[Independence Day] Bombyx

La série Independence Day se veut une présentation des maisons d’édition de jeux de société francophones. Dans ce cadre, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Juliette Schreiner, chargée de communication chez Bombyx, qui va nous présenter cette maison d’édition qui aura 10 ans l’an prochain et à qui l’on doit, entre autres, Abyss, Takenoko, la série Cardline ou les Bâtisseurs.

Mais qui est Bombyx ?

Bombyx est une maison d’édition de jeux de société basée à Quimper, fondée en 2011 par les frères Hascoët : Erwan Hascoët qui en est le président et Loïg Hascoët qui est graphiste et directeur artistique. L’équipe compte également Laura Rouquié qui est au secteur du production, Ana Iribarne qui s’occupe du marché international ainsi que Yann Droumaget et moi-même qui nous occupons de la communication, de l’événementiel et du contact avec la presse.

Car tout a un début, peux-tu me parler de la genèse de Bombyx ?

Tout commence avec Erwan qui avait créé la maison d’édition Haazgard avec 4 autres personnes puis a arrêté. Le catalogue comptais les jeux Draco Mundis, Intrigo, Hocus Pocus, Alien Menace, Dojo, Pocket Rockets, Okko et Crazy Mix . Il a préféré fondé sa propre boîte avec son frère pour faire ses propres choix tout en continuant à proposer je cite : des jeux amusants, futés, tout public et de bonne qualité.

Parle-nous de la localisation de Bombyx et du choix du nom.

Au début Bombyx était basé à Saint Maurs des Fossés, puis le directeur a déménagé en Bretagne, à Quimper, le cadre de vie est beaucoup plus plaisant qu’en région parisienne. En brainstorming (les fameuses réunions de collaborateurs qui permettent de produire un maximum d’idées nouvelles), c’est un nom qui sonnait bien en français et à l’international.

Par rapport à ton parcours personnel, pourquoi avoir choisi de travailler dans l’édition de jeux de société ?

C’est un domaine que j’affectionne et qui est créatif. Je cherchais un travail dans le milieu éditorial (papier) je suis tombée sur l’offre d’emploi Bombyx, ça m’a tout de suite plu. L’idée d’intégrer une petite équipe et de faire partie des débuts du développement pour que l’entreprise grandisse et se fasse connaître m’a plu.

Quelle est la démarche d’édition et de distribution choisie par Bombyx ?

Nous travaillons depuis la création de Bombyx avec le distributeur Asmodée. Nous nous occupons de tout le travail éditorial (choix de prototypes, des illustrations, travail sur la charte graphique, choix et suivi de production, communication) alors qu’Asmodée en France s’occupe de la partie distribution et commerciale, et communique également sur nos jeux qui apparaissent à son catalogue,

L’édition se fait d’une manière très classique. Nous avons essayé à l’époque le financement participatif pour le jeu Imaginarium où nous ne trouvions pas de distributeur pour le marché américain mais nous avons abandonné le projet en cours de financement. D’ailleurs La distribution aux Etats-Unis pendant quelques années était difficile alors que maintenant c’est plutôt du côté de l’Allemagne que c’est compliqué.

Quels sont les contraintes et les choix de fabrication ? Comment Bombyx s’intègre-t-il à la démarche d’écoresponsabilité ?

Chaque jeu a ses propres contraintes, prenez un jeu de dés et un ‘simple’ jeu de cartes, les contraintes de production ne sont pas les mêmes. Nous faisons une gamme de jeux en boîte métal et tout le matériel doit y rentrer. On peut ajouter aussi aux contraintes celle de faire des jeux jolis à un prix raisonnable pour le public. Côté écoresponsabilité nous enlevons tous les thermoformages dans les jeux, il y a à présent des cales cartons. Et il y a quelques années, il y avait un suremballage pour nos boîtes métal en plastique, nous les avons aussi enlevés.

Comment Bombyx se fait-il le mieux connaître ? Comment Bombyx s’y prend-il au niveau de sa communication ?

C’est Yann et moi qui nous en occupons. On se fait connaître en festival, dans les boutiques et sur les réseaux sociaux où nous sommes bien présents : Instagram, Facebook, Twitter, LinkedIN, Youtube. Des blogueurs et des journalistes nous font aussi le plaisir de parler de nos jeux. La piste qui pour le moment n’est pas utilisée ou abandonnée est celle des financements participatifs.

La page facebook de Bombyx
Mais en fait quelle est la ligne éditoriale choisie par Bombyx ? Sur le site on peut y lire  : « des jeux pour le plaisir des petits et grands. Des jeux familiaux de La p’tite ludothèque aux plus experts Abyss ou Imaginarium, il y en a pour tous les goûts ! »

Bombyx développe la majorité de ses jeux sous la collection « La p’tite Ludothèque », constituée de petits jeux de cartes présentés dans des boites en métal carrées au couvercle embossé.

