[Entretien avec] Jean-Marie Minguez
Aujourd’hui j’ai l’honneur d’interviewer Jean-Marie Minguez, illustrateur de jeux, de bandes dessinées et de livres parmi d’autres choses. Question jeux de société, il a notamment illustré Nidavellir chez Grrre Games, Mare Nostrum chez Asyncron, M. jack pocket chez Hurrican games ou encore Rapid city chez Bad Taste games.
Salut Jean-Marie! Un énorme merci d’avoir accepté cette interview, j’avoue que dès que j’ai vu tes illus sur Nidavellir, j’ai eu envie de l’interviewer et de te rencontrer. Je pense que mes lecteurs commencent à comprendre à quel point je suis attaché aux illustrations d’un jeu, étant moi même un grand amateur de BD.
J’ai cru comprendre que ton premier métier c’est illustrateur de BD, comment en es-tu arrivé à l’illustration de jeux de société ?
Tout à fait. Mon premier album de BD est sorti en 2004 chez Soleil. Une histoire avec des fées, des lutins, des magiciens, en pleine vague “Seigneur des Anneaux.
Je suis arrivé dans le jeux de manière totalement imprévue.
Courant 2009, je m’étais refait la série animée Sherlock Holmes (Sherlock Hound en VO, où les personnages ont tous des têtes de chiens…), et en finissant, je me suis dis : “tiens, je n’ai jamais dessiné Sherlock Holmes. Et puis je fais un fanart que je poste sur mon blog… et j’oublie ce truc.
Quelques semaines/mois plus tard fin 2009, je reçois un email d’un certain Bruno Cathala (dont je n’avais jamais entendu parler, n’étant joueur que très occasionnel), qui me dit : “je suis auteur de jeux, avec mon éditeur on cherche un illustrateur pour notre prochain jeu, je suis tombé sur ton dessin de Sherlock Holmes, et c’est exactement ce qu’on cherche !”. Et Mr Jack Pocket sortait donc pour Essen 2010.
Quelle sont les différences dans le processus de création pour ces deux arts ?
En BD, on raconte une histoire au lecteur. On s’appuie sur un scénario.
Le plus important c’est la narration. La fluidité du regard du lecteur à passer d’une case à l’autre. La composition d’une ou plusieurs pages pour les rendre à la fois lisibles mais également harmonieuses et agréables à regarder.
Dans un jeu, le joueur est à la fois co-scénariste (avec l’auteur du jeu) et acteur. On doit lui fournir des outils qui sont plus ou moins immersifs, selon la thématique. Le dessin doit être au service de la jouabilité. L’image doit surtout être efficace. Le joueur ne doit jamais se poser de question sur ce qu’il voit sur une carte, une tuile, un jeton, quitte à ce que l’image soit un peu moins immersive.
D’un point de vue purement technique en terme de création d’image, les phases sont un peu les mêmes… croquis préparatoires, dessin (crayon avec parfois un encrage en plus) puis couleurs (ou aquarelles sur Nidavellir). La différence, est qu’en BD on dessine dans des cases et que toutes les pages entrent dans un format de page identique pour toutes les pages.
Tu as fait des études en commerce, pourquoi as tu décidé de changer de voie?
Parce que c’était une erreur d’aiguillage ! 😀
Disons que j’ai eu mon bac à 17 ans, que je ne savais pas très bien ce que je voulais, que je n’avais aucune idée qu’il était possible de vivre de son dessin et que j’avais donc choisi une voie offrant des débouchées.
En BTS, je me suis vite rendu compte que je n’étais pas du tout fait pour cela. Mais comme j’étais en alternance, je suis allé au bout des deux ans. Puis j’ai pris un autre chemin plus lié au graphisme. Pendant ces deux années, vivant chez mes parents et touchant un petit salaire, j’ai investi dans mon premier PC et j’ai commencé à m’essayer à l’infographie, à la mise en couleurs numérique… à préparer l’après, en somme.
Travailles-tu à l’ancienne ( papier-crayon ) ou utilises-tu l’informatique?
