[Test] Monster Soup, attention ! Cauchemar – monstrueusement gentil – en cuisine !
2-4 joueurs | Asger Harding Granerud, Daniel Skjold Pedersen | ||
5 ans et + | Djib | ||
moins de 30 minutes | Matagot | ||
Tactile, rapidité | Monstres, cuisine, horreur | ||
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Toujours affamés, les monstres ne se séparent jamais d’un sac plein de provisions afin de pouvoir se faire préparer une délicieuse souplette en quelques instants … à condition bien sûr d’y trouver rapidement les ingrédients de leurs monstrueuses recettes ! Sinon, ils ne sont PAS CONTENTS !
Eh oui les monstres ont faim et ils attendent leur ragoutant repas ! Lequel aura le meilleur pire goût ? Lequel sera servi le premier ? Rapidité, observation, toucher… on aura besoin de tous ces éléments autour de la table pour mettre les bons ingrédients dans la marmite et les servir dans son bol plat à soupe.
Monster Soup est un jeu de rapidité pour 2 à 4 jeunes monstres pour des parties de moins de 30 minutes aux règles simples et courtes, prévu surtout pour les plus jeunes mais les plus grands se prêteront bien volontiers à ce jeu monstrueux.
Chacun va avoir un sac de sa couleur avec 10 ingrédients à l’intérieur. Il faudra le temps de 4 recettes manches retrouvez certains de ces ingrédients (globe oculaire, araignée, ver de terre … ) en faisant donc appel à ses capacités tactiles. Car pour la première manche un ingrédient est révélé au milieu de la table pour tout le monde et il faut le retrouver le plus vite possible … mais après ça se pimente !
Jusqu’à maintenant Matagot nous avait habitué dans la gamme Kids à des jeux étrangers localisés en français (Le bal masqué des Coccinelles, Rouleboule l’Escargot) et ce sont des bons jeux. Mais pour la première fois, Matagot a donc décidé de lancer un titre Matagot Kids 100% original avec aux marmites les auteurs norvégiens Daniel Skjold Pedersen et Asger Harding Granerud (Manoir infernal, FlammeRouge, La chevauchée des grenouilles ou Histoire de Pirates), Djib (Shotten Totten 1 et 2, Ninja Warrior, Sabordage) aux illustrations monstrueuses ? et avec il faut reconnaître une excellente direction artistique que l’on doit à Antoine Davrou. On pourrait avoir peur de l’aspect décalé d’un jeu qui pourrait s’adresser à un public bien plus âgé que les 5 ans précisés sur la boîte : lombric, veuve noire, un bocal rempli d’yeux globuleux etc. ! Beurk ! Mais pas du tout, la ketchup-mayo prend bien même pour les plus petits. Bon il y a aussi un ourson tout mimi ou un coussinet en forme de cœur par exemple, l’honneur des licornes et du pays des bisounours est sauf.
Allez, aux fourneaux, c’est le coup de feu ! Tâtons tout si tant est qu’une tatin ne nous tend pas la main.
Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?
Que trouve-t-on dans ce chaudron ludique ?
- 4 bols de soupes à assembler, épais, superbement illustrés.
- 4 sacs de toile assortis.
- 4 séries de 10 ingrédients en bois.
- Des petits cubes verts (du slime en cube, on n’arrête pas le progrès).
- 10 cartes représentant les ingrédients.
- 4 monstres avec leur standee.
Comment on joue à Monster Soup ?
Mise en place :
Les cuistots doivent se préparer à jouer en plaçant leurs 10 ingrédients dans le sac en toile à la couleur du monstre et du bol qu’il ont choisi. On place l’assaisonnement – les cubes verts de slime – à proximité. On mélange les cartes Ingrédient et on en fait une pile mise à disposition.
Tour de jeu :
Manche 1 : Mise en bouche
L’un des joueurs prend la première carte de la pioche, la retourne bien visible de tous. Chacun la regarde et au top départ, tous les joueurs plongent simultanément la main dans leur sac pour retrouver au toucher, bien sûr sans regarder, l’ingrédient représenté sur la carte. Dès qu’un cuistot pense avoir trouvé le bon ingrédient, il le sort du sac ; s’il s’est trompé, il le remet dans le sac. Sinon, il le place dans le bol de soupe en criant « Monster Soup ! » ou un truc monstrueux du genre de ce que vous voulez. Il suffit de se mettre d’accord. Les autres joueurs doivent alors immédiatement cesser de chercher et posent leur sac.
Le premier à avoir trouvé l’ingrédient place alors un cube slime dans son bol ; eh oui c’est le plus fort, on le voit, il a des gros biscottos.
Manche 2 : Entrée
Avant d’attaquer, le vainqueur de la première manche vide l’intégralité de son bol de soupe dans son sac – y compris avec le cube de slime. Il devra donc réaliser sa prochaine recette en farfouillant parmi ses 10 ingrédients + 1 cube de slime. Et c’est ça qui est malin, cela permet de rendre plus compliqué la prochaine pioche de celui qui mène !
