[Le point sur les J] Les séries – Les meilleurs jeux sont-ils les premiers ?

Pour écouter le podcast cette émission de C’Ludik, c’est par ici => https://www.station-millenium.com/replays/lets-go-to-japan-le-point-sur-les-j/

Matthieu Dupuis et Ludovic Chatillon

Il est vrai que l’on entend souvent « Non, Roger, je t’assure, le 1 c’est le meilleur, les autres sont vraiment nazes », ou bien « Moi j’ai binch watché la saison 1, mais la seconde franchement ce n’est pas terrible ».

Alors dans le cas des films ou des séries TV, la plupart du temps, un changement de réalisateur, de scénaristes, ou de casting sont à l’origine de ce désagrément et les producteurs, attirés par les billets verts, ou autres couleurs au choix, sont souvent tentés de remettre le couvert, le plus souvent donc pour le pire, et peu de fois pour le meilleur.

Après, comme souvent dans les œuvres de l’esprit, c’est souvent une question de goûts et de couleurs, justement.

Alors déjà contrairement à d’autres produits culturels comme les films ou la littérature, on ne peut pas vraiment dire qu’il y a des séries de jeux à proprement parlé.

Mais il existe des cas où on se rapproche de ce phénomène, par exemple :

  • Les ré-éditions de jeux
  • Les suites
  • Les re-thématisation
  • Les gammes de jeux
  • La mise à niveau pour un nouveau public

Pour chaque sous-catégorie, regardons un peu en détail si cet adage est respecté ou non dans le domaine de notre hobby favori : les jeux de société.

Les rééditions

En ce qui concerne les rééditions de jeux, il peut déjà y avoir des cas très différents.

Souvent le même éditeur quelques années (ou mois !) décident de refaire le jeu, parfois, les droits sont repris par une autre maison d’édition, et quelque fois la réédition s’accouple avec la localisation.

Souvent, mais ce n’est pas systématique, le jeu est remis soit graphiquement aux goûts du jour ou les règles sont quelques peu retouchées, on réimprime alors on met toutes les chances de notre côté !

Déjà, je considère souvent les rééditions, qu’il soit fait par le même éditeur ou un autre, comme un aveu de faiblesse, voire parfois de la fainéantise. Souvent, dans ce cas, l’auteur ne retravaille pas complètement son jeu, et il en est apporté juste des micro-changements.

C’est souvent l’intention de ce choix qui va déterminer si l’idée de la réédition est bonne et si le jeu va vraiment améliorer son aïeul.

Quelques exemples me viennent à l’esprit.

  • Medieval Academy (2014/2023) chez Blue Cocker. Ici le jeu a été refait graphiquement, on aime ou on n’aime pas le côté animal manga (moi je n’aime pas !) et une partie du matériel a été repensé. Verdict, j’ai l’impression de ne plus être la cible du jeu, et je préférais l’ancienne direction artistique.
  • Libertalia, même cas de figure pour le jeu de pirates de 2012 de Paolo Mori. Les nouveaux graphismes (2022, Matagot) sont encore une fois en décalage avec la thématique, le côté mainstream, en font un jeu qui « rentre dans le rang ».
  • Il y a aussi l’effet financement participatif qui n’est pas à laisser de côté, et quand on voit l’exemple du jeu Château de Bourgogne, on bave devant la nouvelle version du jeu agrémentée d’un matériel deluxe magnifique pour un jeu qui n’a mécaniquement pas pris une seule ride !

Les suites

  • Pour les suites, il n’y en a pas vraiment, mais j’ai un exemple en tête : Greenville 1989 (2019) et sa « suite » Paris 1889, sorti un an après le premier opus en 2020, chez Sorry We Are French.

Alors pour moi on a affaire ici à un cas d’école, d’un jeu quasi identique, mais retouché dans le but de gommer les défauts du premier. Le lore est le même, à part que l’on fait un bon dans le temps 100 ans en arrière, qu’on change de lieu, mais sinon c’est tout pareil, la mécanique, le monstre à combattre, la coopération, l’ambiance, le format de la boite, l’univers graphique, tout.

Tout ou presque car les petites modifications apportent tout de même moins de difficulté dans le jeu, un accompagnement du joueur plus présent et surtout modifie à raison la durée de la partie.

Ici le second opus est beaucoup mieux que le 1er qui n’a même plus lieu d’être joué et on se rend compte qu’avec un peu plus de travail dans l’édition on aurait eu le droit de suite à la seconde boite en premier, un an avant, enfin je me comprends !

