[Test] Kelp, un duel abyssal aux profondeurs insoupçonnées !

	2 joueurs		Carl Robinson
	10 ans et +		Weberson Santiago
	40 à 60 minutes		Wonderbow Games
	Bluff, Asymétrie, Cartes
	Mars 2025		Océan, Animaux
	PVC : 33€		et dans

Kelp est un jeu que nous n’attendions pas particulièrement mais… notre première immersion fut presque sensorielle…

Un univers aquatique en clair-obscur, une tension palpable sous la surface, et cette figurine de requin (que nous n’avons pas tardé à peindre nous-mêmes, pour mieux ressentir la terreur qu’il inspire !)…

Dès les premières parties, nous avons été happés dans cet affrontement asymétrique qui sent bon l’embrun !

Le jeu dégage une aura particulière : une promesse de tension, d’intelligence animale, et de narration silencieuse, le tout enveloppé dans une direction artistique subtile et aboutie.

Kelp est un jeu d’affrontement à 2 joueurs, mêlant infiltration et prédation, où l’un incarne un requin-pyjama affamé, et l’autre une pieuvre furtive. La pieuvre rusée cherche à survivre et à tromper son prédateur, tandis que le requin traque sa proie à l’instinct.

Nous avons adoré découvrir à quel point ce jeu, d’apparence minimaliste, propose une profondeur tactique réelle et élégante, sans jamais sombrer dans la complexité artificielle. Un jeu tendu comme un filet de pêche, mais d’une fluidité qui nous a totalement surpris… et conquis !

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

Pour descendre dans les profondeurs stratégiques de Kelp, vous aurez besoin de :

• 1 figurine de Requin (oui, on l’a peinte, et elle est sublime maintenant 🦈)
• 2 aides de jeu pour le requin
• 25 dés Requin (15 bleus, 10 jaunes, 10 rouges)
• 26 cartes Requin
• 4 tuiles Croissance
• 1 sac de dés
• 18 blocs pour la pieuvre
• 2 aides de jeu pour la pieuvre
• 1 pion Limite de main
• 27 cartes Pieuvres
• 1 sac
• 1 livret de règles

Chaque élément est pensé pour renforcer l’asymétrie entre les deux espèces. On sent que rien n’est laissé au hasard. Presqu’autant que dans ce jeu qui a beaucoup fait parlé de lui aussi : Ironwood ! (Bon d’accord on ne fera pas plus de comparaison, les deux jeux n’ont rien à voir si ce n’est leurs côtés asymétriques).

Comment on joue à Kelp ?

Dans Kelp, les profondeurs marines deviennent le théâtre d’un duel asymétrique.

Le requin, guidé par sa faim, doit traquer, repérer, en tenter de manger la pieuvre, tandis que cette dernière se camoufle, brouille les pistes, et cherche à survivre : soit en épuisant son traqueur, soit en mangeant 4 nourritures !

Chaque joueur a un matériel de jeu et des mécaniques propres, avec une vraie courbe d’apprentissage, notamment côté Pieuvre, qui nous a semblé plus exigeante à maîtriser. Le Requin, plus direct, offre un gameplay agressif et rapidement gratifiant (notamment avec les courants).

La pieuvre gagne si elle parvient à manger 4 nourritures ou si elle survit assez longtemps et que le requin s’épuise.
Le requin gagne s’il parvient à trouver la pieuvre et à réussir la manger pendant une confrontation.

Le tour de jeu

Les deux joueurs jouent leurs différentes actions à tour de rôle. La pieuvre utilise des cartes et a pour mécanique principale le deck building, là ou le requin joue avec des dés et donc…. a pour mécanique principale le bag building !

La Pieuvre joue toujours en premier et effectue 2 actions par tour parmi 3 possibles (avec possibilité de réaliser deux fois la même action) :

• Jouer une carte en en payant le coût. Le coût des cartes Pieuvre est un nombre de bloc à révéler (entre 0-3). Le joueur pieuvre à 9 blocs (coquillages, pièges et bien sûr le bloc pieuvre).

• Piocher jusqu’à atteindre la limite de main (Main de départ à 4 cartes qui peut passer à 5 en mangeant le crabe).

• Défausser une carte pour cacher un bloc révélé.

