[Le point sur les J] Les femmes de plus en plus présentes dans le jeu, bonne nouvelle ?

Pour écouter le podcast cette émission de C’Ludik, c’est par ici => https://www.station-millenium.com/replays/inori-le-point-sur-les-j/

Matthieu Dupuis et Ludovic Chatillon

Un sujet sensible mais ô combien important, aujourd’hui sur la présence des femmes dans le milieu du jeu de société !

Alors déjà se poser la question est une problématique en soi ! Dans un monde idéal où la femme serait l’égale de l’homme, et croyez-moi on en est malheureusement encore bien loin, nous n’aurions même pas idée de se poser ce genre de question. On ne se la pose évidemment pas pour la présence des hommes !

Alors une bonne nouvelle ?

Je me suis quand même posé plusieurs fois la question de savoir s’il fallait traiter ce sujet, et comment l’aborder.

Alors tout d’abord on va parler de la représentation graphique de la femme dans les jeux et ensuite des femmes dans le milieu du jeu de société. Mais la société est ainsi faite, et donc voilà je me lance !

Alors pas la peine de tortiller du popotin, la réponse à cette question incongrue et évidemment oui ! Bien sûr que c’est une bonne nouvelle !

Alors comme l’aborde Virginie Tacq dans sa publication universitaire « La représentation des femmes dans le jeu de société », à propos de la représentation graphique de la femme dans les jeux, je cite « L’enjeu de cette représentation est de proposer une diversité de personnages, qui refléteront la richesse de la société et permettront éventuellement à un large public de s’y identifier.

Pourtant, très souvent, ces représentations sont stéréotypées, au sens qu’elles donnent à voir des images figées et simplifiées, qui sont créées en généralisant le comportement de quelques individus à propos d’un groupe entier. »

Il est évident que le jeu de société en tant que « bien culturel » reflète une image réelle de notre société à travers des règles de jeu, de matériels et de messages.

La représentation de la femme dans les jeux ne déroge malheureusement pas à cette triste réalité, la représentation biaisée du corps féminin à travers des stéréotypes.

La faute à quoi ? à qui ?

Une première hypothèse serait surement de penser que c’est bien l’image que se fait l’homme de la femme qui est retranscrite dans ces graphismes de jeu et que dans les mains d’une illustratrice, la femme serait montrée et + grande quantité et surement moins stéréotypée et plus proche de la réalité.

La question de la représentation de la femme dans les jeux suscite toujours beaucoup de débats et Bruno Faidutti, en 2012, avait déjà fait un point sur ce sujet sur son blog au niveau de sa production ludique personnelle.

L4article est par ici => https://faidutti.com/blog/blog/2012/07/04/femmes-jeux-et-statistiques-women-games-and-statistics/

Sur un article très détaillé dans sur le site d’information ludique Ludovox (2013), Shanouillette insiste également à juste titre sur la représentation stéréotypée des femmes dans le jeu de société, le jeu vidéo et le jeu de rôle.

L’article est par ici => https://www.jedisjeux.net/article/les-femmes-dans-les-jeux-de-societe

En dix ans, est ce que le milieu a évolué ?

Tout d’abord un constat, détaillé par l’éditeur Helvetiq, dans un article de mars 2024 (NDLR : « Jeux de société, en manque de femmes ?« ) : Depuis 1999, du côté de nos amis Allemands au Spiel Des Jahres, seules 5 autrices de jeux y ont été distinguées… pour 103 hommes. Même phénomène à l’As d’Or, le plus grand des prix français récompensant des jeux de société : ces deux dernières années, les 20 jeux nommés sont le fruit de 27 auteurs et 3 autrices. Et deux de ces autrices sont des co-autrices ayant fait équipe avec un auteur.

L’article est par ici => https://helvetiq.com/fr/stories/post/jeux-de-societe-en-manque-de-femmes?

Mathilde Spriet et Ludovic Papaïs, les auteurs de l’article expliquent : « Cette réalité se reflète dans les propositions de jeux reçues par Helvetiq : moins de 10 % d’entre elles sont soumises par des femmes. Un pourcentage qui se retrouve dans les autres maisons d’édition »

Alors on a constaté que plusieurs choses sont apparues, suivant aussi l’évolution de la société dans laquelle l’on vit, comme l’intention d’accorder une vraie importance à la place de la femme et de ses représentations moins stéréotypées dans le jeu de société.