La p’tite Ludothèque avec ses boîtes en métal

On fait des jeux qui nous plaisent et auquel on aime jouer, on ne se se prive de rien, nous sommes indépendants. Globalement on peut dire que ce sont des jeux malins avec un minimum de réflexion et de belles illustrations.

Et pour les choix on marche au coup de cœur, on y joue et rejoue. Et nous choisissons le jeu pas l’auteur. Enfin s’il est sympathique ça rajoute un plus ! Au niveau des illustrateurs nous aimont les univers forts, et pas forcément quelqu’un qui a illustré des jeux. L’illustrateur doit correspondre à la ligne éditoriale souhaitée du jeu. C’est nous qui le cherchons ou il vient à nous en présentant son book par email ou en festival.

Comment l’éditeur s’intègre-t-il dans la conception des jeux qu’il édite ?

Tout dépend de l’état du prototype, mais nous sommes présents dans la majorité des étapes et surtout pendant l’édition, le cœur de notre métier ; nous pouvons proposer à l’auteur des pistes de développement du jeu, la création de l’univers graphique du jeu, la rédaction des règles, la création du packaging, le choix du matériel et le suivi de production. Nous jouons aussi un rôle au moment de la sortie où nous travaillerons sur la communication pour faire connaître le jeu en France et à l’international.

Et un jeu chez Bombyx, ça prend du temps avant qu’il sorte ?

L’édition étant un travail d’échange entre les auteurs et les illustrateurs, il y a beaucoup d’allers-retours et donc de l’attente entre les différentes versions du jeu, l’évolution des illustrations, les tests, la rédaction des règles, le graphisme et les traductions. Je dirais donc un minimum de deux mois si on additionne toutes les heures travaillées sur la partie éditoriale. Enfin un jeu en boîte métal nous prendra moins de temps qu’un jeu avec plus de matériel.

Parlons un peu des jeux édités par Bombyx.

Ce sont prêts d’une vingtaine de jeux qui sont encore au catalogue Bombyx, parmi eux on peut trouver des jeux qui sont presque devenus pour certains des classiques :

Abyss.

Abyss est un jeu de développement, de combinaisons et de collecte dans lequel le joueur essayera de prendre le contrôle des différents lieux stratégiques du royaume. Cela se fait sur trois niveaux : collecter les Alliés de votre choix qui vous permettront de recruter les Seigneurs, qui eux-mêmes vous donneront accès à différents Lieux de la cité.

Takenoko

Takenoko est un jeu créé en 2011 par Antoine Bauza et co-édité par Bombyx et Matagot. Le mot japonais « takenoko » signifie « pousse de bambou ». Takenoko a remporté l’As d’or Jeu de l’année 2012. Dans Takenoko, Le joueur qui fera pousser le plus de bambous en gérant au mieux ses parcelles et en satisfaisant l’appétit délicat du panda remportera la partie.

Imaginarium

Dans Imaginarium, vous allez réparer, démonter, combiner et utiliser de curieuses machines pour obtenir du charbonium et des ressources nécessaires à la validation des projets en cours. Ces projets sont le meilleur moyen de montrer vos compétences et d’accumuler des points de victoire.
Pour avoir une chance de rejoindre l’ordre des Grands Machinistes, vous devrez gérer au mieux vos ressources, vos combinaisons d’actions et la place disponible pour vos machines dans votre atelier. L’entreprise est ambitieuse ! Heureusement vous pourrez recruter des assistants qui vous apporteront une aide précieuse dans cette course à l’objectif.

Les Inventeurs

Qu’aurait donné la collaboration de Gutenberg et Marie Curie sur l’automobile ? Si Edison, Hippocrate et Fibonacci avaient oeuvré ensemble sur le sablier, Lequel aurait obtenu la paternité ? Tesla serait-il devenu célèbre s’il avait inventé le Zeppelin ? De l’invention du feu à celle de l’ampoule électrique, d’Aristote à Einstein, c’est toute l’histoire du progrès technique que les Inventeurs vous invite à revisiter. Dans les Inventeurs, le principe du jeu est simple : participer à la réalisation d’inventions et se voir attribuer leur brevet pour gagner les points de victoire qui feront de votre équipe d’inventeurs la plus célèbre de tous les temps.
Tous les joueurs (inventeurs) travaillent aux inventions. Les joueurs qui auront le plus fait progresser l’invention pourront se partager les récompenses: Points de victoire, ou amélioration de leurs personnages. Le joueurs le plus inventif remportera la partie.

