[Test] Egizia, Shifting Sands

2-4 joueursVirginio GigliAntonio TintoStefano LupertoAcchittoccaFlaminia Brasini
14 ans et + William Bricker
90 à 120 minutesMatagot
gestion de ressources, construction, placementEgypte pharaonique, Nil
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Egizia, Shifting Sands

Khéops, Kephren, Ramses, Snephrou ? Qu’ils soient cruels, despotiques ou sympathiques, ces pharaons, avec la prétention d’être des dieux vivants – rien que ça -, avaient une ambition simple : marquer leur passage sur terre d’une empreinte indélébile, celle de leurs constructions monumentales. Des constructions leur permettant d’accéder sereinement à l’au-delà. Et nous connaissons une belle lignée de pharaons bâtisseurs … puisqu’ils l’étaient tous, bâtisseurs ! Et ils avaient un allié de taille : le fleuve Nil, qui, par sa crue, sa décrue, son apport en boue fertile et sa navigabilité faisait de lui la clé de voûte de la prospérité de toute l’Egypte. Car sans eau douce ni limon fertile, pas de vie dans ce désert s’étalant à perte de vue du delta méditerranéen jusqu’au désert de Nubie. Et c’est là que vous entrez en scène…

Pharaon vient de publier un nouveau décret à destination de ses meilleurs bâtisseurs. Il vous ordonne d’édifier en son honneur non pas un, mais cinq glorieux monuments afin de lui assurer la reconnaissance éternelle. Le bâtisseur qui fournira le meilleur travail sera récompensé généreusement et tous ses rêves de richesse, de gloire et d’honneur deviendront réalité. Gérez vos ressources sans plus attendre, organisez vos équipes de construction et parez les rives du Nil d’or et de marbre.

Egizia est un jeu sorti en France en 2011 chez Iello mais indisponible depuis longtemps et difficilement trouvable, même d’occasion, pour les amateurs du genre. Et c’est Matagot qui s’est attelé à la localisation d’une nouvelle version de ce jeu édité à la base chez Stronghold Games et passée par Kickstarter en 2019. Et cela donne Egizia : Shifting Sands (sables mouvants dans la langue de Shakespeare) qui apporte un réajustement des règles et un nouvel artwork (principalement un nouveau plateau très bien réalisé).

Le Synopsis : Pharaon vous a donc ordonné d’édifier 5 monuments à sa gloire et sa postérité. Placez l’un vos navires le long du Nil pour vous permettre de renforcer vos équipes, d’acquérir de nouvelles Carrières, de nouveaux Champs, et d’obtenir des cartes Nil et Sphinx, de collaborer à la construction de ces fameux monuments : Colonnade, Obélisque, Pyramide, Sphinx et Statues. Avec un seul but, je vous le donne en mille : marquer le plus de points !

Egizia est un jeu stratégique de placement et de gestion de ressources permettant la construire de bâtiments qui rapporteront plus de points s’ils répondent à des objectifs cachés. Un jeu pour 2 à 4 personnes taillé au départ pour des experts de par sa durée de jeu (90 à 120 minutes minimum, bon en même temps quand certains partent pour une partie de Risk de 5 heures on ne peut pas dire pour autant qu’on est dans du jeu expert) mais un jeu accessible au plus grand nombre – avec une maîtrise de certains détails assez complexes – cela grâce à la règle de construction qui est identique pour tous les monuments.

Pendant 5 tours, les protagonistes descendent le Nil à la tête d’une armada de navires qu’ils placent à tour de rôles sur des emplacements stratégiques, libres, qui ne peuvent accueillir qu’un seul navire. Ces cases génèrent des actions très variées parfois combinées. Elles permettent par exemple d’avancer sur la piste de score, d’améliorer la force des ouvriers, la production de blé et de pierres, ou d’acquérir de nouveaux objectifs secrets. Le blé devra être en quantité suffisante pour nourrir les équipes d’ouvriers qui devront également posséder les forces et les pierres nécessaire à la construction de différents monuments. Ces derniers permettent de gagner plus ou moins de points de victoire suivant leurs conditions très variées et originales de construction. Pour pouvoir participer à la construction d’un monument, il faudra auparavant avoir placé un navire sur une des cases construction qui sont les seules à pouvoir accueillir plusieurs bateaux.

Qu’est ce qu’on trouve dans la boîte ?

