[Test] Pour la Reine, après vous son altesse …

2-6 inventeurs de scenariosAlex Roberts
14 ans et plusAlena Zhukova, Arlei Dormiendo, Caleb Hosalla,
Constance Bouckaert, Denise Jones, Elisa Cella,
Joyce Maureira, Klaudia Bulantová, Lauren Covarrubias,
Maegan Penley, Shel Khan et Stephanie Böhm
30 à 60 minutesBragelonne
Cartes, narrativisme, contesMédiéval
14,90 € chez Tsuro et dans

Qu’est-ce qu’on fait dans Pour la Reine ?

Vous vivez dans un royaume en guerre depuis des décennies, la reine vous a choisi vous et personne d’autres pour l’escorter au cours d’une mission diplomatique vers un lointain pays. Serez-vous prêt à défendre votre monarque au moment fatidique ?

Du rollplayer non exclusif

Pour la reine est un jeu de carte narratif au cours duquel 2 à 6 inventeurs de scénario se réuniront pour répondre au final à la grande question : « La Reine est attaquée. La défendrez-vous ? ». Votre personnage restera-t-il fidèle à la Reine ? Ou avez-vous choisi la voie de la trahison et du complot ? Vous ne saurez pas toujours pas au départ de la partie quel sera votre choix final. Vous allez construire une histoire en répondant à des questions au sujet de la reine et de votre relation avec elle. La question finale surviendra plus ou moins tôt. L’auteur annonce une partie de 30 minutes en jouant avec la moitié des cartes, le double avec toutes les cartes. Bien évidemment, la durée s’avère très variable selon la propension de chacun à s’étaler plus ou moins longtemps en tant que conteur. Par certains points de règles, les joueurs peu à l’aise avec l’idée d’inventer des histoires en public ne seront pas exclus. Ce jeu narratif fait appel à l’imagination et à un minimum d’investissement des participants afin de créer l’histoire qui vous convient ensemble. Il peut même devenir un jeu d’ambiance en fonction de la tournure de l’histoire que l’on peut lui donner !

Nous sommes dans un carrosse avec la reine en route pour un pays lointain afin de négocier une alliance et vous allez voir que chaque partie ne ressemblera jamais à une autre …

Qu’est ce qu’on trouve dans la boite de Pour la Reine ?

  • 17 cartes Instructions numérotées
  • 46 cartes Question
  • 14 cartes Reine illustratives
  • 1 Carte X
  • 1 Carte Crédit

Toutes les cartes sont de grand format.

Comment on joue à Pour la Reine ?

Mise en place

On commence par séparer les cartes, la carte X est mise au centre de la table, à portée de tous les joueurs. Les cartes Instructions représentent la règle de jeu et sert également de mise en contexte des participants.

Ensuite on choisit conjointement une carte Reine parmi les 14 disponibles, celle qui nous inspire le plus, celle pour qui nous donnerions notre vie …. ou pas. Et c’est un choix très important qui conditionnera le déroulement de la partie. On continue en enlevant la carte Question sur laquelle est écrit « La reine est attaquée, la défendez-vous ? », il s’agit de la carte qui marque la fin de partie, puis on mélange les cartes Question et on replace cette carte soit au milieu de la pile mélangée pour une partie de 30 min soit en fin pour 60 min. La pioche est ensuite posée face cachée au milieu de l’espace de jeu.

Déroulement de partie

Le déroulement d’une partie est extrèmement simple, chaque joueur à tour de rôle va piocher une carte de la pioche des cartes Question.

  • Il va lire, déclamer à voix haute, à sa manière, ce qui est écrit dessus. Il va tenter de donner la réponse la plus précise qu’il puisse imaginer. Cette réponse peut être débattue avec les autres joueurs, tout le monde participent pour élaborer une histoire plausible mais c’est le joueur qui a pioché qui prend la décision finale. Les thématiques sont évidemment ciblées pour nous aider à constituer une expérience propre aux grands récits du genre. Le ton sera épique, empli de fourberies, des relations fortes et/ou conflictuelles inéluctables entre les personnages.
  • Si une question ne vous semble pas cohérente ou si vous trouvez l’histoire d’un de vos compagnons peu vraisemblable, n’importe quel joueur peut a tout moment employer la carte X, celle-ci représente un véto, c’est à dire un moyen d’ignorer une question ou une réponse qui ne semblerait pas être en accord avec le récit construit jusqu’à présent. Attention tout de même à ne pas en abuser, cela risquerait fortement de réduire votre marge de construction pour votre histoire. Si une carte est annulée, elle est alors retiré de la partie (et du récit) et le joueur qui en était le lecteur pioche une autre carte.
  • Une carte peut être également passée au jour suivant pour que celui-ci y réponde à votre place. La carte peut ainsi être passée de joueur en joueur jusqu’à ce qu’elle soit résolue ou qu’elle ait été annulée.

