[Test] Colorobot, des couleurs pour redonner le sourire !

2-4 joueurDébora Soleil, Jérôme Soleil
6 ans +Aurélien Medinger
15 minutesSuperlude
Coloriage, pioche de couleur, Robots
3 € en PNP chez Superlude et dans votre boutique de jeux favorite

Qu’est-ce qu’on fait dans Colorobot ?

Robocity : 3021. Mille ans après la pandémie – aïe, ça commence mal. Les robots peuplent la Terre, ils sont maitres des lieux et les humains ne sont que les tristes spectateurs de cette situation ; bon, quelques-uns d’entre nous ont surement réussi à nous y réincarner, c’est à voir. Mais ouf, ce sont des robots inoffensifs, mignons tout plein, de tout genre et de toutes formes. Ca grince, ça couine, mais il y a un hic … que le monde est TERNE ! Le cambouis, le carburant tout gris gris, tout en noir et blanc, il faut changer tout ça ! C’est pas jojo un monde monochrome.

Sur les conseils d’un enfant, les robots ont décidé de remplacer leur sombre carburant par de la peinture. Ils vont enfin retrouver le sourire et mettre de la couleur dans leur vie grâce à l’usine COLOROBOT. A toi maintenant de prendre les commandes de la machine à colorier les robots !

Chronique d’un scénario optimiste

A l’aide de feutres – ou crayons de couleurs – tirés au sort dans un petit sac que vous aurez préparé avec amour, chacun va mettre du carburant de couleur dans les cuves du laboratoire LAB-01X. Placées au bon endroit, ces couleurs permettront à 3 robots d’alimenter leur réservoir pour faire le plein d’énergie positive, mais aussi leur faire pousser des antennes, des noeunoeils et même des sourires ! N’a-t-on pas là une allégorie de nos souhaits du temps présent, la recherche de plus de joie, de couleur, dans un monde pollué par les grands magnats de l’industrie pétrochimique et autres conglomérats … euh non, là je m’égare ! En tout cas mois je veux bien y croire à cette fable vers un monde meilleur. Et tout cela en faisant du coloriage bien sûr.

Colorobot est un jeu de Débora et Jérôme Soleil ; c’est un petit ovni ludique de 2 à 4 joueurs qui, équipés de quelques feutres de 3 couleurs différentes (ou pour ma part de crayons style Stabilo Woody – effaçable sur plastique), s’amuseront pendant une quinzaine de minutes à colorier gaîment et intelligemment leur fiche perso de Robocity. C’est un Print & Play (j’imprime et je joue) plutôt minimaliste de la gamme Print & Play Time de Superlude ; et pour 3 zeuros vous ferez des zheureux.

Allez, à vos couleurs !

Qu’est-ce qu’on trouve dans le PNP de Colorobot ?

  • 2 feuilles de jeu différentes (mode normal, mode expert) à imprimer autant de fois que de joueurs.
  • 1 aide de jeu recto-verso.
  • La page de couverture à colorier.
  • 1 livret de règle à imprimer au format de son choix (mode page ou mode livret).

Prévoir en plus : 6 à 9 feutres ou crayons de couleurs – le mieux c’est de les avoir effaçables sur plastique – (selon le nombre de joueurs) de 3 couleurs différentes ; et un sac en tissu.

Comment on joue à Colorobot ?

Mise en place :

A deux joueurs : mettre 6 feutres dans un sac opaque (2 de 3 couleurs différentes choisies en fonction de ce que l’on a, rien d’imposé). A 3 ou 4 joueurs on a besoin de 9 feutres (3 de chaque couleur).
Chaque joueur se munit d’une feuille de jeu (LAB-01X pour le mode normal). Sur chaque feuille de jeu se trouvent 3 robots reliés chacun par 3 tuyaux à une cuve à peinture compartimentée en 3 cases.
On place une ou plusieurs aides de jeu à disposition (pour rappeler les règles de scoring).

Tour de jeu :

On choisit un premier joueur (pour les tours suivants, le premier joueur est le dernier joueur du tour précédent).

