[Test] Visite Royale, un dîner presque parfait
2 joueurs | Reiner Knizia | ||
8 ans | Karl James Mountford | ||
20 minutes | Iello | ||
Tir à la corde | Médiéval | ||
19€99 chez , , 20€50 chez | et dans |
Quand le dernier né du maître Knizia (Shotten Totten 1&2, My City, Battle Line, Dragon Master) arrive, ça attire tout de suite l’attention. Quand il arrive avec un tout nouvel illustrateur visiblement de grand talent, ça interpelle encore plus. Quand on voit cette couverture haute en couleur et d’une très grand beauté, on a envie de jouer à Visite Royale.
Que cette couverture interpelle et qu’elle est belle ! Avec ces deux châteaux, l’un occidental avec ses tours carrées et ses murailles blanches, l’autre orientale avec ses toits en forme de goutte et ses tours rondes, l’un baigné dans la lumière du soleil, l’autre de la lune.
A la manière d’une carte à jouer, on se retrouve dans un univers haut en couleur qui me fait penser à celui d’Alice au Pays des Merveilles.
Dans Visite Royale, les joueurs incarnent le seigneur d’un château et vont tenter d’attirer le roi, en visite dans la région, dans leur demeure. A tour de rôle, ils vont jouer des cartes pour déplacer, le roi, ses gardes, le magicien ou le fou d’un certain nombre de cases. A la manière d’un jeu de tire à la corde, le premier joueur qui parvient à faire entrer le roi ou sa couronne chez lui gagne immédiatement la partie.
Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?
- 1 Plateau de jeu
- 5 Pions personnages
- 1 Jeton Couronne
- 54 Cartes ( 63 X 88 mm)
Comment on joue à Visite Royale ?
La mise en place
On commence par dérouler le (superbe) tapis de jeu en tissu. On place le Roi et ses gardes (constituant la cour) sur les emplacements correspondants. On place au hasard le fou et le magicien sur les emplacements prévus. On place la couronne (côté grande couronne) sur la case du milieu de la piste couronne.
On mélange les cartes et on en distribue 8 à chaque joueurs. Celui dont le magicien est de son côté du tapis commence.
Le tour de jeu
A leur tour, les joueurs peuvent jouer autant de cartes qu’ils le veulent pourvu qu’elle soient de même type et déplacer le personnage du nombre de cases indiqué sur chaque carte.
Le joueur peut aussi décider de ne pas jouer de carte et profiter du pouvoir du Sorcier ou de Fou :
A la fin du tour de chaque joueur, on fait progresser la couronne vers son château d’autant de cases que de personnage dedans et d’une case de plus si toute la cour est de son côté du tapis.
S’il n’y a plus de cartes à piocher, on retourne la couronne, on mélange la défausse qui devient le nouveau paquet.
La fin de partie
La partie se termine si le roi ou la couronne pénètre dans le château d’un joueur : il gagne immédiatement. Si on épuise de fois la pioche, la partie se termine, le joueur qui a le Roi de son côté gagne la partie.
Est-ce que c’est bien ?
Ce que j’ai ❤️
- La direction artistique
- La mécanique de tire à la corde
- Le matériel
- Les parties rapides qui réclament une revanche
- Le tapis de jeu
Ce que j’ai 💔
- La victoire par couronne est plus fréquente que la victoire par Roi
- Le thermoformage joli mais inutile
Design
J’adore le design de Visite Royale ! Le jeu est tout en couleurs vives, avec des couleurs froides d’un côté (la nuit) et des couleurs chaudes de l’autre côté (le jour). Les illustrations sont également très belles, j’en suis fan !
Karl James Mountford est un habitué de l’illustration , mais plutôt littéraire, Visite Royale étant son premier jeu. On reconnaît tout de suite son style si particulier :
J’adore vraiment ces illustrations colorées, un brin naïves parfois qui me font un peu penser au douanier Rousseau :
Les gros pions personnages sont très beaux aussi et on les reconnaît bien. Les cartes sont également belles et lisibles et l’iconographie est explicite et claire. Visite Royale est une merveille de design, j’adore !
Qualité du matériel
La qualité du matériel de Visite Royale est très bonne ! Les gros pions en bois sont de bonne qualité et leur peinture semble bien faite. Le tapis en tissu est du plus bel effet, ni trop fin, ni trop épais (il a quand même un peu tendance à gondoler) et les cartes sont d’une épaisseur standard, sans linen finish.
Dans l’ensemble le jeu donne une impression de qualité et de durabilité.
Thème
J’aime bien le thème de Visite Royale. Même s’il ne raconte pas d’histoire, et s’il est finalement assez léger, on se retrouve bel et bien à se disputer les faveurs d’un roi en tentant de l’influencer et en utilisant habilement les compétences de son fou et de son mage. On n’oublie pas en cours de partie qu’on manipule un garde, ou le fou ou le roi, et on continue à les appelez ainsi tout au long de la partie (au lieu de les appeler par leur couleur par exemple).
