[Le point sur les J] IA – Avenir ou désastre ?
Station Millenium est une radio associative basée à Trégastel en Bretagne. Elle propose sous la houlette de Matthieu Dupuis, l’émission C’Ludik consacrée aux de jeux de société.
Ludovic Chatillon, chroniqueur sur UnDéCent, y fait une intervention dans « Le Point sur les J ».
Oscillant entre point de vue éclairé, billet d’humeur, édito, et mise au point, cette émission vous est proposée dans cet article. Bonne lecture ludique !
Pour écouter le podcast cette émission de C’Ludik, c’est par ici =>
https://www.station-millenium.com/replays/wild-titled-west-le-point-sur-les-j/
Tout d’abord c’est quoi l’IA (l’intelligence artificielle) dans les jeux de société ?
Dans le jeu de société on peut maintenant séparer en deux groupes, l’intervention des Intelligences Artificielles : les illustrations, et la rédaction des règles. C’est bel et bien dans le premier cas, les graphismes, que l’IA via des outils comme Midjourney, Stable Diffusion, ou bien Dall-E fait polémique actuellement.
Ces outils vous permettent, à l’aide de rédaction de « prompt », c’est à dire d’un court texte explicatif, de générer des images automatiques.
Ces images sont issues de banques de données publiques mais aussi non libre de droit, d’illustrateurs du monde entier, et c’est bien là que le bât blesse. Les droits d’auteurs sont bafoués et le travail des illustrateurs pillé et redistribué à tout un chacun sans le moindre consentement ni rémunération.
Actuellement le Parlement Européen se penche sur la question de la législation de l’utilisation de l’IA dans l’illustration, et réfléchit aux limites à y apporter et aux devoirs des utilisateurs.
Un exemple de prise de décision importante :
Quelques chiffres :
- Le marché mondial de l’intelligence artificielle est évalué à 327 milliards de dollars (Statista) – 2023
- D’ici 2030, il devrait représenter 1.811.75 milliards de dollars (Grand View Research)
- Plus de 288.000 documents scientifiques ont été publiés sur l’IA, rien que par les États-Unis et la Chine (Statista)
- 62 % des consommateurs sont ouverts à ce que les entreprises utilisent l’IA pour améliorer leur expérience (Salesforce)
- En France, 97 % des 18-24 ans savent ce qu’est l’IA, contre 51 % chez les 75 ans et plus (Cluster 17 et Le Point)
La demande de transparence sera au cœur des débats et la question de la rémunération des auteurs de chaque petit bout d’images promet des heures de prise de tête.
Certains éditeurs assument leurs choix comme Captain Games pour la création des graphismes de leur jeu Path Of Civilization de Fabien Gridel
ou bien l’éditeur FryxGames pour la dernière extension de Terraforming Mars (règles automa et cartes Prélude 2).
Pour Captain Games, des arguments ont été avancés, comme le manque de moyens pour recouvrir à une illustratrice et la nécessité de sortir le jeu pour le Salon d’Essen. Alors oui on peut toujours contester cela mais parfois les informations ne sont pas si claires que cela, et on arrive à suspecter des intentions de tromperie « sur la marchandise » dans certains projets.
D’ailleurs pour 84 % des professionnels, les outils d’automatisation sont synonymes de gain de temps (Hubspot) et pour 81 % des salariés, l’IA est un moyen d’améliorer ses compétences professionnelles (SnapLogic)
D’ailleurs il n’y a pas que les éditeurs qui ont recours à ce raccourci graphique, les organisateurs allemands du Salon d’Essen justement ont été pris la main dans le sac et a admis avoir utilisé de l’art généré par IA sur ses billets, affiches et application pour le salon de 2023.
Un porte-parole de Merz Verlag, qui gère Essen Spiel, a déclaré qu’ils expérimentaient avec l’IA pour comprendre ses avantages et ses limites, tout en soulignant que la protection des droits des artistes devrait être leur priorité.
