier.
D’abord la sempiternelle question d’une originalité approuvée et éprouvée. Peux-tu nous présenter Jeux Opla ?
Jeux Opla, c’est une maison d’édition de jeux de société créée en 2011 par Johanna Poncet et moi (Florent Toscano). Aujourd’hui nous sommes tous les deux cogérants. Bony (David Boniffacy), l’illustrateur et graphiste, travaille très intimement et quotidiennement de plus en plus avec nous, pas uniquement pour du graphisme. Fabienne travaille avec nous depuis janvier. Cette équipe est grossie ponctuellement selon les projets de plusieurs auteurs et illustrateurs (Alexandre Droit, Julien Prothière, Stéphane Escapa…).
Car tout a un début, peux-tu me parler de la genèse de Jeux Opla ? Quelles sont les raisons, motivations ou opportunités de création d’une maison d’édition comme Jeux Opla ?
Docteur en Biologie, j’étais chercheur dans un laboratoire de recherche CNRS lyonnais. Responsable qualité, Johanna travaillait (et travaille encore) chez le leader mondial de l’assurance d’animaux domestiques (ça ne s’invente pas, ça…). Et nous étions surtout très concernés par la Nature, les questions environnementales, et de plus en plus par l’ESS (Economie Sociale et Solidaire). Pour ma part, bien que Lyonnais, j’avais déjà depuis 2003 une activité ludique associative par le biais de l’asso Chamboultou que j’avais créée en Corrèze, à Ussel. Nous étions proches d’une association lyonnaise en création, Croc Ethic, qui est en réalité une AMAP. D’où l’envie de développer un premier jeu ayant comme toile de fond les fruits et légumes de saison, les circuits courts de distribution, et toutes ces choses tournant autour de l’agriculture paysanne. Ainsi est né Pom Pom, avec l’aide de producteurs locaux, pour lequel nous avons créé la maison d’édition Jeux Opla et l’autoéditer. J’étais ami avec Yves Renou, le papa de Paille Editions, qui avait aimé Pom Pom et souhaitait nous le distribuer. Et c’était parti : ainsi sont nés les Jeux Opla et avec Pom Pom tout l’ADN de ce qu’ils allaient devenir, que ce soit au niveau de la façon de penser les jeux, de les développer, que de les fabriquer 100% en France et en écofabrication.
Qui a choisi le nom et le logo ? Notamment avec ce jeu de mots qui saute aux œufs.
Ha ha ! C’est Johanna qui a eu cette idée de Jeux Opla. Avec ce subtil jeu de mots que certains n’ont toujours pas décelé… J’avais vulgairement réalisé notre premier logo à base de paint, après quoi Bony a refondu notre charte visuelle pour pondre (oui, on est très axés sur le rectum des gallinacées) un logo plus frais, fun, et adapté !
Quelles sont ou ont été les principales difficultés rencontrées pour créer ta propre maison d’édition de jeux ?
En vrai ? Je sortais d’une vie de chercheur, donc quand on a connu ça, on sait faire beaucoup de choses et les difficultés rencontrées sont rarement très violentes ! Au labo, les problèmes demandaient des trésors de ressources pour être levés en plusieurs mois ou années. Ou pas ! Là, on trouve toujours des solutions à tout ! Mais néanmoins, notre mode de production 100% made in France et propre fait qu’il a fallu dès le début sourcer les fabricants et trouver les bons formats et process pour que ça ne soit pas complètement non viable. Quand même…
Qu’est ce qui a changé depuis le 1er juillet au niveau de la distribution des jeux Opla ? Explique-nous comment la décision a été prise.
Je ne suis pas certain que ça soit très correct, mais je vais copier-coller ce texte que j’ai posté sur Internet le 30 juin. Car dans tous les cas il répond exactement à ta question et je ne ferais que le paraphraser :
« Demain, 1er juillet 2020, nous sommes indépendants ! Pourquoi ? Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Qu’est-ce qui va changer ?