En Europe de l’Ouest médiévale, la « cour itinérante » ou « royaume itinérant » a été la forme de gouvernement la plus courante. Unique forme d’exercice de la royauté existant en Europe de l’Ouest au début du Moyen Âge, elle l’est restée jusqu’au milieu du 14ième siècle, lorsque des résidences royales permanentes, capitales embryonnaires, commencèrent à se développer. Les hautes autorités politiques étaient suivies par les personnes composant le gouvernement du pays, le royaume ne possédant donc pas de centre permanent du pouvoir.
L’Allemagne médiévale était caractéristique de ce nomadisme du souverain, mais elle n’est pas la seule à être gouvernée de cette manière. Tous les rois médiévaux et leurs compagnons ont voyagé sans cesse d’un palais royal à l’autre. Une forme plus centralisée de gouvernance a commencé alors à évoluer mais seulement lentement et progressivement. Paris et Londres ont commencé à se développer en centres politiques permanents vers la fin du 14e siècle, et Lisbonne montrait également des tendances. L’Espagne n’avait pas de résidence royale permanente jusqu’à ce que Philippe II élève l’Escurial, situé à l’extérieur de Madrid, à ce rang. Les royaumes plus petits avaient un développement semblable mais plus lent.
La forme itinérante du gouvernement a été un ingrédient naturel du féodalisme, qui a succédé à l’Empire romain de l’Antiquité, très centralisé. En Europe de l’Est, l’ancienne Constantinople a conservé les caractéristiques d’une capitale politique, plus que toute autre ville occidentale.
L’itinérance de la cour s’est maintenue en Europe de l’Ouest puisqu’elle elle permettait une meilleure surveillance du royaume. Le mode de vie nomade du roi facilitait le contrôle des pouvoirs locaux, renforçant la cohésion du pays et la cohérence de son administration. Le gouvernement médiéval fut longtemps un système de relations personnelles, plutôt qu’une administration de zones géographiques. Le prince devait donc personnellement négocier avec ses vassaux. La forme orale de gouvernement qui en résultait fut progressivement remplacée au long du Moyen-Âge par une forme de gouvernement documentaire fondée sur la communication écrite, générant des preuves et des archives. Cette évolution a permis de rendre plus stationnaire le gouvernement des rois.
Au début du Moyen-Âge, les rois devaient aussi voyager pour répondre aux besoins financiers de la cour. Les moyens de transport et de production économique de l’époque ne facilitaient pas le train de vie de cour royales nombreuses dans un lieu fixe. Cet aspect économique semble néanmoins avoir été moins prépondérant que l’importance politique des voyages.
Mécanique
Que la mécanique de Visite Royale est bonne ! J’adore jouer à ce jeu. La mécanique est dune simplicité redoutable, mais d’une profondeur insoupçonnée. On joue des cartes, une ou plusieurs, on déplace le personnage en question d’autant de cases, de temps en temps on utilise le pouvoir du fou ou du sorcier et basta !
Mais comme dans tout jeu de tire à la corde, il est autant question d’empêcher l’adversaire de gagner du terrain que d’en gagner soi-même. Parfois même, céder un peu de terrain d’un côté pour en gagner de l’autre peut être une stratégie salutaire. Bien surveiller la taille du paquet de carte et piquer la victoire au dernier moment en fin de second paquet, c’est moche, mais seule la victoire est belle !
En effet, Visite Royale vous pousse à ne pas être loyal et à tenter des coups fourrés (ne soyons pas plus royalistes que le roi tout de même ! ). Vous allez pouvoir bluffer, bouger un personnage pour inciter l’autre joueur à concentrer son attention dessus pendant que vous vous occupez de votre vraie cible.
La gestion de la couronne est primordiale car elle fait gagner la partie la plupart du temps. Les deux joueurs étant focus sur le roi, on a tendance à oublier la couronne qui, si elle est mal gérée, progresse à tous les tours.
Vous l’aurez compris, dans Visite Royale, il faut faire attention à tout, et ne pas croire tout ce que vous voyez, votre adversaire essaiera à tous les coups de vous entourlouper.
Globalement, Visite Royale a une mécanique hyper bien huilée, avec des tours rapides et fluides, les 20 minutes que durent la partie passent très vite et on enchaîne les parties pour tenter d’autres stratégies.
Simplicité des règles
Les règles de Visite Royale sont hyper simples, s’expliquent en quelques secondes et le livret est très bien fait. Aucun retour à la règle n’est nécessaire, l’iconographie étant claire et explicite. Le jeu est accessible à un public familial voire familial + sans aucun soucis
Mise en place / Rangement
Le jeu s’installe rapidement et se range rapidement. La présence du thermoformage bien qu’agréable à l’œil ne sert pas à grand chose vu le nombre réduit de pièces, dommage pour la planète.
Conclusion
Visite Royale est un excellent jeu à deux ! Sa mécanique de tir à la corde convient parfaitement à ce type de jeu. Il est rapide, fluide, simple à expliquer mais avec une certaine profondeur agréable. On a enchaîné 3 parties sans s’en rendre compte, c’est top ! Si vous cherchez un jeu à deux beau, tendu, simple d’accès, mais avec de la tactique, pour des parties rapides, c’est le jeu idéal pour vous !
Testeurs : Arnaud, Pierre
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