On réalise les actions piocher, choisir et colorier :
– On pioche chacun son tour 2 feutres de couleur dans le sac (on peut bien sûr tomber sur les 2 mêmes couleur).
– On choisit un des deux feutres pour colorier une case d’un compartiment (en commençant par le haut de la feuille, c’est signalé par un feutre rose mais d’entrée il y a une particularité, cette case est reliée horizontalement à 2 autres cases par des tuyaux, il faut donc bien colorier les 2 autres cases avec la même couleur) puis on colorie une autre case d’un compartiment, de le même cuve ou d’une autre mais toujours en allant de haut en bas. Mais attention il ne faudra pas choisir n’importe quelle case (voir plus loin) – sauf la première qui est imposée ! Ce n’est pas un simple coloriage cumulatif pour faire joli, il faut créer du carburant de couleur efficace. Si une des cases à colorier est connectée à un tuyau, il faut colorier ce tuyau jusqu’au bout en suivant les petites flèches grises (la case du milieu d’un compartiment va descendre jusqu’au réservoir à couleur derrière le robot). On s’arrête chaque coloriage à la délimitation bien visible en forme de vaguelette. On va donc par la suite colorier les cases en descendant dans les compartiments (il n’y a pas une vrai logique de remplissage car par gravité la couleur déjà dessinée devrait se déverser dans la case suivante du compartiment mais la mécanique de scoring impose de le faire cette manière).
– Si on colorie la 3ème case d’un compartiment (celle qui est la plus basse), on dessine sur le robot un œil, une antenne ou rien du tout. Un œil si les trois cases du compartiment sont de la même couleur (ce qui rapportera au final 3 points pour chaque œil), une antenne si les trois cases sont de 3 couleurs différentes (ce qui rapportera 2 points par antenne) et rien si le compartiment rempli ne comporte que 2 couleurs différentes. Les choix sont donc importants et il dépendent en partie du tirage des feutres : avec pour choix cornélien, mettre une deuxième couleur identique dans compartiment ou la diversifier. Une sorte de stop ou encore de couleurs.
– Si on colorie la dernière case d’une cuve (donc tous les compartiments d’une cuve), on dessine un joli sourire sur le robot correspondant, ce qui rapportera 1 point. Vous avez atteint votre objectif, rendre les robots heureux en replissant une cuve d’un beau carburant de couleur.
– Autre éléments à prendre en compte dans votre coloriage, la case du milieu de chaque compartiment de cuve est reliée par un tuyau au Réservoir à couleur du robot. Lorsqu’il est plein, on pourra scorer si les 3 couleurs présentes sont identiques ou toutes différentes (cela fera 2 points) sinon c’est 0.

On joue donc presque en simultané à chaque tour avec un petit décalage. On peut s’attendre un peu, surtout avec des très jeunes (6 ans par exemple), car il faut bien vérifier qu’ils utilisent leurs deux couleurs, et qu’ils ne la mettent pas n’importe où (à cet âge, on ne saisit pas tout de suite l’unicité des couleurs ou leurs diversification totale liée au règle de scoring). L’adulte a toutes les chances de gagner lors des premières parties.

Le dernier joueur du tour récupère les feutres, les remet dans le sac et devient le premier joueur. Le dernier joueur d’un tour joue ainsi deux fois de suite.

Fin de partie et décompte des points :

La partie s’arrête quand un joueur a dessiné un sourire à 2 robots. On termine le tour en cours. On compte les points d’énergie des yeux, antennes, sourires et réservoirs remplis en coloriant à chaque fois une capsule sous chaque robot. Le vainqueur est celui qui a le plus de capsules coloriées.

Mode expert :

En prenant le LAB-02Z, c’est un peu plus compliqué mais on peut gagner beaucoup plus de points.