Je connais Yves Renou, le boss de Paille Editions, depuis une quinzaine d’années, alors que j’organisais les premières éditions du Festival Chamboultou à Ussel, en Corrèze. Nous sommes devenus amis et il m’inspirait terriblement. Ses gentilles punchlines et maximes limousines, sur un fond de résistance contemporaine et de bon sens militanté, constituaient un ensemble qui nourrissait mon envie d’être ce que j’allais devenir. Il m’inspirait terriblement. Yves, quoi qu’il en aura été, tu auras fait partie des personnes, rencontrées dans ma vie, qui m’ont construites. Alors quand, quelque part en 2010, Johanna et moi, t’avons montré notre jeu Pom Pom, et que tu nous as dit : « ben oui, faîtes votre maison d’édition et éditez-le, moi je vous le distribue ! Allez-y, on ne passe qu’une fois, ici ! »… Quand tu nous as dit ça, tu as illuminé mon envie. Et alors je devenais auteur et éditeur de jeux. Et toi, Yves, tu devenais avec Bernadette et ton équipe notre distributeur. Presque simultanément d’un certain Dixit… Ainsi sont nés les Jeux Opla. Avec ce premier jeu, Pom Pom, qui contenait tout l’ADN de ce que deviendraient les Jeux Opla. Sans jamais trahir les préoccupations du départ. Et même aujourd’hui en allant de plus en plus loin dans ce sens.
Une dizaine d’années se sont écoulées, de hauts, de bas, de rigolades et d’altercations. De fidélité, assurément. Des appels du pieds d’autres distributeurs, des envies d’autodistribution… Nous existions depuis le début avec, et grâce à Paille, alors même si l’herbe a pu paraître plus verte ailleurs, n’est-ce pas toujours le cas ? N’est-ce pas non plus plus facile ? Je suis resté toujours fidèle. Cette fidélité a été le terreau d’une bonne grosse franchise. De remises en question de tous côtés. Elle a sans doute, assurément, fait du bien. A Paille comme à moi. J’ai toujours eu du mal à ne pas maîtriser les choses.
Et ces liens forts et humains ont fait que la confiance était là, et l’optique depuis un an ou deux devenait de plus en plus clair… Enthousiasmant, réjouissant. Nous prévoyions d’embaucher Fabienne pour 2020. Notre prochain jeu [kosmopoli:t] montraient des signaux d’un vert très séduisant.
Puis, le 6 janvier 2020, 16 jeux après, le jour où avec Fabienne nous défrichons ce qu’allait devenir son travail, et quelques jours avant la sortie de [kosmopoli:t], un coup de fil limousin m’apprend que tout ça va s’arrêter. Tout ça, c’est Paille. Yves et sa femme Bernadette, qui ont fondé et tiennent les rênes de l’entreprise, arrêtent fin juin. Paille s’arrête fin juin.
Dans moins de six mois. Il faut se retourner. Quoi faire ? Très rapidement je reçois des appels d’un, deux, trois, puis pas mal de distributeurs qui nous proposent leurs services. C’est très flatteur. Je me sens tellement nanoscopique avec une si petite maison d’édition, merci à vous de nous faire confiance et d’avoir souhaité nous distribuer. Merci pour ce que vous m’avez dit, ça m’a fait plaisir, rassuré, même, sans doute. Je suis souvent une princesse… Et aussi eu régulièrement l’impression d’être un pot de peinture verte et que me signer aurait permis un petit ravalement. Sans doute qu’une impression.