Et la marmotte, elle met le chocolat dans le plastique comme on dit de l’autre côté du Rhin !
Alors l’IA est quand même bien pratique et beaucoup s’accordent à dire que si aucune utilisation commerciale n’est faite avec son utilisation, on pourrait le tolérer.
Comme par exemple l’utilisation de visuels IA pour les prototypes de jeu. C’est quand même plus propre à présenter aux éditeurs plutôt que quelques gribouillis sur un bout de carton de pizza plein de gras (oui oui c’est du vécu !)
Et même certains diront que parfois ne pas illustrer son proto permet à l’éditeur de ne pas trop se projeter dans l’univers du jeu et de garder une certaine latitude dans le travail à fournir.
Mais peut-on avoir l’œil partout ?
C’est une des raisons de la création d’une association La CIL : la Charte des Illustrateur-ices Ludiques (Maud Chalmel en est une des cofondatrices), dont le but est de soutenir les personnes créatives dans le secteur du jeu de société.
https://www.facebook.com/chartedesillusludiques
Ils œuvrent pour que leur label : « Illustré à la main », soit indiqué sur les boîtes de jeux.
De plus la technologie avance plus vite que l’amélioration de la vue humaine, alors qu’il y a quelques années on arrivait à voir les doigts en trop, ou les objets farfelus en second plan des images générées par IA, désormais cela est beaucoup plus difficile.
Google DeepMind a dévoilé SynthID, un outil qui aide à savoir si une image est réalisée via IA. Encore en phase de test, ce projet vise à ajouter du filigrane, imperceptible à l’œil nu, directement dans les pixels d’une photo. Si les utilisateurs et internautes ne le voient pas, Google le détecte.
https://deepmind.google/technologies/synthid
L’IA qui balance l’IA ! Dingue non?
Outre le pillage d’œuvres, la non-reconnaissance du travail des artistes et leur manque à gagner en termes de rémunération, l’existence de photos de scènes impressionnantes, mais totalement inventées, peuvent mener à des confusions ou servir à la désinformation.
À l’heure où Google et de nombreuses autres plateformes numériques luttent contre la propagation des fake news, pouvoir repérer facilement les photos créées par une intelligence artificielle est indispensable.
Comme toute innovation technique et technologique, l’IA génératrice d’image a ses défenseurs et ses détracteurs.
Il faut forcément que le législateur s’empare de cette question afin d’ajouter un cadre à son utilisation professionnelle et d’imaginer des sanctions aux différents abus qui pourraient en découler.
Le jeu de société n’est qu’un domaine parmi des centaines que l’IA bouleverse et pas toujours en le salissant de ces abus et dérives.
Deux dernières petites statistiques :
- 60 % des professionnels se disent inquiets à l’idée que l’IA pourrait remplacer leur poste (Hubspot)
- 51 % des Français voient dans l’IA un danger pour l’humanité autant qu’un progrès (Cluster 17 et Le Point)
Selon moi il faut garder à l’esprit que la création humaine ne peut pas être remplacée par une intelligence artificielle, si pointue soit elle, et que ce genre d’outil, qui ouvrent des portes magnifiques dans des domaines comme les sciences médicales ou la Recherche, ne doivent pas d’un autre côté nuire à des artistes qui peinent déjà à vivre de leur travail.
Nous ne pourrons pas stopper le phénomène, alors il faut l’encadrer, le contrôler, pour en faire un allié et non un ennemi.
Et puis désormais Alexa, l’IA d’Amazon, vous permet de compter vos points lors de vos parties d’Aventuriers du Rail, ça c’est plutôt chouette non ?
Et si là Mat (… et lecteurs d’UnDéCent) je te (…vous) disais que cette chronique a été entièrement écrite par Chat GPT ? Non bien sûr ça vient de moi mais bon, maintenant le doute est constant…
Retrouvez le podcast de cette émission en vous rendant sur le lien de C’Ludik – Station Millenium => https://www.station-millenium.com/replays/wild-titled-west-le-point-sur-les-j
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