[Test] Evil Corp – Qui sera le plus diaboliquement repoussant ?

	2 – 4 joueurs		Jeremy Ducret
	12 ans et +		Djib Olivier Derouetteau
	30 à 60 minutes		La boite de jeu
	Bag building Placement		Blackrock Games
	Novembre 2023		Monstres démoniaques
	PVC : 40€		et dans

Nous avons pu découvrir le jeu Evil Corp un peu avant sa sortie, au salon professionnel du festival de Vichy ! Une des premières choses que nous avons entendues à son sujet : c’est un jeu excellent à deux, mais seulement à deux !

Qui dit jeu à deux dit jeu qui attise forcément notre curiosité ! D’autant qu’il nous fallait le tester à 3 et 4 également, afin de voir si ces configurations fonctionnaient réellement…

Au final, nous le préférons effectivement largement à deux ! Pour autant, les sensations sont différentes à trois et quatre joueurs, mais l’aspect d’affrontement et tir à la corde ne prend réellement sens que sous une configuration de duel où le jeu s’en trouve complètement optimisé. 

C’est un jeu que nous avons bien apprécié, avec un design loufoque qui divise un petit peu parmi nous, un thème bien barré et une mécanique qui ne réinvente pas grand chose mais qui fonctionne plutôt bien !

Dans Evil Corp, les joueurs travaillent depuis 666 générations à effrayer les villages humains. Ici, il vous faudra être le plus effrayant et repousser les humains le plus rapidement vers votre adversaire pour l’emporter !

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

• 3 plateaux Village recto verso
• 45 tuiles Monstre
• 24 tuiles Monstre de Base
• 3 tuiles Démon
• 1 plateau Bureau de la Evil Corp
• 3 Pions Pillage
• 3 Pions Pierre de Pouvoir
• 3 pions Terreur
• 6 pions Conquête
• 30 jetons Pièce d’Or
• 9 jetons Pièce d’Or Magique
• 1 sac Evil Corp
• 3 sacs Joueur
• 4 paravents
• 1 pion Premier Joueur
• 6 jetons Victoire

Comment on joue à Evil Corp ?

Les joueurs procèdent tout d’abord à la mise en place du jeu, en fonction du nombre de joueurs (à 4 joueurs, ils jouent en 2 équipes de 2). Ils prennent un sac Joueur, y glissent les tuiles indiquées par le livret de règles et mélangent le tout. Puis ils piochent leurs tuiles de début de partie, les glissent derrière leurs paravents et peuvent commencer à jouer !

Le tour de jeu

Evil Corp se joue en une succession de manches jusqu’à ce que la fin de la partie soit déclenchée. Chaque manche est divisée en 2 phases : une phase jour et une phase nuit.

Durant la phase jour, chaque joueur joue une action à tour de rôle, parmi les 4 suivantes : 

• Déployer un monstre : parmi les tuiles monstres derrière son paravent, le joueur décide d’en placer une sur l’un des emplacements libres de son côté du plateau Village qu’il souhaite. Plusieurs types d’emplacement sont disponibles, chacun avec ses particularités (champ de bataille, fortification, portail démoniaque, port) : c’est donc ici qu’intervient la mécanique de placement. 
• Activer un pouvoir de monstre : parmi ses tuiles déjà déployées, si l’une d’entre elles possède encore un pouvoir activable, le joueur peut choisir de l’activer.
• Recruter un monstre : un plateau Bureau de la Evil Corp se trouve au centre de la table, sur lequel le joueur peut choisir de recruter un monstre. C’est ici que l’on trouve la mécanique de bag building. 
• Passer : le joueur peut décider de passer lorsqu’il ne peut plus ou ne souhaite plus jouer.

Lorsque tous les joueurs ont passé, la phase nuit intervient. Elle se réalise simultanément par tous les joueurs, en résolvant l’éventuel effet de la jauge terreur si le pion se trouve du côté de l’adversaire, en mettant à jour certains emplacements des plateaux Village, et en défaussant les tuiles monstres qui doivent l’être. Les joueurs entretiennent enfin le plateau du Bureau de la Evil Corp en actualisant les monstres qu’il propose à l’embauche. 

Les joueurs entament ensuite une nouvelle manche, à moins que la fin de partie ne soit déclenchée.

La fin de partie

Si à la fin d’une manche, un joueur possède 2 jetons Victoire, alors il est déclaré vainqueur !

À première vue, nous n’étions pas ultra fans du design de la boite de jeu d’Evil Corp, un peu trop claire à notre goût pour un thème censé être diabolique…ces tons de blanc et de bleu lui donnent finalement un air assez angélique qui contraste. 

