[Test] Gorinto, le 5ième élément

1-4 joueursRichard Yaner
14 ansJosh Cappel
30 minutesSuper Meeple
collection, placement de tuile, abstraitJapon
32€90 chez , mille et un jeux, 35€50 chez magic bazard et dans
Gorinto

Les jeux abstraits reviennent en force en 2021, avec Mandala Stones (Lucky Duck, review à venir), ou encore Marble circuit (Iello). Ce qui est plaisant, c’est que ces jeux abstraits ont tout de même un petit, thème ou du moins un habillage qui permet de rentrer plus dans le jeu qu’un Abalone, totalement dénué de thème.

Alors l’ajout d’un habillage enlève-t-il l’aspect abstrait d’un jeu ? Pour moi, non, car ma définition d’un jeu abstrait (qui m’est personnelle), c’est un jeu ou il n’y pas de hasard et/ou tous les éléments de jeu sont connus et visibles pour tous. Alors certes, ici il y a un peu de hasard dans le tirage des tuiles et des objectifs, mais cela n’enlève pas, à mon avis, l’étiquette de jeu abstrait puisque tous les éléments de jeu son visibles de tous, et qu’une fois le tirage effectué, plus aucun hasard n’est présent.

Gorinto est donc un jeu abstrait dans lequel les joueurs vont collecter des éléments pour accroître leur connaissance et leur sagesse, représenté par des points de victoire. Avec une mécanique hyper originale de placement et de collecte, il va falloir bien réfléchir et anticiper pour marquer le plus de points selon les objectifs tirés en début de partie. Il faudra faire preuve d’adaptabilité et de réactivité pour l’emporter. Etes vous prêts à construire votre Gorinto ? Suivez le guide !

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

  • 1 plateau de jeu
  • 1 plateau de score
  • 4 plateaux de joueur
  • 100 tuiles (20 de chaque élément)
  • 12 cartes Objectif
  • 5 cartes Elément Clé
  • 1 marqueur de saison
  • 4 marqueurs de Sagesse
  • 4 marqueurs de Grande Sagesse
  • 1 pièce de départ
  • 1 sac pour piocher

Contenu du mode solo : 

  • 5 tuiles Kitsune
  • 10 jetons Terrier
  • 1 pièce Kitsune
  • 5 jetons Déplacement
  • 1 jeton Tête
  • 1 jeton Queue

Comment on joue à Gorinto ?

La mise en place

On commence par placer le plateau de jeu et le plateau de score au milieu de table. On place le marqueur saison sur la première case de la piste des saisons du plateau de score.

On mélange les 100 tuiles élément dans le sac et on les dispose en colonne selon le diagramme choisit dans le livret de règles. On place 10 tuiles piochées au hasard sur le « chemin » du plateau de jeu.

On mélange les cartes objectifs, on en tire deux et on les dispose dans les emplacements prévus. On fait pareil avec les cartes élément clé.

Chaque joueur choisit une couleur, prend le pion correspondant et le place à coté de la piste de score. Il prend également le jeton « +50/+100 » qu’il place à proximité. On détermine un joueur au hasard qui va prendre la pièce de départ.

Le tour de jeu

En commençant par le premier, chaque joueur va déplacer une tuile élément du chemin vers la montagne (le centre du plateau) en ligne droite. Il déplace l’élément où il le souhaite dans sa ligne ou sa colonne. Ensuite il collecte et place dans son Gorinto autant de tuiles éléments qu’il a de connaissance de cet élément selon une configuration qui dépend de l’élément initialement déplacé.

La valeur de connaissance d’un élément est égal à 1 plus le nombre de tuiles éléments déjà présent dans le Gorinto (par exemple si le joueur a déjà collecté 2 feu, qu’il déplace une tuile feu, il prendra 3 tuiles éléments dans la montagne). Le joueur est obligé de prendre le plus d’éléments qu’il peut, même si cela ne l’arrange pas.

Les joueurs jouent ainsi à tour de rôle jusqu’à e qu’il n’y ait plus de tuiles sur le chemin, ce qui sonne la fin de la manche. Chaque joueur score des points en fonction des objectifs tirés en début de partie, on réalimente le chemin, on passe la pièce de départ au joueur suivant, on déplace le marqueur compte tour d’une case et on est prêt à effectuer une autre manche.

