[Festival] Les 28h du jeu – Alby-sur-Chéran

Presque aussi prestigieux que le Spiel d’Essen, le festival des jeux d’Alby-Sur-Chéran (Haute Savoie) s’est tenu le we du 14-15 Octobre 2023. C’est 28h de jeu non stop avec des tables de jeux libres, quelques éditeurs locaux (U Token to me, Astro Edition, Platipus Games) mais surtout des auteurs venus présenter leurs prototypes au publique.

Vous connaissez mon amour pour les jeux en cours de développement, aussi, nous allons dans cet article nous intéresser à quelques uns d’entre eux.

Divination

Divination est le nouveau jeu en cours de développement d’Adrien Hesling, l’un des auteurs du gagnant de l’As d’Or 2020 : Oriflamme. J’étais ravis de le rencontrer pour la première fois.

Divination est un jeu de draft, de guessing et de collection pour 2-5 joueurs pour des parties de 20 minutes.

A chaque tour, les joueurs reçoivent des cartes (9 au début, puis 8, puis 7 etc…). Les joueurs choisissent secrètement une des cartes à l’extrémité de la main (celle de gauche ou celle de droite) et la dispose sur l’emplacement du paravent correspondant au tour en cours.

Puis les joueurs tente de deviner quelle carte vont choisir les autres joueurs. On peut prendre des risques en devinant plusieurs joueurs, et cela rapporte de plus en plus de points, mais une seule erreur et vous perdez tous les points.

Les cartes que vous choisissez rapportent des points en fonction de leur type : Certaines rapportent 1 ou 2 points par carte de la même couleur (5 au total), d’autres scorent en fonction de leur type, d’autres si elles sont uniques, ou encore en fonction de leur position dans votre tableau.

Le sel du jeu, c’est vraiment de pouvoir deviner ce que vont prendre les autres joueurs. La mécanique de collection étant plutôt classique.

Alors vous aurez le choix entre prendre une carte qui vous intéresse vraiment ou une carte qui vous permet de deviner plus facilement le choix des autres. Si en prenant une carte, la main que vous passez est constituée des cartes de la même couleur à leur extrémité, alors votre divination sera facile.

J’ai bien aimé le jeu. Si la partie divination n’est pas suffisamment mise en avant et pas suffisamment rentable en terme de points, la promesse est belle est bien là. Il y a plus d’interaction (indirecte, certes) que dans un jeu de draft lambda.

Flip Astero

Flip astero, c’est un peu l’OLNI du festival. Avec l’auteur, Erwan Dupont-Romano, nous avons été incapable de définir une mécanique principale.

Les humains sont partis du système solaire en laissant tous leurs déchets derrière eux. Les joueurs reviennent pour nettoyer cette décharge spatiale.

A son tour, chaque joueur va choisir une astéroïde à piloter en fonction de la roue qu’il a devant lui. Selon la position de la roue, on peut effectuer une, deux ou trois action avec. Une action consiste simplement à déplacer un astéroïde en ligne droite jusqu’à ce qu’il rencontre un obstacle (un autre astéroïde, un déchet, le bord du plateau)

S’il rencontre un autre astéroïde, le joueur gagne 2 points. S’il rencontre un déchet représenté par un chiffre, il gagne ce montant en points de victoire. S’il rencontre un déchet sous forme d’icône, on déplace son curseur sur le tableau des points du symbole correspondant.

On peut dépenser du carburant pour augmenter le nombre d’actions, ou jouer des cartes pour bénéficier d’effets. Attention plus vous jouez de cartes, moins vous gagnez de points en fin de partie.

Une fois que le joueur a fini son tour, il positionne l’astéroïde qu’il a joué sur la case zéro de sa roue, l’empêchant de jouer cet astéroïde deux fois de suite.

A la fin de chaque manche, on rapproche ou on éloigne les déchets d’une couleur. Puis régulièrement, on enlève un astéroïde qui ne sera plus utilisable jusqu’à la fin de la partie.

Flip Astero est un super jeu assez casse tête, qui manque à mon avis de dynamisme et de chaos. J’aurais bien vu une mécanique de rebond des objets percutés, pour augmenter l’effet flipper que l’auteur veut apposer à son jeu.

Le scoring, notamment celui des objets est encore à peaufiner, et il y a encore quelques réglages à faire notamment sur l’usage du carburant ainsi que l’équilibrage des cartes, mais le jeu est déjà très satisfaisant en l’état.

Un jeu à suivre avec le plus grand intêret !

Grand Plateau

Il s’agit du premier jeu de Christophe Diot. Grand Plateau est un jeu pour 3-5 joueurs. Dans Grand Plateau, les joueurs vont incarner un directeur sportif d’une équipe de cyclisme.

Jouable en une seule course ou en plusieurs étapes, le jeu se veut une simulation assez fidèle d’une course cycliste. A mi chemin entre Heat et Formule Dé, le jeu va simuler la stratégie dune course, les efforts à fournir dans les côtes et l’économie des coureurs clef dans les plats et les descentes.