Fin de partie

Lorsque la Carte Question « La reine est attaquée, la défendez-vous ? »est tirée, tous les joueurs doivent répondre à cette question à tour de rôle, la dernière réponse clôturant la partie. La partie s’arrête là, pas de gagnant, pas de perdant, pas de points à calculer, « juste » une expérience de jeu.

Est-ce que c’est bien ?

Ce que j’ai ❤️:

  • Le jeu met en avant une mécanique très originale. Il n’est pas question ici d’acquérir des points ou de se battre contre des adversaires, l’unique but est l’amusement et le plaisir de raconter une histoire entre proche. Une nouvelle façon de jouer.
  • Un jeu très simple qui accomplit malgré tout une petite prouesse : susciter du roleplay sans exclure les joueurs peu à l’aise avec l’idée d’inventer des histoires en public. À force de réponses, on aura créé un personnage avec une véritable histoire personnelle et un rapport assez fort à sa souveraine, et quand surgira la carte finale, un tour de table permettra à chacun de juger ce qu’il paraîtra le plus logique de faire.
  • Un jeu « inclusif ».
  • Un jeu conçu et illustré par des femmes. Un jeu qui ne précise jamais si notre avatar commun est masculin ou féminin.
  • Il est toujours possible de s’appuyer sur les autres, parce que l’on peut refuser une question ou une réponse sans avoir à se justifier et sans limite. C’est simple et bien pensé.
  • Après un tour de jeu on se retrouve vite prit dans le récit, les personnages devenant de plus en plus réalistes au cours du jeu, et au final on perd vite toutes notions du temps.
  • La grande liberté donné à la narration ….

Ce que j’ai 💔:

  • …. La grande liberté donné à la narration ! C’est ce que certains aimeront moins. Le jeu demande un certain investissement de la part des participants. Si l’un d’entre eux ne se prête pas au jeu, il y a un grand risque que la partie tourne au vinaigre où qu’il en soit malgré tout un peu exclu malgré les passibilités de passer, de faire répondre par les autres.
  • Malgré la beauté de leurs illustrations, certaines cartes Reine sont trop abstraites, trop passe-partout dans leur représentation, en fonction des joueurs autour de la table on peut rencontrer une difficulté à sélectionner la dirigeante pour laquelle on donnerait sa vie. Mais rien n’empêche de se créer sa propre reine si l’on a des talents de dessinateur .. ou pas …
  • La fin peut nous laisser sur notre faim.
  • L’expérience à 2 joueurs n’est pas très immersive
  • Un thème qui n’est pas des plus originaux. Les thèmes des opus qui suivent me paraissent plus dynamiques et/ou attractifs : il y aura Rituel (le pitch : choisissez l’un des 8 contextes (Moyen-Âge, cyberpunk, communauté hippie des années 70…) et l’un des 8 rituels à accomplir), et Donjon et Siphons (le thème … l’entretien des W.C. et des canalisations d’un donjon). Pour ce dernier nous serons dans un partygame narratif.
  • 46 questions. Peut-être en fait-on vite le tour même si elles sortent d’une manière aléatoire ?

Design

Du texte sur les cartes, une écriture lisible mais surtout des illustrations de la Reine toutes différentes puisque les 14 illustrations ont été faites par des illustratrices (toutes des femmes) différentes. C’est assez rare pour le souligné, le jeu est 100% féminin puisque l’auteur Alex Roberts est aussi une femme
Pour ma part, il y a une carte qui semble sortir du lot par son aspect intrigant rappelant certains contes maléfiques, je vous laisse deviner laquelle. Sinon elles ont toutes un genre différent mais certaines manquent un peu de caractère à mon goût. Rien n’empêche de partir d’une image provenant.

Thème

Le thème est plutôt médiéval, car les Reines y font principalement référence. C’est un thème classique qui colle avec l’idée que l’on peut se faire d’un jeu de rôle, d’un jeu narratif. Mais la gamme For The Story nous réserve des surprises avec des thèmes beaucoup plus décalés dans les futurs Rituel ou Donjon et Siphons.

