[Test] Navoria – Une exploration plus mécanique que thématique !

	2 – 4 joueurs		Meng Chunlin
	10 ans et +		Meng Chunlin
	30 à 60 minutes		Sylex
	Collection Engine building Placement d’ouvriers		Asmodée
	Mars 2025		Exploration d’îles
	PVC : 42€		et dans

La première chose qui nous a sauté aux yeux en découvrant la boite du jeu Navoria, c’est évidemment sa couverture de présentation : un trait de crayon relevant du merveilleux, un petit être mystérieux, un village au loin… ( évidemment son esthétique générale, rappelant Root ne nous a pas laissés de marbre..) tout nous donne envie d’explorer l’intérieur de la boite et le contenu de gameplay renfermé dans cette dernière !

Navoria est un jeu de stratégie à combo de cartes, jouable de 2 à 4 joueurs pour des parties d’environ 45 minutes.

Dans Navoria nous incarnons des aventuriers envoyés pour coloniser trois nouvelles terres. A l’aide d’une mécanique originale à double usage des jetons d’action, nous sommes plongés dans une certaine profondeur tactique intéressante avec un jeu fluide et remarquablement équilibré !

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

Pour partir à l’aventure dans le pays magique de Navoria, nous serons en possession de :

• 1 plateau principal
• 4 plateaux joueurs
• 4 marqueurs de point de victoire
• 36 refuges
• 16 marqueurs Faveurs
• 54 jetons Ressources
• 4 marqueurs d’ordre de tour
• 12 explorateurs
• 60 cartes Habitants
• 15 jetons Actions
• 4 aides de jeu
• 10 Faveurs
• 1 sac de pioche

Comment on joue à Navoria ?

Dans Navoria, les joueurs incarnent des aventuriers envoyés par le conseil pour explorer et coloniser de nouveaux continents.

Ces aventuriers vont devoir recruter différents habitants pour les aider dans leurs quêtes. Ils sont de différentes professions, il y a des soldats, des marchands, des artisans, des bâtisseurs et des aventuriers.

Le jeu se déroule en trois manches, au cours desquelles les joueurs doivent recruter des personnages, gérer leurs ressources et développer leurs colonies afin d’accumuler des richesses et espérer remporter la victoire.

Rien de nouveau sous le soleil de ce côté, le but final est d’optimiser son développement économique et territorial pour accumuler le plus de richesses avant la fin de la troisième manche.

Le joueur le plus prospère l’emporte.

Le tour de jeu

Un tour de jeu de Navoria repose principalement sur une gestion de jetons Action tirés deux par deux au hasard dans un sac. Ces jetons représentent différentes professions (soldats, marchands, artisans, bâtisseurs, etc.), chacune ayant des capacités spécifiques et permettant de scorer de façon différente, bien évidemment toutes « combotent » (du verbe comboter oui oui !) entre elles.

Ainsi parmi les deux jetons piochés, l’un nous permet de sélectionner une carte Habitant du même type dans la rivière de cartes (si je pioche un soldat, je peux prendre une carte Soldat dans la rivière) et le second jeton est posé au centre-ville (sur le plateau principal). Cela laisse donc une nouvelle possibilité.

Dès qu’au moins un jeton est présent au centre-ville, le joueur actif a le choix entre piocher deux jetons dans le sac (comme vu précédemment) ou bien en sélectionner un directement au centre-ville (lui permettant toujours de recruter un habitant du même type).

La particularité de Navoria est la double utilisation des jetons : après avoir terminé cette première phase de recrutement, les joueurs vont entamer la phase de récolte en réutilisant les jetons posés sur les pioches respectives des habitants, autrement dit, les jetons ayant parmi de recruter des habitants lors de la phase précédente. Ce faisant, les joueurs à tour de rôle réutilisent un jeton disponible pour appliquer un bonus ou une action spéciale.

La fin de partie

La partie prend fin (presque abruptement) dès lors que la troisième manche se termine.
Les derniers décomptes de points ont lieu, notamment les points liés aux jetons faveurs (acquis lors de la partie) et aux cartes soldats (recrutés lors des phases de recrutement.

C’est le gros point fort de Navoria à notre sens : son design !