Mais toujours cette envie d’indépendance. Plus encore : de non-dépendance. Ou mieux finalement : de dépendance totale, mais envers nos clients, envers les boutiques et les joueurs. Cette envie de maîtriser la chaîne depuis l’idée du jeu jusqu’à sa vente. Cette envie que le jeu représente un tout. J’ai passé beaucoup de temps à discuter avec beaucoup de distributeurs, de boutiques, d’éditeurs. Le constat factuel et logique était évident : il fallait signer chez un nouveau distributeur. Mais ma décision était finalement prise bien avant tout ça, il y a déjà des années : je veux être indépendant. Je veux être en lien direct avec les boutiques. Je veux être le responsable des erreurs et des réussites. Je peux me planter et faire une belle connerie, mais je veux le faire pour le savoir. Hors de question de regretter. La garde intime et très rapprochée (Johanna, Fabienne, Bony, et tous les autres) a su comprendre et aller dans le même sens, et même mieux, galvaniser cette envie. On l’a finalement tous et c’est ce qui sera le plus excitant. Une vraie nouvelle aventure !
Depuis on travaille avec passion et intelligence pour proposer aux boutiques des modalités de commande que l’on a construit avec elles. Elles sont originales et inédites, et pensées pour ne léser personne, pour être équitables quel que soit la taille de la boutique et ses habitudes de commandes. J’espère qu’on y est arrivé et que cela comblera les besoins de chacun. Dans tous les cas on écoutera et on évoluera en fonction de chacun. Elles sont l’occasion d’un partenariat proposé avec notre ami François Koch et ses Jeux FK, qu’il a tout de suite accepté.
On a établi un modèle logistique le plus efficace et réactif possible, en travaillant avec une société de routage voisine.
On est très excités. Je le suis carrément. Très stressé, aussi. Toujours. Ce que ça va changer concrètement ?
Pour toi le joueur, avant tout, je dirais bien « rien », mais en fait, si. Tu es notre raison d’exister, donc plus que jamais nous avons besoin de toi, nous avons besoin que tu demandes nos jeux à ta boutique préférée, et nous comptons sur toi pour ne pas les commander sur Amazon. Ils y sont via des vendeurs qui ne sont pas Jeux Opla. Puisqu’après avoir bataillé notre société figure enfin sur leur liste « never recall » ou un truc comme ça. Oui, je suis assez tenace…
Pour toi la boutique, tu commandes tes jeux directement auprès de nous dès demain, avec ces fameuses conditions aux petits oignons pour toi ! Tu peux nous contacter ici, par mail, par téléphone…
Bref, ce long blabla pour vous expliquer ce qui s’est passé pour les Jeux Opla du côté de la distribution ces dix dernières années, et ce qui va se passer dès demain…
J’aimerais terminer en remerciant sincèrement Olivier, David et Florent, pour l’amitié avant tout. Pour la confiance, aussi. Keep in touch, toujours… Et naturellement ceux qui forment la famille Opla et qui permettent entièrement que ça existe, et qui se reconnaissent. Vivement demain ! Et on ne passe qu’une fois, ici… Florent. »
Quelle est la démarche d’édition choisie par Jeux Opla ? Quelles sont les options choisies (ou abandonnées, ou jamais envisagées) : financement participatif ? auto-édition ? Edition classique ? PNP ?
Financement participatif, non. Il a été évoqué en interne uniquement pour le projet [kosmopoliːt], et je suis très content que ce soit resté au stade de l’évocation.
Auto-édition, oui. Je suis l’auteur de Pom Pom et de bon nombre des jeux qui ont suivi. Mais je sais être très dur et exigeant avec moi-même, ce n’est pas parce que je me soumets un proto que je vais le signer systématiquement, je m’en vire la très grande majorité !
Edition classique, oui. On est une maison d’édition de jeux de société modernes classique !
PNP, non, sauf des extensions à venir…
Est-ce que le confinement a changé certaines choses ?
Oui, tout a changé, le monde d’après est merveilleux. L’humanité a enfin pris conscience de ce qui est important. Ça a été un vrai déclic pour le monde. On l’a vu dès le déconfinement, le 11 mai, les gens, les entreprises et les gouvernements ont radicalement changé leur façon de faire pour tellement plus de pertinence et de sens… J’étais très inquiet mais aujourd’hui je suis parfaitement rassuré quant à l’avenir de l’espèce humaine !