Les re-thémisations

  • Dans les re-thématisation c’est vraiment une histoire de goût, par exemple je préfère l’ambiance horrifique et qui sent les algues de L’Insondable, chez FFG, que son original Battlestar Galactica.

Pourquoi changer quand ça colle plutôt bien, et qu’il n’y a pas d’histoire de licence derrière (ce que je crois être la raison pour Battlestar Galactica) ?

  • Autre exemple, je vais préférer Louis XIV chez Ravensburger que la version « simiesque » Mafiozoo sortie 12 ans plus tard en 2017 chez Super Meeple.

  • Alors quand par exemple le jeu souffre d’un défaut d’édition, comme pour Ethnos, sorti en 2017 chez Cool Mini Or Not (CMON), dont les illustrations de la boite promettaient aux joueurs un jeu heroic fantasy de confrontations et une fois ouverte laissait entrevoir un jeu de majorité maronnasse avec une thématique plaquée argent : la déception ! Sa réédition re-thémisée chez Space Cowboys en 2023 sous le nom de Archeos Society est pour moi beaucoup plus fraîche, avenante, et tient beaucoup mieux ses promesses dans son gameplay plus diversifié et son matériel plus réaliste. NDLR : et coup de tonnerre, on annonce une deuxième édition à la première édition d’Ethnos pour l’an prochain … un an à peine après sa réédition !! Le monde à l’envers !

Les gammes

Concernant les gammes, on peut parler de la série des Unlock (chez Space Cowboys), qui propose au grès de ses 14 boites sorties depuis 2017 (NDLR : plus ses Short Adventures), des scénarios originaux, aux thématiques et difficultés différentes, et dont chaque boite apporte des twists différents. Dans ce cas-là il n’y a pas de préférence mais un jugement apporté sur le niveau de qualité d’écriture des scénarios proposés.

Récemment on a pu également voir la sortie de Sur les Traces de Marie Curie, dans la même série que Sur les Traces de Darwin, l’indice est dans le titre, mais aussi la charte graphique, et on se rend compte que ce n’est pas facile de passer après un jeu qui a eu du succès. Peut être que SWAF (Sorry We Are French) n’aurait pas dû brouiller les pistes avec ce titre pour un jeu qui n’a ni le même matériel, ni la même mécanique et ni la même cible. Le marketing a ses limites il parait !

Du côté de Days Of Wonders, on s’y connait aussi en série, Les Aventuriers du Rail en sont la preuve avec des jeux stand alone (= jeu indédepdant) comme la version Europe, Autour du Monde, Légendes de L’Ouest, Allemagne et aussi la très belle édition Marklin qui arbore une jolie teinte noire.

(NDLR : On peut aussi évoquer la gamme des Azul déclinés en plusieurs versions plutôt différentes).

Des rééditions pour un public différent

Enfin on terminera cette revue d’effectifs par les jeux réédités pour un public différents, et il n’y a pas meilleur exemple que la gamme Access+, imaginée par le nouveau studio d’Asmodée crée pour l’occasion le studio Access+ en 2022. Afin de rendre le jeu le plus universel possible, Access+ travaille en partenariat avec des professionnels de la santé pour développer une gamme de jeux adaptés aux personnes présentant des troubles cognitifs. Nous y trouvons les valeurs sures de la marque : Timeline, Dobble et Cortex.

Enfin, une autre initiative pour développer l’inclusivité dans le jeu de société : la gamme Access chez Gigamic, fruit d’une collaboration de l’éditeur du Nord avec l’association parisienne Accessijeux, qui permet aux joueurs malvoyants de profiter d’un jeux abstrait incontournable, j’ai nommé Quarto, et qui s’agrandit chez un autre éditeur Pixie Games, avec le tout frais TTMC Access, fonctionnant lui avec une application vocale. (NDLR : et avec Tiki Editions pour le jeu Lucky Numbers version Access comportant des éléments en braille, idem pour Mow édité au départ par Hurrican Games).

Ces initiatives viennent proposer le jeu a des publics souvent mis à la marge et la démarche est vraiment un grand bol d’air dans ce gouffre économico marketing qu’est parfois le marché du jeu de société.

Morale de l’histoire

Alors il est très compliqué, dans le jeu de société de pouvoir comparer des jeux entre eux, même s’ils font partie d’une même gamme ou d’une même série éditoriale.

Chaque jeu raconte une histoire, et cette histoire, c’est à vous de l’interpréter et de la faire vivre, alors jouez pour aimer, et aimez jouer !

Retrouvez le podcast de cette émission en vous rendant sur le lien de C’Ludik – Station Millenium => https://www.station-millenium.com/replays/lets-go-to-japan-le-point-sur-les-j/

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