  • 1 grand plateau de jeu réversible (2 joueurs / 3-4 joueurs)
  • 4 plateaux joueur
  • 32 navires
  • 96 briques de 4 couleurs
  • 16 jetons équipe de construction
  • 10 tuiles bonus de colonnade
  • 11 tuiles Nil
  • 4 tuile ordre des joueurs
  • 4 jetons piste de score
  • 1 marqueur Crue
  • 9 cartes statue
  • 35 cartes sphinx (objectif secret)
  • 56 cartes Nil
  • 8 cartes de départ (carrière et champs de blé)
  • 1 livret de règles

Comment on joue à Egizia ?

Mise en place en plusieurs étapes :

D’abord sachez qu’il y a une mise en place spécifique pour le mode deux joueurs, le verso du plateau y est dédié.

On pose les 3 paquets de cartes Nil à côté du grand plateau de jeu. On les répartira sur le plateau lors de la première phase d’un tour. Elles définissent les actions possibles lorsque l’on y pose un bateau.

Sur le grand plateau, on pose deux tuiles (dorée et violette) au hasard sur les deux cases bonus des bâtiments « colonnade ». A partir d’une certaine étape de la construction « colonnade », on pourra bénéficier de ces bonus.

Chaque joueur devra ensuite

  • choisir secrètement 1 carte Sphinx parmi les 2 distribuées, le reste des cartes est posé sur l’emplacement « sphinx » du grand plateau. Ces cartes présentent des objectifs très variés qui rapporteront des points en fin de partie.
  • prendre son plateau individuel et placer ses 3 équipes d’ouvriers (sur la colonne 1) ainsi que l’équipe assistante polyvalente sur la colonne 2. La colonne définit la force de l’équipe.
  • récupérer un champ qui produit 6 blés et une carrière qui produit 3 pierres.
  • choisir sa couleur de navire et de brique.
  • Placer sur la « piste pierre » de son plateau individuel, une brique qui définit le nombre de pierres disponible à la construction.
  • Placer trois briques sur le grand plateau, une au début de la « piste score » à la périphérie du grand plateau, une sur la piste du marché des pierre et une sur celle du marché du blé.

Avant de démarrer chacun se verra attribuer une tuile avec des chiffres de 1 à 4 qui définit l’ordre de jeu des joueurs pour ce tour (on commence avec deux pierres si on est premier joueur, 3 si on est le deuxième…etc).

Tour de jeu :

Mettre en place le fleuve :

Au début de chaque tour on place aléatoirement des cartes Nil sur les emplacements le long du fleuve (rive gauche). On prend les cartes du paquet ½ pour les 2 premières manches et le paquet ¾ et 5 pour les manches suivantes. On placera également de nouvelles tuiles rondes (à effet immédiat) sur la rive droite à partir du deuxième tour.

Placer des navires : c’est la phase la plus stratégique

C’est le cœur du jeu, la bataille pour les berges les plus prisées. Chaque joueur place à son tour un navire sur un emplacement du fleuve (rive droite ou gauche) sachant que son prochain navire devra forcément être posé en aval du précédent. Sur les emplacements, il n’y a de place que pour un bateau, un seul joueur peut donc bénéficier des actions qu’ils génèrent.

Lorsque je pose mon bateau sur un emplacement avec une carte carrière ou un champ de blé, je la récupère et la rajoute à celles que je possède déjà, à côté de mon plateau joueur.

Les autres cartes ou tuiles Nil possèdent 3 types d’effets :

  • « immédiat ». Exemple : augmenter la force d’une équipe.
  • « à tout moment ». Exemple : rajouter 4 blé pour ce tour, une seule fois.
  • « permanent » que j’applique à chaque tour de jeu. Exemple: dépenser une pierre pour rajouter un blé – tout est bien expliqué avec des pictogrammes ou du texte –

Sur la rive droite du Nil, on peut également placer nos bateaux sur une des trois cases « construction ». Ces dernières sont les seules à pouvoir accueillir plusieurs navires, leur nombre est égal au nombre de joueurs moins 1. Un joueur peut donc se retrouver en attente sur un emplacement « construction » (voir plus loin). Il pourra « construire » si un des navires présents n’effectue pas cette action. Il faut savoir que poser un bateau sur la case construire est primordiale dans « l’étape construction » pour pouvoir ériger des monuments.