Sinon, hors sarcasmes et concernant les Jeux Opla… Finalement, non, si ce n’est justement donner encore plus de sens dans les projets qu’on développe. Tirer de plus en plus les joueurs vers le haut. Et prendre son temps. C’est déjà quelque chose que j’avais amorcé depuis quelques années, mais la qualité des jeux et de ce qu’on y met ne peut qu’y gagner…
Quels sont les choix de fabrication (matériaux, lieux de fabrication, packaging, contraintes du marché…). Penses-tu que Jeux Opla est dans une démarche vertueuse ?
Non, on n’est pas du tout dans une démarche vertueuse, on produit des milliers d’exemplaires de boites qui vont être vendues. Donc même en le faisant avec le plus de vertu possible, ça restera dégueulasse ! Mais c’est moins pire, sans doute. Il faut garder à l’esprit que le jeu le moins polluant est celui qu’on ne produit pas.
Je renvoie souvent vers cette vidéo un peu longue (35 minutes) et un peu bancale (home made…) sur la fabrication de notre jeu L’Empereur
Tout est fabriqué en France, et les fabricants des différents éléments des jeux sont choisis en fonction de leur implication en terme environnemental. Et en faisabilité et prix, évidemment ! Par exemple, pour La Marche du Crabe, qui sort lundi : les jetons en bois sont fabriqués à la Tournerie Patel à Montcusel dans le Jura ; les livrets imprimés chez Les Imprimeurs Corréziens à Brive-la-Gaillarde, les cartes chez France-Cartes à St-Max et les boîtes chez Vaucanson à Romans-sur-Isère. C’est chez Vaucanson que les jeux sont assemblés. Puis ils sont expédiés chez nous, à Lyon (soit moins de 70 km).
On fait notre max pour que les jeux soient disponibles dans le commerce au même prix que tous les autres jeux de même format. Donc parfois ça pique un peu aux entournures des marges…
Comment Jeux Opla se fait-il le mieux connaître ? Y a -t-il des pistes de plus en plus abandonnées pour un petit éditeur ? Et d’autres qui sont de plus en plus envisagées ?
On est ridiculement tout petits, alors pour la com’, ce qui est abandonné ou même pas envisagé, c’est ce qui est coûteux. On était très présents sur les salons et festivals avant la guerre coronavirique. On est assez actifs sur les réseaux sociaux. Je crois vraiment que la meilleure com’ qu’on peut faire sur un jeu reste sa qualité intrinsèque. Et alors les joueurs seront nos meilleurs commerciaux. On ne peut que les remercier infiniment pour ça !
Et aujourd’hui que nous ne pouvons plus démontrer les jeux sur les événements, et plus difficilement en boutique, il faut penser à de nouveaux moyens de communiquer. Internet est merveilleux pour ça. Bien que chaque vidéo postée enlève un hectare d’habitat aux ours polaires…
Mais en fait quelle est la ligne éditoriale choisie par Jeux Opla ? Des types de jeux ? Car Il y a des jeux appartenant à des collections et d’autres hors collection.
Des bons jeux ! 😉
Il y a 3 grandes collections et 2 jeux « hors collection » !