Grand Plateau reproduit effectivement bien les sensations d’une course cycliste et il y a de grande chances qu’on puisse assister à des évènements qui se produisent en réalité : Le peloton bien groupé dans les parties faciles, le peloton qui s’étire dans les difficultés, le sprinteur qui reste en arrière toute la course et qui double tout le monde au sprint, ou au contraire qui lâche le peloton dans les montages, des chutes dans les descentes etc…

Il n’y a pas de tours de jeu au sens traditionnel du terme. Quand dans la majorité des jeux de courses sportives, on joue dans l’ordre des cyclistes en commençant par celui qui est en tête.

Quand on active un concurrent, on lance un dé correspondant au type de terrain sur lequel on est : (plat, colline, montage). Le dé de plat ne fait que des 5 et des 6, celui de colline 3-4 et celui de montage 1-2.

Si un coureur arrive sur une difficulté avec un dé qui ne lui correspond pas, on double ou triple la case.

Le joueur peut choisir d’avancer une case de moins que la valeur du dé pour économiser son équipier. Dans ce cas, un cube à la couleur du personnage est ajouté à une boite (le nombre de cubes d’un joueur est gardé secret)

Un cube est également ajouté à la boite si un concurrent se positionne pile derrière un autre, profitant ainsi d’un effet d’aspiration qui économise ses forces (on se fait alors traiter de suceur de roue par les autres).

Avec le dé de vitesse, on lance systématiquement un dé à 20 faces. Si celui ci fait 1, alors un incident se produit : on tire une carte et on applique son effet : crevaison, freins bloqués, coup de chaud, fatigue, ect…

Dans une descente, on peut profiter de deux cases gratuites au risque de tomber (1 ou 2 sur le d20). En cas de chute le joueur met 1 ou 2 tours à se relever.

Les cubes accumulés représente la fraîcheur du coureur. On peut à tout moment les dépenser pour mettre un coup de pédale et avancer d’autant de cases que de cubes dépensés. Les cases de difficulté sont alors toutes considérées comme du plat. On peut donc franchir des difficulté en utilisant des cubes plutôt que des dés et rester dans la course.

Il y a vraiment des stratégies à mettre en place et quiconque suis le cyclisme sur route peut mettre en place les vraies stratégies, et elles fonctionnent.

Dans ma partie j’ai laissé mon sprinteur à l’arrière toute la course et veillant à le faire accumuler des cubes. Il a doublé tout le monde sur la dernière ligne droite en utilisant ses cubes et a fini par gagner la course ! J’ai bien sûr veillé à positionner mes autres coureurs de façon à gêner les sprinteurs adverses.

Durant toute la première partie de la course, on va donc veiller à se positionner et à accumuler des ressources pour préparer le sprint final. On va tenter de forcer les autres à puiser dans leurs ressources en sacrifiant un coureur pour tenter un échappée et forcer les autres à dépenser des cubes pour le rattraper.

On a bien l’impression d’assister à une vraie course cycliste et c’est super cool !

J’aurais cependant aimé que les coureurs soient plus personnalisé. En effet, on a bien des grimpeurs, des sprinteurs, des polyvalents et des rouleurs, mais tous les concurrents sont identiques à l’intérieur d’une catégorie.

Le calcul des écarts quand on fait une courses par étape n’est pas très intuitive, mais quelqu’un qui connaît bien le cyclisme n’aura pas de mal à le comprendre.

Grand Plateau, c’est vraiment un jeu de simulation. Un case fait à peu près 3 km, une case d’écart à l’arrivée représente 10 secondes, on peut reproduire assez fidèlement à peu près n’importe quelle étape cycliste. Christophe a même prévu des pavés pour le Paris-Roubaix !

Grand Plateau est une très belle surprise et j’ai beaucoup aimé la partie que j’ai faite !

Mafiosa

Mafiosa est un jeu pour 2 joueurs de Brian Jaria que j’avais rencontré au festival de Chambéry. Quel plaisir de le retrouver avec un tout nouveau jeu qui est à l’étude chez un grand éditeur en plus !

Un des joueurs incarne la Marie d’une grande ville, l’autre l’organisation mafieuse. On distribue toutes les cartes qui sont uniques. Elles comportent un numéro allant de 1 à 15. Les joueurs ont une carte particulière de leur faction et l’une des cartes distribuée est spéciale : le Diocèse.

Chacune des cartes numérotée ne peut être posée qu’à côté de 3 cartes dont les numéro sont indiqués dessus. Une fois posée, elle influence 3 autres cartes dont les numéros sont également indiqués dessus.

A son tour, chaque joueur pose dans la ville une de ses cartes en respectant la règle de pose : elle ne peut être placée qu’à côté d’une des cartes indiquées en haut de celle qu’on pose. Si elle est posée à côté d’une carte qu’elle peut influencer, on retourne cette dernière du côté de sa couleur.

Une fois toutes les cartes posées, celui qui en a le plus à sa couleur remporte la partie.

Mafiosa est un petit jeu très intéressant et assez casse tête où l’on va devoir bien réfléchir aux cartes qu’on pose, où on les pose et si l’adversaire est en mesure de l’influencer ou non.

Il est possible de faire des combos de protéger ses cartes en regardant les cartes de l’adversaire qui sont face visible. On sait donc où il peut jouer et quelles cartes il peut influencer.

On est un peu perdu au début avant de comprendre comment fonctionnent les cartes, mais on s’y fait vite.

Mafiosa est un jeu à suivre de près !