C’est ensuite au requin de réaliser son tour :

Le tour du requin est un peu comme un rituel marin : D’abord il pioche de son sac 2 dés et les lance (il existe des dés bleus pour se déplacer plus rapidement, des dés jaunes pour révéler les blocs de la pieuvre, et des dés rouges pour attaquer). Ensuite il doit se déplacer d’une case en étant obligé d’avancer devant lui (logique ceci dit) et peut utiliser les dés courants (bleus) pour glisser dessus et ainsi se déplacer de cases supplémentaires ! Il peut par ailleurs fouiller ou attaquer (dés jaune ou rouge) après s’être déplacé. Enfin, il termine par une phase de croissance qui lui permettra d’acheter quelques effets à usages uniques et surtout des nouveaux dés à mettre dans son sac.

La fin de partie

Lorsque le requin trouve l’emplacement de la pieuvre et l’attaque, il y a une confrontation finale !

Le requin et la pieuvre choisissent secrètement une carte confrontation parmi trois qu’ils révèlent ensuite simultanément :
• Si le requin a choisit la carte permettant de contre celle de la pieuvre, il la mange et remporte immédiatement la parite !

• Si le requin n’a pas choisi la carte permettant de contrer celle de la pieuvre, cette dernière se sauve. La carte utilisée par la pieuvre pour se sauver définit la couleur du duo de carte détruite (donc celles permettant de se contrer mutuellement). Ainsi, à la prochaine confrontation, la pieuvre aura moins de chance de s’en échapper..

On peut voir ça comme une sorte de pierre feuille ciseaux final.. mais c’est bien plus profond que ça !

Un mot : splendide.

Kelp parvient à évoquer la beauté étrange des fonds marins, de la répartition de la lumière tout en restant lisible.

La colorimétrie est magistrale ! Entre les bleus profonds, les reflets lumineux de la surface et les teintes brumeuses des herbiers, tout est pensé pour instaurer une ambiance visuelle à la fois douce et oppressante. Ce n’est pas un simple décor, c’est un acte de narration graphique. L’univers graphique de Kelp est pour nous une réussite totale. Les contrastes renforcent l’opposition entre les deux protagonistes : l’ombre sinueuse de la pieuvre et la silhouette tranchante du requin. L’illustration et le design ne se contentent pas d’habiller le jeu : ils nous immergent littéralement !

L’iconographie est particulièrement intuitive, permettant une prise en main rapide, même lors des premières parties. De nombreux rappels visuels sont intégrés directement sur le plateau, notamment pour le placement des dés du Requin (zones de courant, piste de croissance, piste de faim), ce qui facilite grandement le suivi du tour de jeu.
Enfin, les cartes sont conçues de manière lisible et élégante avec une illustration évocatrice en partie supérieure qui capte l’ambiance marine, et l’effet mécanique qui est clairement expliqué en partie inférieure.

S’il restait toutefois des questions, les règles de jeu viennent apporter des précisions sur les cartes les plus susceptibles de poser problème.

Côté matériel chez Kelp rien à redire : Les dés, cartes, jetons et surtout la figurine sont de très bonne facture. Pour le prix c’est assez fou en y pensant !

Les blocs de la pieuvre en acrylique (coquillages, pièges, nourriture…) sont différenciés par leurs jolis icônes, et sont très agréable à manipuler ! Les dés du requin sont peut-être un peu petits aux premiers abords, mais une fois posés sur le plateau de jeu on aime à ce qu’ils ne soit pas plus gros… donc c’est encore une fois bien pensé !

L’aspect asymétrique est bien soutenu par ce matériel distinct pour chaque camp, renforçant l’immersion dans les rôles très différents du Requin et de la Pieuvre.

Mais la véritable pièce maîtresse reste la figurine de requin. Outre son rôle mécanique (positionnement et menace), elle est un élément de mise en ambiance immédiat. La nôtre, peinte avec soin, ajoute un vrai supplément d’âme à chaque partie. Une pratique qu’on recommande à tout amateur de jeux immersifs.

A-t-on déjà parlé de l’incroyable colorimétrie de Kelp ???

Le thème marin de Kelp n’est pas un simple vernis : il irrigue chaque aspect du jeu.

Les mécaniques d’infiltration, de détection, de camouflage et de prédation sont parfaitement raccord avec le comportement des deux espèces. On ne joue pas contre son adversaire, on incarne une créature marine dans une lutte instinctive pour la survie.