Autrement, la DA et le design dans l’ensemble sont plutôt sympas ! Les illustrations des monstres sont originales, elles ont pas mal divisé les avis parmi les joueurs autour de nous, certains les trouvant complètement barrées, d’autres justement un peu trop…De notre côté nous les avons bien appréciées, mais nous avons trouvé l’ensemble du jeu une fois installé un peu discordant dans sa présence sur table…les plateaux village ont finalement un aspect très simple et un peu fade à côté des tuiles monstres et du plateau bureau de la Evil Corp.

L’ensemble nous a finalement complètement fait penser à une DA de jeu sur mobile, ne serait-ce que dans les couleurs choisies. Cela n’est en aucun cas péjoratif, simplement ce qui pourrait expliquer les avis divisés que nous avons recueillis sur le design de ce jeu, qui ne fait finalement pas tant jeu de société que ça. 

Autrement l’iconographie est plutôt claire une fois prise en main, et l’ensemble du jeu est très lisible ! C’est un design surprenant, qui casse un peu les codes mais ce n’est parfois pas plus mal, et sans être époustouflant, la présence sur table finale est plutôt sympa. 

Le rapport qualité prix d’Evil Corp est tout à fait correct pour nous, ce prix n’est pas exorbitant, ni très bas, et le matériel proposé est de très bonne qualité. 

Évidemment et comme souvent, la boite nous a d’abord paru grande, mais c’est vite expliqué par les plateaux, et inévitablement les tuiles à dépuncher…ces tuiles et plateaux sont de bonne qualité, ici non plus, rien d’extravagant, mais tout fonctionne très bien !

Nous pouvons saluer la qualité des sacs en tissu qui sont estampillés, bien cousus, ce qui est toujours agréable, surtout pour un jeu de bag building. Idem pour les pions et les jetons, nous n’avons rien à redire sur leur qualité.

Les paravents aussi sont qualitatifs, bien que, comme souvent avec ce type de matériel, il n’est pas forcément pertinent de faire un rappel des règles à l’intérieur, puisqu’avec l’inclinaison il n’est pas forcément aisé de le lire.

Au final, nous y reviendrons mais Evil Corp se révèle légèrement cher pour nous dans la mesure où pour le type de joueurs que nous sommes, il est évident que nous n’y jouerons pratiquement plus qu’à deux puisque c’est là que se révèle son vrai potentiel. En revanche, il se destine parfaitement à un public plus familial qui saura apprécier y jouer à 3 et 4 également, et où le prix se justifiera donc parfaitement !

Pour le coup nous avons trouvé ce thème d’Evil Corp vraiment très sympa ! Cette idée de faire fuir les villageois vers les autres est originale, et pour le coup en totale cohérence avec les mécaniques du jeu. Le bag building est facile à ressentir dans le recrutement des nouveaux monstres, la mécanique de placement également, avec une cohérence dans les noms accordés aux différents emplacements selon leurs pouvoirs. Nous avons également apprécié que la mécanique de tir à la corde soit si bien accordée avec le thème !

Ce n’est donc en aucun cas un thème plaqué, mais pour autant il ne prend pas trop de place ! Pas plus de blabla que ça, aucun storytelling, nous n’en sommes pas non plus au jeu abstrait, mais tout de même la thématique est très légère. Ce qui n’est pas dérangeant pour autant !

Cela se révèle plutôt en accord avec l’entièreté du jeu, rien de très extravagant, mais de la cohérence, et un ensemble très efficace et en tout cas agréable à jouer. 

Concernant les mécaniques de jeu, Evil Corp regroupe un système de « tir à la corde » s’alliant astucieusement avec du placement, le tout ordonné autour du bag building.

Le système de bag building ne réinvente rien et est vraiment très classique : chaque joueur commence avec le même sac puis le fait évoluer en achetant de nouvelles tuiles dans une rivière (elle aussi très classique). Cette mécanique à déjà fait ses preuves et fonctionne à merveille, nous regrettons donc cependant l’absence d’une légère touche d’originalité, pourquoi ne pas pouvoir interagir plus que ça avec le sac de son adversaire par exemple ? Ce système de bag building sous-exploité rend parfois certains moments de la partie un peu plats, nous n’avons en tout cas pas ressenti d’adrénaline particulière en piochant nos tuiles, puisqu’aucun risque ne nous attend dans notre sac, aucun risque d’exploser ou d’un quelconque twist particulier.

Le système du marché de tuiles, lui aussi est des plus communs, les nouvelles tuiles qui apparaissent coûtent plus cher que les anciennes, et ces dernières disparaissent à la fin de chaque manche afin de renouveler le marché. Ici encore, rien de nouveau, pas de prise de risque, mais tout fonctionne.

La petite touche d’originalité d’Evil Corp, se trouve dans son système de « tir à la corde », que l’on trouve assez rarement dans des ludothèques (la nôtre en tout cas). En effet, lors de l’entretien des plateaux Village, les joueurs marquent des points en fonction de l’échelon des jauges terreurs partagées. En bref, si je fais plus peur aux villageois que toi, je gagne des points, mais si je fais vraiment beaucoup plus peur aux villageois que toi, je gagne beaucoup de points.