La gamme Nature (Pom Pom, Il Etait Une Forêt, Migrato, La Glace et le Ciel, L’Empereur, Pollen) est un peu la gamme de cœur. Ce sont des jeux plutôt tactiques, qui vont de très familiaux (Pom Pom, L’Empereur) à plutôt geek (La Glace et le Ciel), et de durée courte (jamais plus de 25 minutes). Les jeux sont toujours développés autour du thème traité. Mais CE NE SONT PAS DES JEUX EDUCATIFS, ces trucs marketing qui veulent rassurer les parents ! Ce sont de vrais jeux, modernes, immersifs. En revanche, tous les paramètres scientifiques et naturalistes qui y figurent sont vrais, et déterminés par moi suite à une longue bibliographie, et validés et/ou modifiés par des experts toujours partenaires et spécialistes du domaine traité. C’est pour ça que la plupart de ces jeux sont faits en partenariat avec des structures comme la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), la Salamandre, Wild-Touch… Et dans le livret de règles il y a toujours une douzaine de pages avec des infos sur le thème du jeu, pour en savoir plus SI ON A ENVIE…
La gamme BD comprend elle aussi désormais 6 boites : Lincoln se Met au Vert, Le Bois des Couadsous et Le Bois des Coua2sous, Apocalypse au Zoo de Carson City et ses Extensions de Linda, et le tout dernier La Marche du Crabe. Ce sont des petits formats pas chers, funs et souvent surprenants. Ce sont des jeux adaptés de séries de bande dessinée dont je suis fan (sauf Le Bois des Couadsous, mais qui est dessiné pas un plus que talentueux dessinateur de BD). Le jeu est toujours développé avec l’auteur de la BD comme un spin-off de la série, et hyper respectueux dans le ton de l’univers de la série en question !
La gamme Old-School contient 3 jeux (Hop la Bille, Hop la Puce et Hop le J’Ton) qui modernisent des mécaniques de jeux de cour de récré. Les 3 boites côte-à-côte forment un triptyque superbement illustré par Tony Rochon. Il a reproduit le décor de l’ancienne école du village de Chaveroche, en Corrèze, où ma grand-mère fut instit dans les années 50…
Et les 2 jeux « hors-collection » sont Poc ! et le récent [kosmopoliːt] !
Comment se font les choix aussi bien au niveau du jeu (donc de l’auteur) que des illustrateurs ?
Je n’ai jamais signé de jeu venant du monde de dehors, excepté Le Bois des Couadsous de Blaise Muller. Encore que, même pour ce dernier, on peut considérer que tout s’est fait en famille ! Tous les projets se font naturellement avec les auteurs qui gravitent dans l’intimité des Jeux Opla.
Pour ce qui est des illustrateurs, Bony a sa gamme (Nature) et Tony la sienne (Old-School). Pour les autres jeux, tout dépend du projet. Et pour les jeux adaptés de BD, ben forcément, hein…
Comment l’éditeur s’intègre-t-il dans la conception des jeux qu’il édite ?
Je ne sais pas, il faudrait demander à un éditeur ! Pour ma part le fait que je sois également auteur doit aider dans le développement des jeux. Mon apport peut être partiellement mécanique, mais aussi contextuel. Comment faire en sorte que ce jeu ait une vraie âme, quelle histoire raconter, comment toucher le joueur au-delà d’une seule mécanique ? Deux jeux avec exactement la même mécanique peuvent avoir des succès critiques et commerciaux aux antipodes, selon la façon dont ils ont été développés. C’est à la fois dans la direction « artistique » choisie, et dans « qu’est-ce qu’on ose ? » ! Parce qu’on ose souvent et on doit souvent oser. Et on se rend compte de plus en plus qu’il faut arriver à surprendre avec des choses rassurantes…
Combien de temps prend le plus souvent l’édition d’un jeu quand tout va bien ?
Aucune règle, vraiment ! Depuis la toute première idée du projet à la sortie du jeu : 6 mois pour Il Etait Une Forêt et 4 ans pour [kosmopoliːt] ! Pour Il Etait Une Forêt c’était exceptionnel, et j’ai eu la chance que le processus créatif soit parfaitement et immédiatement efficace pour tenir le timing dicté par la sortie du film éponyme au cinéma.
Pour [kosmopoliːt] c’était exceptionnel à l’inverse, de par le contenu et la richesse extraordinaires du jeu.
Et tous nos jeux sont sur le marché ! J’ai pris le parti de ne jamais cesser d’éditer un jeu, et pour le moment, c’est le cas !