Lorsqu’on ne peut plus poser de bateau, c’est-à-dire lorsqu’il n’y a plus d’emplacement de libre en aval de notre case actuelle, on passe son tour. Lorsque plus aucun joueur ne peut poser de bateaux, on passe à l’étape suivante.

Produire des pierres

Pour construire ces monuments, il vous faudra évidemment posséder des pierres qui seront produites à chaque tour grâce au potentiel de vos carrières. En fonction du nombre de pierres indiqué sur les cartes carrière en votre possession (addition de la carrière de départ et des carte carrière récupérer pendant le placement de bateaux), vous allez déplacer le curseur qui définit le nombre de pierres disponibles, sur votre plateau joueur. En début de partie, chacun reçoit une carrière qui produit 3 pierres.

Nourrir les équipes d’ouvriers

Avant toute construction, il faut également vérifier que vos champs de blé permettent de nourrir toutes vos équipes en quantité égal à leur force, si vos équipes ont des forces de 2, 2, 1 et 1, il faudra que vos champs produisent 6 blés minimum pour ce tour (le surplus de blé est perdu). En début de partie, chacun reçoit un champ qui produit 6 blés. On peut augmenter le potentiel des champs en s’arrêtant sur certaines cartes lors de l’étape placement de navire.

Il faut savoir que l’on trouve des champs de blé de différentes couleurs. Les champs rouges produisent plus que les champs jaunes qui produisent plus de blé que les verts. Ces productions vont toutefois dépendre d’un marqueur cru. Ce dernier est placé sur une des cases irrigation du grand plateau. S’il se trouve sur les couleurs vert jaune rouge, les trois champs produisent du blé, si le marqueur est sur le champ vert, seul le champs vert produit du blé. En début de partie, le marqueur se trouve sur l’emplacement intermédiaire jaune et vert. On peut bouger ce marqueur grâce aux effet de certaines cartes disposées le long du Nil (encore faut-il poser un navire dessus).

Construire

Les joueurs possédant des bateaux sur les « cases construire » vont pouvoir poser des briques sur les monuments de la zone adjacentes. Le bateau sur l’emplacement qui est le plus proche du Nil construira en premier sur un des bâtiments de la zone.

Les nombres inscrits sur les cases des monuments définissent la force et le nombre de pierres dont il faut disposer pour pouvoir y déposer une brique. Par exemple pour poser une brique sur la première case de la pyramide de valeur deux, il vous faudra une équipe de force 2 au minimum et reculer de deux cases le marqueur sur la piste de pierre. Si une équipe détient une force de 4 elle pourra poser deux briques, une sur chaque case avec une valeur de 2   on reculera le marqueur pierre de 4 cases (si c’est possible). On avancera également de 4 cases sur la piste de score du grand plateau. Les valeurs des cases des monuments peuvent aller jusqu’à 9. Lorsque l’on a sollicité une équipe, on retourne le pion concerné.

On ne peut pas faire intervenir 2 équipes dans une même zone de construction du plateau sauf dans le cas de l’équipe assistante. L’équipe assistante peut venir additionner sa force à une autre équipe, une fois dans le tour et ne peut pas être utilisée seule.

Les différents monuments à construire sont de toute beauté et se répartissent dans trois zones:

ZONE 1 : OBELISQUE ET COLONNADE

  • L’obélisque se construit en posant les briques de tous les joueurs les unes après les autres. A chaque fois qu’un joueur y pose une brique, il pourra en plus, avancer son pion sur le  marché du blé et/ou de la pierre
  • Sur la colonnade, chaque joueur construira un des étages (qui lui est réservé) de chacune des 7 colonnes et pourra bénéficier d’un bonus (tiré au hasard en début de partie) quand il construit la colonne 3 et 6. Il faut savoir que le premier qui finit son étage récupérera également 5 point de bonus.

ZONE 2 : STATUE ET PYRAMIDE

  • Chaque statue peut être construite par un joueur un fois par tour. Le cout est moins élevé mais les points sont attribués uniquement en fin de partie sous certaines conditions. Par exemple : si le troisième étage de la statue est construit et qu’au moins 6 de vos briques sont posées sur la pyramide en fin de partie, vous bénéficierez d’un bonus de 10 pts. Si vous avez moins de briques sur la pyramide, vous récupérerez moins de points.
  • La pyramide se construit, en associant les briques de chaque joueur. Si deux briques sont posées à coté l’une de l’autre sur la première ligne, on peut en poser une au-dessus. Un bonus est attribué à celui qui possède le plus de briques sur cette ligne uniquement quand la ligne est terminée. Un deuxième bonus est attribué en fin de partie au joueur qui a posé le plus de briques sur la pyramide.