En guise de préparatif, chaque joueur utilise au départ les 3 feutres de couleurs différentes. On les prend l’un après l’autre pour colorier la case départ avec les deux cases connectées par le tuyau 1. Et on colorie sur l’aide de jeu le signe éclair d’une des deux couleurs restantes et le signe engrenage avec la dernière couleur. Puis on commence la partie.

En plus des yeux, antennes, sourire et réservoir, on pourra scorer avec les hexagones qui relient 2 tuyaux entre eux. Si on relie avec l’hexagone la même couleur on gagne 1. De plus on compte le nombre d’éclairs et de roues de la couleur mise sur l’aide de jeu. Cela rapporte 1, 3 ou 5 points selon si l’on a 1, 2, 3 symboles de la couleur mise sur le symbole de l’aide de jeu. Et c’est franchement moins évident. On tombe vite dans l’erreur de n’être pas allez jusqu’au bout du cheminement pour se rendre compte assez vite qu’il ne faut pas faire n’importe quoi. Et surtout faire des choix opportuns. On ne peut pas établir une stratégie à l’avance. Chaque tirage offre son lot d’adéquation ou de réajustement. Faut-il privilégier les compartiments, les réservoirs, relier les tuyaux, scorer sur les éclairs et engrenages sachant qu’ils rapportent jusqu’à 5 points ? Des dilemmes en permanence. Il n’y a guerre que le dernier coup qui clôt ou pas votre stratégie opportuniste. Et les scores sont toujours serrés. Ce mode est donc plutôt réservé au plus de 8-9 ans, et c’est normal, surtout s’ils sont avec un adulte.

La partie s’arrête si un joueur a dessiné 2 sourires OU a colorié les 6 cases éclairs et engrenages.

Est-ce que c’est bien ?

Ce que j’ai ❤️ :

  • Une mécanique fluide, limpide.
  • Un jeu reposant surtout dans le mode expert où il faut tout de même bien réfléchir si l’on veut bien scorer.
  • Une originalité bluffante. Pas de dés, pas de carte, juste un tirage de couleurs de crayons dans un sac.
  • Derrière son aspect très enfantin, on trouve une certaine profondeur de jeu avec un recalage stratégique presque à chaque tirage (surtout en mode expert).
  • Un hasard assez maitrisé par le choix de 3 cuves différentes.
  • Plusieurs manières de gagner des points et une aide de jeu pour le scoring.
  • Peu de matériel.
  • Des parties courtes qui peuvent s’enchainer à faire en famille ou même entre enfants.
  • 2 niveaux de jeu.
  • Une règle du jeu hyper simple.
  • Les enfants adorent colorier et les adultes aussi 😉 Et pas besoin de s’appeler Michel-Ange.
  • Un bon jeu familial pour seulement 3€

Ce que j’ai 💔 :

  • Les pictogrammes (éclairs et engrenages) du mode expert sont vites masqués par une couleur trop foncée. Avec du bleu marine, je ne voyais plus les engrenages dessous. Rien de catastrophique mais c’est parfois un peu juste au niveau lisibilité puisque c’est recouvert.

Design

C’est sobre, simple ; ils sont sympas ces mi-robots/mi-animaux ; les motifs, plutôt géométriques, linéaires, permettent un coloriage bien ajusté.

Thème

Utiliser de la peinture (à l’eau ?) pour remplacer un sombre carburant issu de la pétrochimie est bien un thème dans l’air du temps. Un thème qui est somme toute accessoire car ce qui prime c’est la mécanique de remplissage et de multiscoring basé sur un coloriage intelligent qu’il faudra faire au bon endroit, au bon moment. Mais cette histoire de robots, de ville sans couleur auquel il faut redonner vie colle très bien. On pourra le faire coller à d’autres thèmes, c’est d’ailleurs ce qui peut faire la force de ce jeu si on peut le décliner avec d’autres thématiques et d’autres complexités.

ze meeple

Mécanique

Une mécanique d’une simplicité et d’une originalité bluffante. Colorobot permet de faire jouer les enfants tout en coloriant. Pas besoin de chercher un alibi éducatif là derrière. Ce n’est pas le but. On réfléchit sans s’en rendre trop compte. On connait déjà des jeux de coloriage sur des paysages avec des assemblages de cases qui, mises les unes à côté des autres, permettent de scorer en récoltant des objets ou en en évitant d’autres. Je pense à Combo Color. Colorobot est plus accessible, plus fluide et tellement peu cher que c’est dommage de s’en priver !