La fin de partie

La partie se termine à l’issue de la 4ième manche. On score une dernière fois les objectifs, puis les cartes éléments clés (qui ne scorent qu’en fin de partie). Le joueur qui a le plus de oints gagne la partie.

Autres modes de jeu

Un mode solo assez complet et bien réalisé existe avec un joueur fantôme. Le mode deux joueurs se joue comme précédemment, mais un système d’élimination de tuiles est implémenté pour que les joueurs ne puisse jouer que 3 fois chaque manche. Un mode expert existe dans lequel les objectifs changent à chaque manche et enfin un mode 4 joueurs par équipe existe également.

Est-ce que c’est bien ?

Ce que j’ai ❤️

  • Les tours rapides et fluides
  • Gorinto est un jeu zen
  • La qualité du matériel
  • Il est assez beau
  • Les différentes dispositions de départ possibles
  • Les objectifs qui changent à chaque partie, voire à chaque manche
  • le mode solo…

Ce que j’ai 💔

  • …très difficile
  • Les tuiles qui ont tendance à s’empiler dans le sac
  • J’aurais aimé des plateaux creusés pour maintenir les piles en place
  • Il est assez difficile de savoir combien on a de tuiles sans les recompter à chaque fois quand on en a beaucoup
  • Le violet et le marron qui peuvent se confondre si la luminosité n’est pas bonne

Design

J’aime bien le design de Gorinto. Il est sobre, mais bien dans l’esprit japonais traditionnel et mystique. Les tuiles éléments ont des couleurs bien tranchées et reconnaissables (à part la terre et le vide selon votre lumière).

Les plateaux sont également assez sobres, le plateau personnel représente un Gorinto, le plateau de jeu représente un natte avec un chemin de pierre. Rien de fou fou mais ça fait le job. Je dois dire qu’une fois toutes les tuiles posées sur le plateau, Gorinto est assez agréable à regarder avec toutes ces couleurs.

Concernant les tuiles, j’aurais aimé un liserai noir en bas de la tuile afin d pouvoir les compter plus facilement.

Les carte objectifs sont claires et bien explicites, même si pour certaines d’entre elles, il est nécessaire de les lire plusieurs fois pour bien en comprendre toutes les subtilités.

Qualité du matériel

La qualité de Gorinto est standard compte tenu du prix du jeu. Les tuiles sont en plastique assez léger mais de bonne facture.

Les plateaux sont dans un cartons d’une épaisseur standard, ils ne semblent pas fragiles.

Les cartes sont standards et n’ont pas le linen finish.

Les pions en bois et jetons en carton sont de bonne facture.

Dans l’ensemble, le jeu donne une impression de qualité.

Thème

Bon, parler du thème pour un jeu abstrait, c’est un peu comme parler du glaçage d’un gâteau : il n’apporte rien gustativement parlant, mais le rend plus beau et plus appétissant. C’est exactement le cas dans Gorinto.

Mais qu’est-ce qu’un Gorinto ?

Gorintō (« tour à cinq anneaux ») est le nom d’un type japonais de pagode bouddhiste qui aurait été adopté en premier par les sectes Shingon et Tendai au milieu de l’époque de Heian. Utilisé à des fins commémoratives ou funéraires, il est donc fréquent dans les temples bouddhistes et les cimetières. Il est aussi appelé gorinsotōba ou gorinsotoba (« stūpa à cinq anneaux ») ou goringedatsu, dans lequel le mot sotoba est une translittération du mot sanskrit stūpa.

Le stūpa est à l’origine une structure ou un autre édifice sacré contenant une relique de Bouddha ou d’un saint puis il a été progressivement stylisé de diverses manières et sa forme peut changer passablement en fonction de l’époque et du pays où il se trouve. Des bandes offertoires de bois avec cinq subdivisions et couvertes d’inscriptions complexes appelées aussi sotoba se trouvent souvent sur les tombes dans les cimetières japonais. Les inscriptions portent un sūtra ainsi que le nom posthume du défunt. Ces bandes peuvent être considérées comme des variantes de stūpa.