ZONE 3 : LE SPHINX

  • Il s’agit plutôt d’une pioche de carte que d’une construction de monument à proprement dite. En fonction de l’emplacement de leur navire, les joueurs vont piocher de 1 à 5 cartes dans le paquet sphinx. Chaque carte a un cout de 1 pierre et d’1 force, le joueur ne pourra en garder qu’une et défaussera les autres. Chaque carte défaussée rapportera 1 point sur la piste de score. Sur ces cartes, on trouve des objectifs qui doivent rester secrets et qui rapporteront des points en fin de partie si leurs conditions sont respectées.

Explications des marchés (sur le grand plateau)

On peut évoluer sur ces marchés en plaçant nos navires sur certaines cartes ou tuiles le long du Nil qui vont nous faire avancer sur ces marchés et également en construisant l’obélisque.

  • Le marché de la pierre est une piste de 5 cases qui permet de gagner des pierres lorsque l’on franchit certains paliers.
  • Le marché du blé permet de diminuer les pénalités de score dans le cas où l’on n’aurait pas assez de blé pour nourrir les équipes d’ouvriers. Par exemple s’il manque deux blés de nourriture à l’étape « nourrir les ouvriers » et que notre pion se trouve sur la case la plus basse du marché, on devra reculer de 2 (nombre de blés manquants) multiplié par 3 (case du marché) donc de 6 cases sur la piste de score du grand plateau. Plus j’avance sur le marché du blé, plus les pénalités de score diminue.

Conclure le tour

On va déjà attribuer des bonus « coopération » : un joueur gagne 5 points sur la piste de score s’il a « construit » sur chacune des 3 zones de construction du plateau (2 points s’il à construit sur deux zones). Ensuite, on nettoiera le Nil de ses cartes et de ses tuiles pour en mettre de nouvelles. On remet en place tous les jetons des équipes d’ouvriers qui ont été sollicitées afin qu’elles soient à nouveau disponibles pour le tour suivant. On redistribue les tuiles « ordre des joueurs » de 1 à 4 en fonction du score de chacun. Le joueur avec le moins de points jouera en premier dans le tour suivant, l’avant dernier jouera en deuxième , etc. Et la nouvelle manche pourra démarrer.

Fin de partie :

Au bout de la 5ème manche, on attribue le bonus de la pyramide (5 points pour le joueur y ayant posé le plus de briques). Certaines cartes Nil ont des effets que l’on résout maintenant. On attribue les points des cartes sphynx (objectif cachés) et des cartes statues, si les conditions sont réunies. Les pierres disponibles dans les réserves des joueurs peuvent rapporter des points en fonction du niveau sur le marché de la pierre.

Le joueur qui est le plus avancé sur la piste de score voit ses rêves de richesse, de gloire et d’honneur devenir réalité !

Est-ce que c’est bien ?

Ce que j’ai ❤️

  • Un jeu prenant et opportuniste.
  • Un réel plaisir à jouer ce jeu de « pose d’ouvriers » et de gestion. Un plaisir inversement proportionnel à son originalité !
  • L’étape du placement des bateaux le long du Nil est le véritable atout addictif de Egizia. C’est excellentissime et la tension est de plus en plus palpable au fur et à mesure des tours et des parties. Se prendre la tête avec soi-même pour être plus opportun que les autres provoque aussi bien de la  frustration que de l’euphorie et c’est ça qui donne envie de rejouer….
  • Les stratégies à mettre en place pour trouver un parfait équilibre entre le potentiel des ouvriers, celui des champs de blé pour les nourrir et les pierres indispensables à la construction des monuments.
  • La variété des cartes Nil qui apporte beaucoup dans une même partie. Les différents bonus sur les colonnades et nouvelles statues rendent les parties différentes les unes des autres.
  • Le fait que les joueurs avec le moins de points sur la piste de score commencent à jouer avant les autres. Un peu comme dans un Kingdomino. Cela évite par exemple l’effet kingmaker (quand dans un jeu, un des joueurs peut, par ses choix, favoriser un autre joueur en lui offrant une bonne chance de remporter le jeu. Un peu râlant quand on a passé la partie à élaborer une stratégie réduite à néant par ce joueur qui a décidé que non, ce serait un autre qui allait gagner).
  • Les pictogrammes clairs et compréhensibles.
  • Les illustrations sympas et très colorées. Le matériel est de superbe qualité, le graphisme classique mais élégant.
  • La multitude de possibilités de scorer ce qui permet de ne jamais être bloqué.
  • Un jeu aussi bon à 2 à 3 et 4 avec une préférence pour 3 (car il y a moins de temps d’attente qu’à 4).