Il faut penser à bien suivre ce que font les plus jeunes pour bien les aiguiller et ne pas les faire colorier n’importe quoi car avoir une vision à long terme de fin de partie ce n’est pas évident. Mais l’idée de mettre des antennes, des yeux et des sourires et géniale pour aider à voir progresser notre score sans pourtant trop le calculer. C’est très parlant cette approche … ludique du scoring. Bravo. Et chacun y va de sa petite touche avec son antenne biscornue, ses yeux globuleux, son sourire ravageur.

Matériel

Non noté. Il y a peu à imprimer, juste des plateaux de jeu mais cela dépendra de votre imprimante, du papier choisi. Donc c’est très aléatoire. Mais ce qui est bien c’est que c’est quasiment du noir et blanc et donc ink friendly. Si les plateaux ne sont pas assez grands, rien n’empêche de les imprimer en A4 plutôt qu’en A5. Les réfractaires au PNP auront bien sûr toujours du mal avec ce type de jeu. Eh oui il faut imprimer, découper, utiliser du matériel externe. De quoi en rebuter certains. Mais à quel prix : 3 € ! Et une juste répartition des bénéfices puisque auteur, illustrateur et éditeur se partagent les bénéfices à part égale.

ze meeple

Simplicité des règles

Des règles qui s’expliquent en deux minutes. Aucun retour à la règle. Il y a simpement à faire attention aux règles de scoring puisque cela conditionne le coloriage et bien vérifier avec les plus jeunes qu’ils colorient bien et qu’ils ajoutent tout ce qu’il faut.

Mise en place / Rangement

Tout est extrêmement rapide. Il suffit d’aller chercher des feutres, une feuille de jeu par personne, un petit sac et c’est parti.

Conclusion

coup de coeur

La Gamme Print and Play Time de Superlude s’agrandit avec encore un jeu qui fait preuve d’originalité. Ca tire tout azimut pour ces petits jeux à 3€. Avec Colorobot, j’étais très curieux de voir ce que pouvait donner un jeu de coloriage annoncé pour enfant. Débora et Jérôme Soleil ont réussi à nous enluminer à leur manière avec ce jeu original, plaisant, malin et pas si évident que cela.
On aurait pu faire ce jeu à base de dés, mais là l’aléatoire est contraint puisque on est plutôt dans une sorte de bag/draft building (bag = sac / draft = passage de l’un à l’autre / building = utilisation ; construction) où l’on pioche deux feutres et on passe les autres à son voisin. Un système bien trouvé.
Côté scoring c’est très malin également puisqu’on joue sur des éléments plutôt immédiats (remplir des compartiments) puis du coloriage à plus long terme (les réservoirs, les cuves ou le scoring des éclairs et des roues).
Enfin, la manière de jalonner les points par des antennes, des yeux et des sourires à dessiner et génialement trouvée.
Dans la famille, tout le monde peut s’y retrouver : les enfants qui se contenteront du mode normal et les adultes qui apprécieront le mode expert même si c’est somme toute très léger.
Dans cette gamme de jeu, c’est pour moi un coup de cœur pour sa facilité d’approche et son originalité bluffante. Et, c’est une gamme qui rétribue à égalité l’auteur, l’illustrateur et l’éditeur. C’est assez rare, soulignons-le.
Colorobot mériterait d’avoir des déclinaisons encore plus stratégiques et variées.

Testeurs : Laurent, Sandrine, Soline

Laurent

L’avis de Sandrine : J’aime bien ce jeu original. On peut faire des parties rapides. Au premier abord il parait simple mais finalement le mode expert n’est pas si évident si on veut faire de bons scores.

sandrine

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