Les Bâtisseurs

Il y a deux versions : Bâtisseurs Antiquité, Bâtisseurs Moyen âge.

Les Bâtisseurs Antiquité : Des jardins suspendus de Babylone aux pyramides d’Égypte, en passant par le Parthénon Grec, l’Antiquité offre tout un panel de défis à ses bâtisseurs. C’est pour les relever que vous endosserez vos habits de maître d’oeuvre.
Entre l’embauche de vos ouvriers, leur formation, l’achat d’esclaves ou d’outils et le recours à l’emprunt, il vous faudra faire les bons choix pour réaliser votre rêve : devenir le plus grand bâtisseur qu’ait connu cet âge. Le joueur qui aura construit les meilleurs bâtiments (et donc remporté le plus de points de victoire) remportera la partie. Bâtisseurs antiquité est le petit frère de Bâtisseur Moyen Âge. On y retrouve donc la même mécanique avec toutefois plusieurs ajouts: Les esclave (que l’on achète mais qui ensuite ne coûte aucun salaire, les outils (qui permettent d’augmenter les   performances des ouvriers), le recourt au crédit (qui permet de gérer différemment ses finances).

Cardline

Le mouton est clairement plus grand et plus lourd que le hérisson, mais vit-il plus longtemps pour autant ? J’imagine que oui. Mais alors qu’en est-il de la tortue d’Herman ? Elle est petite et légère elle aussi, pourtant il me semble qu’elle peut vivre très longtemps. Mais « très longtemps » ça veux dire quoi comparé à un éléphant ou une baleine ? Pfffff… Ce n’est pas si facile d’estimer l’espérance de vie d’un animal, je m’en sortirai sans doute mieux avec la taille ou le poids. Dans Cardline, il faut faut parvenir à classer les cartes d’animaux selon leur poids, taille ou longévité. Chacun joue à tour de rôle en plaçant une de ses cartes dans l’ordre au centre de la table (en cas d’erreur on repioche une nouvelle carte). Le premier joueur qui parvient à se débarrasser de toutes ses cartes remporte la partie.

Avant que le jeu sorte nous faisons pas mal parler d’eux, comme les Bâtisseurs et les Inventeurs avec un championnat organisé dans toute la France ou Abyss et Conspiracy avec ses 5 couvertures.

Peux-tu nous présenter les sorties prévues pour la fin d’année ?

Codex sera notre prochain jeu en boîte métal, c’est un réel coup de cœur au festival de cannes 2019. Il a été créé par un jeune auteur breton, membre du GRAL ( (Gang Rennais des Auteurs Ludiques) qui est d’ailleurs né à Quimper.

L’extension d’Imaginarium sera sorti aussi avant Noël, on peut jouer par équipe jusqu’à 6 joueurs, à présent nous pourrons fabriquer des rêves.

Quels sont les projets à moyen et long termes ?

Lueur sortira en début d’année 2021. Le jeux est en cours de production, nous venons de recevoir les prototypes prêts à être envoyés à nos partenaires internationaux.

Humanity sortira fin 2021 je dirais. Le jeu de Yoann Levet est le plus expert des jeux Bombyx. Nous sommes en cours de développement et nous avons trouvé l’illustrateur, le talentueux Paul Chadeisson.

Tous ces projets aboutissent en travaillant et en y croyant 😉

Quel impact a (ou a eu) la crise liée au Covid sur un éditeur comme Bombyx ?

La partie événementielle a été mise en standby du fait de toutes les annulations des festivals. Nous n’avons pas pu parler de nos nouveautés, mais grâce à l’initiative de personnes impliquées, des festivals comme Bien Ouej et Ludistories ont pu voir le jour, nous y avons participé.

Comment vois-tu l’évolution du marché de l’édition du jeu ?

Le marché devient de plus en plus prolifique, il faut savoir se démarquer. Le public devient aussi de plus en plus nombreux, je ne me fais pas trop de soucis pour le monde du jeu. Je pense qu’il a de beaux jours devant lui !

Enfin qu’est-ce qui selon toi fait l’originalité d’un éditeur comme Bombyx ?

Nous travaillons plus sur la qualité que la quantité, en effet nous sortons peude jeux par an. Maximum 3 à 4 jeux par an. L’équipe Bombyx a le soucis du détail et on essaie de faire du mieux que l’on peut pour notre public et parce que ça nous fait plaisir : Un univers graphique original, une production de qualité, un jeu où l’on prend plaisir à jouer. Je pense que ça se ressent quand on a un jeu Bombyx entre les mains. En tout cas on l’espère !

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