Ce que j’ai 💔

  • Aucun système de rangement n’est prévu pour tout le matériel, il vous faudra trouver des petits sachets, une boîte à compartiment ou vous mettre au rangement origamiste. les cartes, les tuiles, les navires et les briques des 4 joueurs (+ de 150 pièces et 90 cartes) naviguent allègrement.
  • Le temps de jeu annoncé à 1h30 mais comptez au moins 2h30 pour une première partie découverte et 2h pour les suivantes mais ça vaut le coup !
  • Dans le paquet de cartes Nil de la 5ème manche, certaines cartes génèrent à mon sens beaucoup trop de points de victoire dans certains cas de figure. Cela peut être frustrant. Dans le même ordre d’idée, la pioche des cartes sphinx peut ramener d’un coup une dizaine de points si l’objectifs correspond à la répartition des briques déjà placées sur le plateau.
  • Un jeton différent d’une brique aurait été le bienvenu pour progresser sur la piste de score. Un détail mais pour un jeu Matagot mince quoi !
  • Sur le plateau individuel les marqueurs glissent facilement.

Design

Egizia attire par son esthétique. Le plateau de jeu est tout simplement magnifique avec ses effets de perspective très réussi et ses illustrations très colorées. Le graphisme est classique mais très élégant. C’est un véritable défi que d’avoir autant de lisibilité sur un plateau aussi complexe en raison des nombreuses spécificités de chaque monument, de chaque marché et de chaque action.

Les pictogrammes sont sympas et facilement compréhensibles.

Qualité du matériel

Le plateau est en carton très épais, les tuiles sont solides. Les cartes de qualité. Mais on aurait certainement préféré des figurines pour gérer les équipes d’ouvriers et pour évoluer sur la piste score.

Thème

Le thème est magnifiquement bien exploité, autant dans la construction des monuments que dans la descente du Nil qui est véritablement la pierre angulaire de ce jeu. Il faut dire que le Nil, c’est la vie en Egypte à cette époque. Les crues et décrues mal maîtrisées à l’époque faisaient ou défaisaient la prospérité des régions en questions. Le Nil est un fleuve acteur de la puissance Égyptienne car il traverse toute l’Egypte du sud vers le Nord. Il permet ainsi le développement de l’agriculture et par conséquent la création de villes importantes comme (du sud vers le nord) Thèbes ou Memphis. Les hommes profitent de la crue du Nil annuelle de juillet à novembre qui permet d’enrichir les terres des rivages une fois l’eau du Nil retournée à son cours normal. En effet le limon ainsi déposé enrichit la terre et permet au peuple d’Egypte de cultiver les terres et de garantir de hauts rendements agricoles, majoritairement en blés. Le apporte donc de l’eau en abondance, le poisson, le gibier d’eau, le papyrus des marécages et bien sûr un sol fertile.

Durant l’Antiquité, le Nil servit à transporter les obélisques, les colosses de rois ou les sphinx qui, sortis de leur gangue de granit ou de grès, étaient acheminés vers les temples pour y être installés et sculptés. Dans Egizia, on se prend vraiment pour des chefs-bâtisseurs dirigeant une équipe d’ouvriers motivés qui ne demande qu’à construire mais dés qu’ils ont eu à manger !

Thème et mécanique se rejoignent donc très bien. Le cœur de la mécanique est plutôt original et joliment intégré au thème.

Mécanique

Dans Egizia, les actions et les éléments à prendre en compte sont facilement compréhensibles mais ils sont en nombres importants ce qui multiplie les possibilités et rend le jeu assez complexe.