Les deux mon capitaine !! 🙂
En fait, je crayonne surtout sur ordi, par commodité.
L’informatique permet une souplesse de modification que le papier/crayon ne permet pas autant.
C’est après que je choisis, en fonction du projet, soit de tout faire en numérique, soit de passer en traditionnel.
Quel est le jeu qui t’a posé le plus de problèmes à illustrer, à l’inverse avec lequel t’es-tu le plus épanoui ?
Le plus difficile à illustrer à probablement été Mare Nostrum. Pas parce que c’était techniquement difficile, mais parce qu’il y avait une quantité importante d’images à produire dû au fait du kickstarter. Il y avait aussi un travail de recherche par rapport à l’Histoire et à la Mythologie, des véhicules, etc… Bref, beaucoup de boulot !
Le jeu le plus épanouissant, NIDAVELLIR sans hésiter ! D’abord, parce qu’on m’a permis de faire les illustrations à l’aquarelle, et que j’y ai pris énormément de plaisir, et surtout pour l’osmose et la bonne ambiance de travail avec la team Grrre (Flo, Céline et Valériane) et bien évidemment avec Serge Laget ! 😉
Quel est ton jeu préféré en tant que joueur, pourquoi?
Je joue plus souvent qu’à une époque, mais je reste un joueur occasionnel.
De fait, choisir un jeu “préféré” m’est assez difficile.
En ce moment, c’est probablement NIDAVELLIR !
Oui, je sais, ça fait un peu chauvin/corporate, mais c’est une réalité. Quand je finis une partie, j’ai toujours envie d’en refaire une, là, tout de suite. ^_^
Mais au delà d’un choix de jeu, c’est surtout ce qu’il se passe autours de la table qui importe. Deux parties d’un même jeu avec des joueurs différents, n’aura peut-être pas du tout la même saveur…
Quel jeu aurais tu rêvé d’illustrer? A quoi aurait-il ressemblé?
Sans doute le prochain… 😉 Et à ce stade, je ne sais pas du tout à quoi il va ressembler… 🙂
Si on sortait le jeu “Questions de merde “ pour continuer cette interview?
Je tire 3 cartes, prêt?
Voici les questions de la première carte:
Si tu devais réaliser une oeuvre d’art contemporain, que ferais tu?
J’avoue avoir beaucoup de mal avec l’art contemporain.
Je crois que mon cerveau n’est pas câblé pour comprendre.
Mais j’imagine que ce serait quelque chose à base de peinture…
Quel animal aurais-tu le plus peur d’affronter en cage?
Celui qu’on ne voit pas… un truc genre Virus… et qui peut te faire mal… ou pas… 😉
Si une partie de ton corps pouvait être électronique, laquelle choisirais-tu?
Je n’arrive même pas à imaginer l’intérêt d’une telle chose… 🙂
Je ne pense pas être un adepte du transhumanisme…
Voici les questions de la deuxième carte:
Quel geste irrespectueux de l’environnement te révolte ?
Labourer la terre, couper les arbres et rouvrir Lubrizol.
Que faut-il éviter de dire à une personne triste?
“Ca va aller”
Quelle invention prouve que les humains sont totalement idiots?
Je crois que les Humains n’ont besoin d’aucune invention pour prouver qu’ils sont totalement idiots.
Et la dernière carte:
Qu’est-il normal de faire quand on est un homme?
Manger, boire, se chauffer, s’abriter, avoir du lien social, créer.
Tout le reste, me semble plus ou moins superflus…
Quel est le film qui t’a fait le plus flipper?
The Descent.
Quelle est la chose que tu sais faire et qui va étonner tout le monde?
Je fais du Taï Chi sous ma douche. 🙂
Jean-Marie merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions et je vais guetter tes prochaines illus avec avidité!
Merci à toi !! 😉
Chers lecteurs, si vous avez aimé les dernières questions de cette interview, vous pouvez les retrouver dans le jeu “Questions de Merde “ chez Le Droit de Perdre.