Le silence de l’océan, les mouvements furtifs, la peur d’être repéré : tout transpire la tension animale. Une thématisation exemplaire et plutôt bien retransmise dans les mécaniques de jeu.

A plusieurs reprises, nous nous sommes surpris en train d’échanger des regards en silence pour tenter de lire nos intentions mutuelles. Nous ne pensions vraiment pas tant apprécier ce thème, qui même s’il est « nature » sort vraiment de l’ordinaire !

Kelp propose une asymétrie riche et équilibrée à notre sens.

Chaque partie est un duel d’esprit : bluff, anticipation, adaptation. Il faut toutefois noter que la Pieuvre demande plus d’entraînement, mais ça donne envie de progresser pour en tirer toute la subtilité. On a d’ailleurs eu très vite envie d’échanger les rôles pour revivre l’affrontement sous un autre angle, preuve que le jeu pousse à la revanche !

La mécanique des deck building (pour la pieuvre) comme celle de bag building (pour le requin) se fait bien ressentir. C’est assez grisant de voir que si l’un n’a pas de chance aux dés, l’autre n’aura peut-être pas de chance au tirage de carte. Cependant il est plus facile pour le joueur incarnant la pieuvre d’essayer de compter le nombre de dés rouges disponibles dans le sac du requin que pour le joueur du requin d’essayer de voir les différentes possibilités d’actions de la pieuvre.

Le gameplay de Kelp repose donc sur une belle asymétrie tant dans la mécanique que dans le ressenti de jeu :

• Le requin joue un jeu de tempo, d’agression et de contrôle de l’espace, avec une légère pression de temps (représentée par la piste fatigue),

• La pieuvre opère dans une logique de gestion discrète, de camouflage, et d’enchainements malins.

À la manière d’un jeu de stratégie à information partielle comme La bête ou Mind MGMT, Kelp exige une lecture constante de l’adversaire. Le bluff et la déduction sont aussi importants que la mécanique pure.

Mention spéciale à la progression naturelle des capacités : la pieuvre peut “muter”, débloquant de nouvelles habiletés, tandis que le requin peut “renforcer ses sens”. Cette montée en puissance progressive ajoute une belle tension narrative à la partie.

Concernant le nombre de joueurs, Kelp se joue exclusivement à deux, donc pas de surprise à ce niveau là.

Le livret de règles de Kelp est clair, précis, et bien illustré. Il est très agréable à lire en on se rend vite compte du type du jeu auquel nous avons à faire. Il sépare bien les deux rôles et en détaille bien les capacités spécifiques.

La première partie peut sembler un peu impossible à gagner pour le joueur Pieuvre, mais après avoir compris qu’il faut vraiment prendre son temps, le véritable jeu de camouflage peut commencer !

Enfin, les aides de jeu sont parfaitement calibrées, et la première partie permet déjà de saisir le rythme et les subtilités. Il faudra deux ou trois sessions pour pleinement maîtriser son rôle, mais cela fait partie du plaisir.

Attention cependant, Kelp n’est pas le jeu le plus évident et il est asymétrique, il s’adresse donc à des joueurs déjà initié au monde marin heuuuu au monde ludique !

Installation de Kelp = rapide comme un banc de poissons effrayés !

Plus sérieusement, c’est là une surprise bienvenue : la mise en place est rapide et intuitive, bien plus que pour beaucoup de jeux à asymétrie forte du style.

Quelques cartes à distribuer, des jetons en acryliques à placer aléatoirement, la figurine requin (peinte) à déposer et le plateau est prêt à accueillir la confrontation.

Le rangement est tout aussi efficace : les composants trouvent facilement leur place, et le jeu peut être remballé sans casse-tête grâce au rangement thermo-formé dans la boite de Kelp.

Ce faible temps de préparation nous a fait sortir Kelp beaucoup plus souvent que prévu ! Il s’installe vite et on est immédiatement plongés dans la partie !

Verdict ?

Ce que j’ai ❤️

• Une direction artistique exceptionnelle
• Une asymétrie mécanique et thématique tendue et profonde
• Un temps de mise en place ultra raisonnable pour un jeu aussi riche
• Le plaisir de peindre la figurine du requin et de la voir trôner sur la table

Ce que j’ai 💔

• Les premiers tours initiaux qui peuvent sembler déséquilibrés

Conclusion

Le jeu présenté ici a été acheté par nos soins.

D’autres avis sur Kelp :

Le Dépuncheur