Comment expliques-tu l’engouement pour [Kosmopoli:t] ? (Le test du jeu sur Undecent est ici)
C’est complètement fou. Les retours sont à la hauteur de l’ambition du projet. C’est à la base un jeu de commande du labo Dynamique du Langage de Lyon, qui fait beaucoup de médiation scientifique auprès du grand public pour sensibiliser sur la richesse et la diversité des langues du monde. Le jeu devait être un outil de médiation et non être édité. Mais de fil en aiguille, l’entente entre les membres du labo et nous, et l’envie d’en faire toujours plus, de se donner les moyens d’y aller à fond, ont permis d’aboutir à l’objet que nous avons aujourd’hui, et il aurait été dommage que tout le monde n’en profite pas ! C’est sans doute cet ensemble, cette entièreté, qui est ressenti dans le jeu. Tout fait sens. Et ça donne un jeu unique, comme jamais on en a vu. Avec une masse de science phénoménal, avec un lien humain prégnant.
Comment Jeux Opla en sont venus à sortir la Marche du Crabe, un jeu tiré de l’environnement déjanté de la BD éponyme ? (Le test du jeu sur Undecent est ici)
En 2013, quand je sortais Lincoln se Met au Vert, adapté de la série de bandes dessinées des frères Jouvray, qui a ouvert cette gamme bd, je voulais déjà que la prochaine bd adaptée soit La Marche du Crabe. J’étais complètement de cette bd d’Arthur de Pins, du dessin, de l’histoire, de l’ambiance. J’y ai travaillé. La mécanique du jeu me paraissait évidente. En vain. Rien n’est sorti de mon cerveau ! Entre temps sont sortis dans cette collection Le Bois des Couadsous et Le Bois des Coua2sous, Apocalypse au Zoo de Carson City et ses Extensions de Linda. Mais j’avais quand même en tête mes crabes… J’en ai parlé à plusieurs copains auteurs, et Julien Prothière, qui était aussi fan de la série, l’a relu et m’a proposé un proto que j’avais aimé, mais auquel il manquait quelque chose. Ce n’était pas suffisant. Longtemps après, il retravaille un peu son jeu et le présente au festival Ludix, où il remporte le Prix Spécial du Jury ! Je « regoutte » au jeu. Il n’avait pas changé grand-chose mais ça avait tout changé ! On décide alors d’aller plus loin et de de développer un mode campagne. On contacte Arthur de Pins, que l’on rencontre et qui est tout de suite partant. Alors c’est parti !
Le jeu est paru le 10 août, et les 5000 premières boites du premier tirage ont été vendues en moins de deux mois ! Le nouveau print est arrivé. Il y a eu un engouement fou et un super buzz autour du jeu. Alors on est plus qu’un peu sur un petit gros nuage…
(chut) Peux-tu nous partager un scoop ?
Carrément, mais je ne dirai pas ce que c’est ! Juste que c’est un nouveau format de jeu, qui n’est d’ailleurs pas vraiment un. En revanche c’est totalement inédit et une nouvelle expérience ludique, encore ! Que c’est prévu pour septembre 2021. Que ce sera une collection avec 6 jeux différents à la sortie. Que c’est un petit format. Que c’est une idée originale qui émane dedans ma tête depuis pas mal d’années, et qui a été réalisable grâce à David Boniffacy et Juan Rodriguez. Nous serons donc trois auteurs. Et que les illustrateurs de la première fournée sont Mattias Adolfsson, Pieter Brueghel, Pauline Détraz, Jérôme Jouvray, Gustav Klimt et des inconnus (en vrai, même pour moi, truc de ouf).
Enfin pour conclure, qu’est-ce qui selon toi fait l’originalité d’un éditeur comme Jeux Opla ?
Je ne sais pas. De ton point de vue ? Je crois que c’est l’originalité des propositions ludiques, couplée à l’univers développé dans chacun des jeux. Et la touche eco-friendly et local, j’imagine. Fais un sondage !