Navoria se distingue vraiment par sa direction artistique soignée et très immersive, qui rappelle des jeux comme Root, avec un univers coloré et détaillé, presque semi-cartoon. Les couleurs sont vibrantes, et chaque élément visuel contribue à l’atmosphère de découverte et donne envie de partir à l’aventure ! Les superbes illustrations apportent une touche chaleureuse et fantastique qui donne littéralement vie aux différents peuples et paysages des terres émergées, renforçant l’aspect « narratif » du jeu !

L’iconographie, quant à elle, est claire mais peut demander un petit temps d’adaptation. Certaines icônes nécessitent une brève petite relecture du livret de règles, seulement lors de la première partie, mais une fois assimilées, elles fluidifient réellement le gameplay.
On note cependant un placement assez étrange des iconographies sur les cartes qui empêche de pouvoir remarquer rapidement les combos que nous sommes en train de créer au sein de notre tableau de cartes si on les superposent entre elles.

Le matériel est de bonne qualité, avec des jetons et des cartes agréables à manipuler. Le sac utilisé pour tirer les jetons est un élément central du jeu, et est de bonne qualité et nous l’avons trouvé d’une très bonne ergonomie (ouverture assez large et sac pas trop profond pour la quantité de jetons à l’intérieur).

De plus, les jetons actions et les jetons des différents joueurs sont en bois ce qui contribue fortement au côté agréable de leurs manipulations !

Les jetons ressources quant à eux sont en carton avec une bonne épaisseur, et surtout ils sont de différentes teintes (ce qui leur donne un aspect un petit peu plus authentique) !!!

C’est donc un super rapport qualité prix à notre sens pour Navoria.

Un petite pratique que nous adorons lorsque nous faisons découvrir des jeux qui possèdent un petit texte d’immersion à des nouveaux joueurs, c’est de leur lire directement avant de commencer toute explication de règles ! Alors voilà :

Dans le pays magique de Navoria, d’étranges nouveaux continents ont émergé de la mer. Le conseil de Navoria a décrété que ces nouveaux continents devaient être explorés. Vous faites partie de la poignée d’aventuriers qui a répondu à l’appel… le décor est planté pour l’aventure de votre vie !

Le rapport entre mécanique et le thème dans Navoria est bien intégré mais conserve une approche plutôt abstraite (malgré les sublimes illustrations) :

• En effet, la mécanique de pioche des jetons d’action dans un sac simule bien l’idée de composer une expédition avec des personnages aux rôles variés,
• La collecte de ressources et la gestion des habitants illustrent bien l’idée de bâtir une présence durable sur ces nouvelles terres..
• MAIS malgré l’univers bien illustré, le jeu repose principalement sur l’optimisation des jetons et des actions, ce qui peut donner un sentiment plus mécanique que narratif.

Après plusieurs parties, nous avons trouvé que Navoria s’apparente davantage à un jeu de création de tableau qu’à un véritable jeu de plateau. Car oui, c’est agréable de piocher les jetons, de compter combien il en reste de chaque type dans le sac, etc.. mais le combotage (toujours de la racine du verbe comboter) des cartes Habitant reste l’élément central en terme de scoring.

Chaque carte habitant est associée à une espèce spécifique de Navoria (permettant de s’attirer les faveurs de cette espèce en l’accumulant suffisamment) et possède une action qui lui est propre (que nous pourrions réduire au fait de scorer sur différentes pistes de victoire).

En terme de configuration de nombre de joueurs, le jeu fonctionne aussi bien à deux qu’à quatre. Mais nous avons tout de même préféré y jouer à trois ! C’est à notre sens une bonne configuration, qui offre un bon compromis entre interaction et temps de jeu (à quatre les parties peuvent être un peu longues pour ce que propose le jeu en retour).

À deux, le jeu est intéressant, un peu plus calculatoire même, mais l’interaction est moins forte et la concurrence pour les ressources est un peu amoindrie.

Enfin, Navoria offre une bonne rejouabilité dans le sens où le hasard est omniprésent dans le tirage des jetons, et il y a plusieurs stratégies possibles à explorer. Toutefois, le jeu reste assez linéaire et il pourra y avoir une certaine répétitivité dans les choix de gameplay en y jouant souvent.