Mécanique

Avec Pour la Reine, sommes-nous dans un jeu de rôle ?
Les jeux de rôle ont habituellement deux dimensions importantes : les règles du jeu et la description de l’univers imaginaire dans lequel se déroulent les parties. Un jeu de rôle est donc essentiellement un texte, le plus souvent accompagné d’illustrations. Les joueurs disposent en général d’une fiche de personnage, parfois de dés pour réaliser les actions, un exemplaire du livre de base. Un des joueurs endosse le rôle du meneur de jeu détenant l’autorité parmi les participants. Donc non, Pour la Reine n’en est pas un. C’est « juste » un jeu narratif, sans prétention mais qui paradoxalement peut amener une immersion surprenante. La partie s’organise autour de joueurs qui répondent aux questions des cartes (46 au total) en inventant une réponse.
Les joueurs créent une histoire dans le seul but de répondre à la question finale que nous connaissons dès le début puisqu’elle est inscrite sur la boite de jeu. Le choix de la Reine est d’ailleurs important, il faut déjà qu’elle suscite de l’envie, du dégout ou se prête à un imaginaire connu ou au contraire à construire. Dans Pour la Reine, de par son absence de cadre et de règles poussées, la mécanique de jeu offre des possibilités infinies ; elles sont accentuées et mises en valeur par des questions aux thématiques sachant cependant nous guider dans notre récit. Exemple : « Une rumeur totalement fausse circule à la cour royale à propos de votre relation avec le Reine. Laquelle ? Comment cela a-t-il commencé ? ». On invente alors une rumeur, la raison de celle-ci. De fil en aiguilles, le récit se brode.
Au même titre que les reines proposées, tout le jeu nous laisse une inventivité totale. Et inventer des histoires c’est vraiment plaisant, et elles sont en général très surprenantes mais l’absence de fin peut vous laisser certains sur leur faim car Il n’y pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Dans Pour la Reine, on ressent tout de suite quand des joueurs sont à l’aise avec l’exercice et il faudra un tour ou deux aux plus novices pour s’approprier leur personnage et vivre l’aventure comme la leur.

Enfin l’expérience de jeu s’en verra grandie à 5-6 joueurs plutôt qu’à 2. Dans cette dernière configuration, cela manque bien sûr d’idée, de variété, de rebondissements. Pour la Reine peut rappeler le jeu Fiasco réduit à son plus simple appareil, dans une version épurée de ce jeu de rôle.

Qualité du matériel

Des cartes, uniquement des cartes (même la règle). Elles sont assez épaisses (dans les standard actuels), de grande taille même si pour les cartes règles et les questions cela n’est pas une nécessité absolue mais c’est plaisant. En revanche pour la carte de la reine que l’on choisit au départ, son grand format est important pour en voir tous les détails et afin de pouvoir s’imprégner de son caractère, de ses attitudes et de ses attributs visibles. La boîte, épaisse, se présente sous la forme d’un fourreau pour les cartes et moi j’aime bien.

Simplicité des règles

Les règles sont d’une simplicité enfantine mais elles ne s’adressent pas à un jeu enfantin 😉 C’est surtout que l’on commence le jeu en lisant les règles en faisant défiler les cartes règles les unes après les autres. 17 phrases qui se suivent qui vous expliquent et vous mettent dans l’ambiance du jeu.

Mise en place / Rangement

La mise en place se fait en 2 minutes et autant pour le rangement des cartes dans le fourreau de la boîte.

Conclusion

Pour la reine peut nous fait vivre une véritable épopée médiévale mais pas que. On touche du doigt le jeu de rôle mais en beaucoup plus simple. Peut-être trop simple ? C’est question de goût. La création de son personnage se fait au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. Ce « petit » jeu est tout désigné pour une fin de soirée tranquille, sans prise de tête, tant par la simplicité de la mise en place, des règles et de son déroulement très fluide pour peu que tous les joueurs s’y investissent. Ce titre fait partie de la gamme For The Story chez Bragelonne Games que nous retrouverons rapidement avec Donjon et Siphons (dans des univers déjantés) ainsi que Rituel (dans des univers plus sombres). Des titres que j’attends avec impatience.

Dans Pour la reine, il n’y a ni gagnant, ni perdant, ni bonnes ni mauvaises réponses. Tel un nouvel Homère se rendant de cité en cité, tel une troupe de troubadours incarnant la magnificence d’une nouvelle littérature orale, vous narrerez l’histoire de cette reine inconnue à qui pourtant vous tenez tant, et malgré-vous, vous vous surprendrez peut-être à la haïr …

Testeurs : Pierre, Laurent, Sandrine

Laurent
sandrine

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