Concernant la jouabilité en fonction du nombre de joueurs. Définitivement, nous avons ressenti que le jeu a clairement été créé pour deux. En effet, à deux joueurs, le jeu reste dynamique dans son alternance des tours, et crée un vrai affrontement de question / réponse dans le duel : « Ah tu m’attaques de ce coté, alors moi je t’attaque là », Tu prends la pierre pouvoir ? Alors moi je me déploie dans une fortification.. etc ».

Cet affrontement se traduit beaucoup moins voire pas du tout à trois joueurs. Une adaptation des règles de placement de tuiles devenant éligibles ou non s’ajoute et enlève une partie de l’essence du jeu. Si vous voulez jouer à trois, d’autres jeux seront bien plus efficaces ou en tout cas plus adaptés. Enfin à quatre, c’est un mode par équipe qui entre en jeu. Ce dernier tient la route, mais les tours sont forcément plus longs, et ce n’est pour notre part pas vraiment ce que nous attendons d’un jeu en 2 contre 2.

C’est pour ces raisons que nous pensons que le jeu a été designé pour deux joueurs, et aurait peut-être dû le rester, malgré le fait qu’il saura très certainement trouver son public dans ses autres configurations, qui se révèlent par conséquent un peu plus familiales.

Enfin, la rejouabilité du jeu se trouve surtout dans le hasard des monstres qui seront proposés au marché. Sinon, d’une partie à l’autre les sensations de jeux restent assez similaires, avec un arrière goût chaotique que certains apprécieront surement.

Les règles d’Evil Corp sont très accessibles, et le code couleur utilisé sur les tuiles et leurs placement rend le jeu facilement explicable à de nouveaux joueurs à l’oral !

Le livret de règle est agréablement illustré, rendant sa lecture et sa compréhension fluides. L’annexe en fin de livret expliquant chaque pouvoir de tuile est la bienvenue même si l’explication de l’iconographie en quatrième de couverture se suffit déjà à elle-même.

Encore une fois, la lecture des règles nous a fait ressentir que le jeu est prévu pour être joué en duel puisqu’elle est parfaitement adaptée pour, avec une sensation de « variantes » pour 3 et 4 joueurs. Mais c’est un très bon livret de règles, et un jeu facile à expliquer par la suite également. 

Retrouvez les règles du jeu : https://undecent.fr/banque-de-livrets-de-regles/

Que dire sur cet aspect d’Evil Corp ? C’est un sans faute absolu ? Nous vous conseillons de laisser des tuiles monstres dans vos sacs en tissu en fin de partie, de façon à ce que la mise en place soit encore plus rapide puisque vos sacs seront déjà configurés pour le début de partie.

La mise en place des plateaux est très rapide et n’a absolument rien de compliqué. En termes de rangement également, rien à redire, les pochons sont parfaits, la boite est de taille largement suffisante…parfait !

Verdict ?

Ce que j’ai ❤️

• Le design des tuiles monstres original et complètement barré !
• Le thème hyper cohérent avec les mécaniques de jeu
• La mécanique de tir à la corde

Ce que j’ai 💔

• La mécanique de bag building un peu sous-exploitée…
• Un jeu designé pour 2, là où l’on ressent vraiment des « variantes » pour 3 et 4 joueurs.

Conclusion

Evil Corp est une jolie découverte de notre côté, avec comme habituellement des points forts mais quelques petits couacs également ! 

Ce design nous inspirant vraiment un jeu mobile nous a finalement bien plu, doublé de ce thème très bien adapté et cohérent avec les mécaniques de jeu !

Ces dernières nous ont laissés mitigés, dans l’idée où elles auraient pu peut-être être un peu plus exploitées, notamment le bag building qui ne réinvente pas grand chose, bien qu’il fonctionne très bien ! Nous apprécions en revanche beaucoup cette mécanique de tir à la corde, puisque c’est finalement…un jeu d’affrontement désigné pour deux joueurs 🙂

Plus sérieusement, et ce sera notre remarque de fin, nous comprenons maintenant les premiers avis que nous avons reçus sur le jeu, et sommes entièrement d’accord avec eux. Evil Corp trouve entièrement son essence et son potentiel dans une configuration à 2. Alors oui, les sensations sont complètement différentes à 3 et 4 joueurs, et trouveront très certainement leur public, mais nous les avons de notre côté plutôt ressenties comme des variantes…

Ce n’est pas pour autant rédhibitoire mais pourrait peut-être être plus mis en avant, c’est en tout cas quelque chose que nous aurions aimé savoir dans le cas où nous l’aurions acheté en boutique !

Le jeu présenté ici nous été gracieusement envoyé par l’éditeur. Mais comme aucun dessous de table n’a été observé, cet article sera aussi bien baigné d’une objective bienveillance comme il pourra se révéler plus acerbe.

D’autres avis sur Evil Corp :

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