Comme l’explique, le souvent très controversé, Gus dans un article de mars 2024 sur son site Gus & Co – Femmes et jeux de société : La révolution est en marche : « De plus en plus de femmes s’affirment en tant que conceptrices, illustratrices, éditrices et directrices dans l’univers du jeu de société. Des initiatives comme la TLC leur permettront d’aller encore plus loin et d’ouvrir la voie à la prochaine génération. »

L’article est par ici => https://gusandco.net/2024/03/08/femmes-industrie-jeu-societe-inclusion-tabletop-gaming-learning-community/

La TLC ?

La Tabletop Gaming Learning Community, est une organisation américaine lancée par des professionnelles chevronnées et comme l’explique une de ses fondatrices Jennifer Graham-Match : « La TLC sera un pont entre les personnes et les expériences. Des femmes issues d’horizons extrêmement variés pourront partager leurs idées, perspectives et voix pour aider à développer cette industrie sur le plan professionnel, et de là, continuer à accueillir de nouveaux joueurs autour de la table. »

Le lien est par ici => https://www.womenintoys.com/tabletop-gaming-learning-community

Comme dans beaucoup de secteur, la représentation des femmes devient un tremplin essentiel pour ouvrir la voie, comme l’explique Elizabeth Hargrave, créatrice du célèbre jeu Wingspan : « Quand j’ai lancé ma carrière, je ne connaissais aucune femme dans ce secteur. J’ai dû tout apprendre par moi-même, sans mentor. Aujourd’hui, je veux tendre la main à la prochaine génération, pour leur montrer que c’est possible. Avec du talent et de la passion, le jeu de société peut devenir un métier pour les femmes. »

Photo by Michele Tantussi/Getty Images

Malheureusement, comme à l’image de notre société, des abus et des comportements masculins inappropriés sont aussi en augmentation dans notre secteur. La présence plus importante des femmes permet également de libérer peut-être plus facilement la parole et de faire de ce sujet, un vrai sujet de réflexion afin de s’interroger, nous les hommes, sur nos comportements, et d’évoluer dans nos rapports aux femmes.

Comme le dénonce Polgara, dans son article « Le point de Polgara : Toxicité dans le secteur ludique », paru en septembre 2023 sur son site internet : « Non, le secteur ludique n’est pas épargné par les comportements masculins toxiques ! » ou encore « Le secteur du jeu est tout aussi gangréné que les autres par des attitudes masculines toxiques : il ne bénéficie d’aucun totem d’immunité contre ce mal qui touche l’ensemble de la société. De nombreuses causes expliquent en revanche que ce problème ait été occulté jusqu’à aujourd’hui. »

L4article est par ici => https://www.lepointdepolgara.fr/index.php/2023/09/11/toxicite-dans-le-secteur-ludique/

C’est dans ce contexte, qu’a vu le jour la création d’un serveur Discord dédié, Women In Boardgames, non mixte, au sein duquel les femmes qui le souhaitent pourront trouver écoute, soutien et conseils. L’objectif est donc clairement de partager les schémas d’agissements des personnes problématiques (insistance sur les différents réseaux ou plateformes, comportements déplacés, etc).

Le recueil de témoignages peut aussi se faire via une adresse mail : metoo.jds@gmail.com

Il est donc de notre responsabilité à nous les mâles, de faire que le milieu du jeu de société soit et reste une « safe place » pour les femmes, afin que naturellement elles trouvent leur place et puissent s’épanouir en tant que professionnelles et/ou joueuses.

Retrouvez le podcast de cette émission en vous rendant sur le lien de C’Ludik – Station Millenium => https://www.station-millenium.com/replays/inori-le-point-sur-les-j/

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1 réponse

  1. Non dit :

    Super article… mais pourquoi ce titre, avec cet éternel bémol qui sous l’apparence de l’humour émet une fois de plus un doute… très bof

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