L’idée de collecter les éléments pour accroître sa connaissance et sa sagesse, c’est sympa, cela donne un aspect zen au titre. Malgré tout, on oublie vite l’aspect mystique, et on se concentre sur la mécanique du jeu.

ze meeple

Mécanique

C’est le point fort de Gorinto. Attention, le jeu est très mécanique et calculatoire, ceux souffrant d’analysis paralisis ne seront pas à l’aise en jouant à Gorinto.

J’ai trouvé la mécanique vraiment originale. On déplace un élément et on en collecte d’autres qui sont autour. Le truc c’est qu’on est obligé de collecter tous les éléments qu’on peut, et parfois, il faudra faire des compromis et prendre des tuiles dont, au mieux on n’a pas besoin, au pire qui nous font perdre des points.

Tout le sel du jeu se trouve ici, et il faudra bien jauger ses choix, ce qu’on a à y gagner ou à perdre. Aussi, l’anticipation, la planification, mais surtout l’adaptation seront des compétences clés pour gagner à Gorinto.

Gardez constamment à l’esprit les objectifs de fin de manches car ce sont eux qui vous feront gagner le plus de points. Gardez aussi un œil sur les éléments clés qui peuvent vous faire passer devant en fin de partie. Il faudra bien réfléchir dans Gorinto, aussi, si les tours de jeu sont rapides et s’enchainent vite, ne vous laisser pas gagner par l’ivresse du rythme et prenez bien votre temps pour sous-peser tous les choix qui s’offrent à vous.

Il y a pas mal d’interaction entre les joueurs dans Gorinto car vous serez constamment à l’affût de la progression des autres et vous n’hésiterez pas à aller chercher les tuiles qui les intéressent, voire de les forcer à pendre une tuile qui ne leur convient pas.

Vous l’aurez compris, Gorinto est un jeu tendu, dans lequel il faudra garder un œil sur plein de choses à la fois. Si la mécanique de base est très simple, c’est le genre de jeu qui est simple à jouer, difficile à maîtriser. Je retrouve un peu les mêmes sensations que dans un Abalone ou un Othello (il y a pire comme comparaison)

Le mode solo est très bien fait, mais attention, il est très difficile et le joueur fantôme engrange beaucoup de points très vite, ne vous laissez pas distancer.

ze meeple

Simplicité des règles

Les règles sont vraiment très simples. Une action par tour et c’est tout. Le scoring est clair et limpide, très facile à appréhender. Par contre Gorinto n’est pas facile à maîtriser et plusieurs parties seront nécessaires pour obtenir des scores corrects. La courbe de progression est linéaire et assez grande, Gorinto qui demande de l’investissement.

Heureusement, ses parties courtes nous permettent d’enchaîner les parties.

Mise en place / Rangement

Bon, je vais être un peu sévère avec cette rubrique, mais c’est parce que « qui aime bien châtie bien ». J’ai trouvé assez pénible la mise en place et le fait d’empiler les tuiles dans la montagne. Rien d’insurmontable certes, mais ça prend du temps, et c’est pas très fun. La mise en place serait facilitée par un plateau creusé, mais bon.

Ce qui m’a le plus dérangé, c’est que les tuiles ont tendance à s’empiler toutes seules dans le sac, et on passe son temps à les séparer, un peu comme les fils des écouteurs qu’on range parfaitement enroulés dans le sac et qui se retrouvent toujours emmêlés quand on les ressort (merci les air-pods)

Bref, rien de rédhibitoire, mais quand même c’est dommage.

Conclusion

Gorinto est un excellent jeu abstrait de collection et de placement de tuiles. Très réflexif, voir casse-tête, il plaira aux joueurs aimant se creuser le ciboulot. Avec son thème japonisant zen, on passe un super moment de détente et de réflexion autour d’un jeu sobre esthétiquement mais qui ne manque pas de caractère au niveau de sa mécanique. Gorinto est une très belle surprise, et l’un de mes jeux abstraits préférés !

Arnaud

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