Le second joueur retourne deux cartes. Il y aura donc deux ingrédients à piocher. Et rebelote, on farfouille dans le sac et dès qu’un joueur complète la recette (peu importe l’ordre des ingrédients), il crie « par le pouvoir du crâne ancestral » (ah non c’était « Monster Soup » ou quelque chose d’autre). Et cette fois, tous les bons ingrédients sont récompensés. Le joueur qui a crié en premier gagne évidemment deux cubes d’assaisonnement monstrueux, mais tout joueur qui aura mis dans son bol l’un ou l’autre des deux ingrédients gagne aussi un cube.
Manche 3 : Plat. Manche 4 : Dessert.
Les bols de soupe sont alors vidés dans les sacs (avec tous les cubes). On repart alors pour deux autres plats, recettes, manches, avec trois ingrédients à trouver, la dernière avec quatre ! Et là c’est chaud devant chaud !
Fin de partie :
À la fin de la quatrième manche, le contenu des sacs est vidé dans les bols pour la mixture finale : La bonne sousoupe est servie ! Chaque joueur peut alors compter dans son bol le nombre du cubes obtenus : celui qui a la soupe avec le plus de cube est vainqueur !
Est-ce que c’est bien ?
Ce que j’ai ❤️
- Des règles simples mais qui mettent tout le monde sur un même pied d’égalité.
- Une mobilisation maline de ses capacités tactiles. Le principe reprend un peu celui de Maître Renard mais en individuel et accessible aux plus jeunes.
- Chaque erreur n’est, de fait, sanctionnée que par une perte de temps.
- Un concept simple et efficace.
- Le matériel très réussi qui permet de se plonger immédiatement dans le chaudron.
- The djib’ touch. Des illustrations et une DA au top !
- L’envie d’enchainer les parties.
- La frénésie des parties ; les parties sont courtes et explosives.
- Si les enfants adorent les monstres, ils adoreront Monster Soup.
- Une règle du jeu qui tient en quelques pages et qui est très simple à comprendre.
Ce que j’ai 💔
- Un seul mode de jeu vite répétitif. Il fonctionne excellemment les premières parties mais la légèreté de la règle aurait très facilement pu s’étoffer en proposant quelques variantes ou épreuves supplémentaires pour apporter un peu de piment aux parties. Sa règle de base, certes agréable, ne permet pas aux enfants de s’attacher au jeu sur la durée en terme de fréquence. Il ressortira mais pas aussi régulièrement qu’il le mériterait. La solution ? Créer ou proposer des variantes.
- Le risque de triche est toujours présent lorsque l’on joue à un jeu de ce type où il ne faut « pas regarder.
- Des monstres particulièrement jolis, mais … qui ne servent à rien pour la partie, si ce n’est faire la déco !
Design
Les cartes, les monstres, les fonds des bols, la boîte, tout est bien illustré. On reconnait bien la patte de Djib. Il a réussi un peu à la manière d’un Monstres et Compagnie à rendre tous les aspects monstrueux sympathiques tout en gardant une thématique effrayante voire peu ragoutante ! La Direction artistique est de pure beauté. Elle ne souffre d’aucun défaut à mon sens malgré les craintes liées au décalage entre le thème et l’âge conseillé du jeu. Même les plus jeunes ne seront pas effrayés et adhéreront au style du jeu.
Qualité du matériel
La réaction quand on ouvre la boîte c’est un beau « waouh ». Franchement il n’y a rien à reprocher. C’est solide, c’est coloré, les monstres sont adorables, les contenants sont bien faits même si ce ne sont pas vraiment des bols ; les ingrédients en bois sont bien détaillés, colorés et de bonne qualité. C’est amusant à manipuler et je pense que sur un jeu au thème un peu effrayant c’est exactement ce qu’il fallait.
Les cartes sont très bien faites et, en plus de l’illustration de l’objet, on a en bas à droite de la carte la forme que devrait avoir le meeple, et ce n’est pas forcément superflu surtout pour les plus petits.
Les sensations de jeu sont donc magnifiquement sublimées par la qualité du matériel proposé. Les sacs sont assez grands pour que l’on trifouille les ingrédients avec aisance et ils sont très reconnaissables. Et pas si facile à l’aveugle de savoir si l’on tripote ver de terre, une canne à sucre ou un serpent et c’est le but !
Thème
Le thème « monstres » fera de l’œil à coup sûr à vos enfants et pour ceux qui n’aiment pas ça, ceux-ci ne leur feront en aucun cas peur. Le thème aurait pu être aussi bien Halloween que des recettes de cuisines de sorcières dans ce cas on aurait plutôt eu des chauves-souris ou des crapaud. Le thème parle à tout le monde et la dynamique de jeu fonctionne très bien.