A l’image de la boite de jeu coloré, nous ne sommes pas dépaysés en ouvrant le livret de règles, il est accueillant, bourré d’illustration et donne vraiment envie d’être lu.

Navoria est en jeu dans lequel tout coexiste et s’entre-mêle, pour autant le livret de règles est très bien structuré et les phases de jeu sont très bien détaillées avec à en prime nombre d’exemples facilitant la compréhension du jeu.

Attention toutefois à une grave erreur d’édition dans l’exemple donné à la page 8 ! Un problème de mise en page fait que le texte se trouvant sous l’illustration mal placée est illisible ! Espérons que cela sera corrigé avant l’impression de masse et la livraison en boutique !!! Une coquille qui aurait pu être évitée très facilement avec une simple relecture.

Un grand plus aussi concernant ce même livret, est sa dernière page qui vient nous donner un résumé des différentes phases. En rapide coup d’œil sur le dos du livret de règles, et nous nous rappelons vite comment la partie se déroule !

Enfin, comme de nombreux jeux de création de tableau dans lequel les scoring s’entre-mêlent,  la première explication peut être un peu longue, et il est facile de s’y perdre surtout pour des joueurs novices. Cependant, un bref tour de jeu  factice suffit pour comprendre les interactions et la mécanique principale.

Concernant la mise en place de Navoria, elle peut être un poil long par rapport aux sensations de jeu provoquées. En effet, certaines mauvaises langues caricaturerons certainement Navoria de tableau building à scoring sur 3 pistes vraiment surproduit, et il y aura certainement une part de vérité.

En effet la mise en place est similaire à un véritable jeu de plateau, à savoir : installation du plateau central, distribution des plateaux individuels et du matériel propre à chaque joueur, création de cinq rivières de carte différentes après avoir mélangé les cartes actions, préparation du sac de jetons d’action, mise en place des tuiles Faveurs sur le plateau principal et enfin mettre les ressources à disposition de tous les joueurs. Cela peut paraitre un peu long pour des parties avoisinant la demi-heure en jouant modérément rapidement.

Pour ce qui est du rangement, les petits pochons plastiques à l’ancienne font largement le job ! Et le sac en tissu de tirage est finalement lui aussi mis à contribution pour le rangement des jetons actions ! Pour ce qui est des ressources, des jetons personnels aux joueurs et des cartes, ils trouveront facilement leur pochon respectif ! Donc, niveau rangement R.A.S !  Nous devons d’ailleurs avouer avoir quelque peu envie de lui faire un insert en carton-bois sur-mesure… enfin ! affaire à suivre !

Verdict ?

Ce que j’ai ❤️

• La direction artistique immersive (presque narrative) ; WAHOU !
• Un équilibrage de jeu bien amené
• Le format de la boite de jeu

Ce que j’ai 💔

• Un thème trop secondaire
• Mise en place et explication un peu longue pour le type de jeu

Conclusion

Pour conclure, Navoria est un jeu qui se distingue par sa direction artistique colorée et pleine de vie, mais dont l’univers passe trop rapidement au second plan. C’est certainement dû au fait que Navoria propose une mécanique de création de tableau qui « fixe » les personnages dans une utilité d’activation souvent unique, les combos de cartes se faisant de manière plutôt passive (j’ai déjà cette couleur de carte donc…).

Ceci étant dit, Navoria est BEAU et donne envie d’être joué, la boîte donne envie d’être ouverte pour faire une petite partie, que la mise en place un peu longue réfrènera de temps en temps.
Navoria, n’a pas la prétention de révolutionner le genre, mais il parvient à allier plusieurs mécaniques de façon fluide et élégante.

Le tirage aléatoire des jetons force une certaine adaptativité empêchant les joueurs les plus expérimentés de tracer une stratégie complètement stable. Et puis…. La DA !!! La direction artistique, c’est elle qui donne le tour de force à ce jeu !

Ainsi, Navoria est à la limite, mais il parvient à se frayer une place dans notre ludothèque !

Le jeu présenté ici nous été gracieusement envoyé par l’éditeur. Mais comme aucun dessous de table n’a été observé, cet article sera aussi bien baigné d’une objective bienveillance comme il pourra se révéler plus acerbe.

D’autres avis sur Navoria :

Tric Trac

Les Meeples