Mécanique
Si les règles sont simples, le jeu ne l’est pas tant que ça. Piocher des objets en les reconnaissant au toucher n’est pas forcément une sinécure. En effet certaines pièces se ressemblent tactilement (le ver de terre, le serpent et le sucre d’orge par exemple…) – et c’est surement voulu (oh les vilains) et il est parfois difficile de mettre la main sur celle qui nous manque – adulte comme enfant d’ailleurs ! Le principe reprend un peu celui de Maître Renard mais en individuel et adapté à plus petit.
La première manche est très rapide et peut être frustrante surtout pour la première partie. Quand on découvre on se dit, bof, c’est déjà fini ??!! Mais dès la deuxième manche voire la troisième, tous les joueurs arrivent à retrouver un ou plusieurs objets et ça devient plus dur. Du coup même si on n’est pas le plus rapide, on gagne quand même quelques kubenbois et on passe un bon moment – même pour les plus lents. Car plus les manche s’allonge plus on peut trouver d’ingrédient même les plus lents arriveront à sortir de leur sac un ingrédient de la recette.
Et là où le jeu est fort malin, c’est que chaque erreur n’est sanctionnée que par une perte de temps (on remet le mauvais ingrédient dans le sac), ce qui n’est pas frustrant pour les plus petits et … les mauvais joueurs.
L’idée de rajouter les cubes de slime dans le sac (et donc de handicaper le leader de la partie) est elle aussi plutôt maline car elle permet de rééquilibrer les chances de chacun avant la dernière (et toujours décisive) quatrième manche où celui qui a beaucoup de cubes slime dans son sac se retrouvera à farfouiller beaucoup plus longtemps que les autres ! La tension montera davantage et c’est vraiment bien !
Les petits enchaînent donc volontiers les parties. Monster Soup est clairement un jeu qui s’adresse aux 4 – 6 ans mais qui plaira aux plus grands.
Les mécaniques de jeu de Monster Soup font également de lui un outil pédagogique qui s’ignore et tant mieux. A mon sens rien de pire que de montrer un jeu comme étant pédagogique comme argument principal. Alors pourquoi pédagogique ? On peut par exemple faire un rapprochement entre Monster Soup et certains principes éducatifs : le développement de la concentration, la coordination des mains (capacités tactiles), l’exploration et l’identification des choses. Autant d’éléments que l’on peut rapprocher par exemple au jeu le « sac à mystère » que l’on retrouve dans les écoles Montessori ; d’ailleurs pour Maria Montessori : « L’enfant voit avec ses mains ». Mais attention, pour que les capacités sensorielles et les capacités tactiles de l’enfant se développent grâce à ce jeu il faut passer par une étape importante : faire que l’enfant identifie bien les objets à récupérer ; il ne faut pas le lancer à la va-vite dans le jeu sans cette préparation. Et là vous verrez toute la différence et les progrès qu’il fera … Et là attention à ne pas vous faire battre trop vite …
Simplicité des règles
Une règle du jeu qui tient en quelques pages et qui est très simple à comprendre. Il manque peut-être quelques illustrations mais comme c’est une règle qui sera lue par les adultes, cela ne pose pas de problème.
Mise en place / Rangement
Le matériel est facile à monter pour la première utilisation. Je craignais qu’il ne faille tout démonter à chaque fois, mais non, tout est bien conçu et se range très facilement sans que cela soit un casse tête. Il y a même encore de la place dans la boîte. Pour une mise en place encore plus rapide autant tout répartir dans chaque sac. Sinon en 2 minutes tout est en place est c’est bien pour un jeu pour enfant.
Conclusion
Monster Soup est une réussite pour ce premier jeu enfant 100% Matagot de la gamme Matagot Kids. Au final un jeu très sympathique qui propose un rythme de jeu effréné avec un matériel vraiment réussi. L’idée de chercher des ingrédients atypiques dans un sac fonctionne ici parfaitement bien et crée de vrais moments de tension alors que chacun cherche à déterminer s’il est en train de tripoter un lombric, un nounours, une araignée ou un cœur. Car chacun galérera à attraper le vers de terre pour le mettre dans sa marmite et on se moquera gentiment de tonton Charles qui l’a encore confondu avec le serpent ou du petit Kilian qui a laissé rouler son œil hors du sac et qui s’évertue en vain à le rattraper. L’ensemble est agréable à voir et à toucher et on ne se lasse pas d’en faire deux ou trois parties de suite !
Ce jeu est donc beau et agréable à manipuler, le thème parle à tout le monde et la dynamique de jeu fonctionne très bien. En somme, un vrai régal !
Le fun du jeu ne fera toutefois pas oublier un petit goût de trop peu après quelques parties. Dommage mais pas rédhibitoire du tout car le matériel proposé permettait de rêver à des modes de jeux plus élaborés, et surtout plus nombreux. Rien n’empêche de se les inventer, tous les éléments sont là pour élaborer un vrai festin ludique !
Testeurs : Sandrine, Soline, Laurent