On pourrait retrouver des similitudes avec le jeu Imhotep de l’auteur Phil Walker Harding (Iello). En effet, le thème – très classique – est identique, on y construit des édifices semblables à l’aide de briques apportées par des bateaux. Les mécaniques en amont de la construction sont toutefois très différentes :

Un dosage de placement. Pendant le placement des bateaux, les joueurs doivent doser de façon équilibrée 3 ressources (blé, pierre, force) issues respectivement des champs, des carrières, et des effets de certaines cartes ou tuiles, tout cela sans oublier de se placer sur les zones de construction qui sont primordiales pour faire évoluer les édifices et rapporter des points.

Un jeu avec un dilemme permanent. Faut il descendre plus rapidement le Nil pour poser un navire sur une carte importante plus en aval ? Pourquoi pas ?  Vous empêcherez vos adversaires de l’obtenir, mais par contre vous vous retrouverez en bas plus vite en admirant les autres joueurs s’accaparer les emplacements sur lesquelles vous avez fait l’impasse. Mais parfois ça en vaudra surement la peine.

Un jeu d’équilibre de forces. Chacun doit également répartir ses équipes d’ouvriers sur les bâtiments qui lui rapporteront le plus de points (en fonction des objectifs secrets). Parfois, le plus rapide à construire une partie d’un bâtiment bénéficiera d’un bonus ; on comprend ici toute l’importance de l’ordre d’arrivée des bateaux sur l’embarcadère (pendant la phase de placement) car il définit l’ordre dans lequel les bâtisseurs interviennent sur un monument.

Et l’interaction dans tout ça ? Eh bien elle réside surtout dans le fait de poser un bateau sur une case importante avant les autres et d’être le seul à bénéficier de l’action qu’elle génère. On trouvera également une dose d’interaction, mais dans une moindre mesure au niveau du déplacement du curseur irrigation sur des champs de couleur. Quand le curseur est déplacé sur le champ vert, les champs rouges ne rapportent pas de blé les adversaires qui en possèdent peuvent ainsi être en pénurie de blé

Et le hasard dans tout ça ? Une part assez importante de hasard est présente lors de la dernière manche. En effet dans le paquet de carte Nil de la manche 5 certains effets génèrent à mon sens beaucoup trop de points de victoire par rapport à ceux gagnés plus stratégiquement lors des tours précédents. Et c’est là une course au premier joueur qui pourra en bénéficier directement surtout si la carte concernée se trouve dans la partie haute du Nil. C’est fun, cela permet des retournements de situation, mais lorsque l’on était au coude à coude avec un adversaire qui récupère une carte de ce type sans que l’on puisse intervenir, c’est un peu frustrant. Dans le même ordre d’idée, la pioche (aléatoire) des cartes sphinx dans les deux derniers tours peut ramener d’un coup une dizaine de points à un joueur si le placement de ses briques satisfait immédiatement les conditions de l’objectifs piochés. Peut-être que certains objectifs sont trop proches les uns des autres .

Une mécanique relativement sophistiquée mais pas alambiquée.

Simplicité des règles

Dans Egizia, les actions à entreprendre et les conditions à respecter sont facilement compréhensible mais elles sont en nombre important ce qui rend le jeu assez complexe. C’est un 14 ans et +, il est donc dans la catégorie des jeux plutôt experts. On ouvrira donc souvent le livret de règles lors de la première partie pour éclaircir quelques points qui sont dans l’ensemble plutôt bien expliqués. Il faudra maîtriser beaucoup de petits détails que l’on risque d’oublier si on ne joue pas régulièrement.

Mise en place / Rangement

La mise en place est assez fluide et dure 10 minutes lors de la deuxième partie (plus de 20 minute lorsque l’on découvre le jeu). Dans la boîte, aucun système n’est prévu pour trier les cartes, les tuiles, les navires et briques des 4 joueurs (+ de 150 pièces, c’est vraiment dommage et plus de 80 petites cartes). De plus les plateaux individuels ne peuvent pas être rangé à plat dans la boîte. Compte tenu de la taille de la boîte, il y avait largement la place pour accueillir tout ce beau matériel dans des compartiments thermoformés ou cartonnés plutôt que dans un bac central unique en carton qui dissimule beaucoup d’espace inutilisable. Mais bon c’est plus écolo. Il faudra absolument prévoir une petite boite à compartiment, idéale pour trier les pièces de ce genre de jeu, à défaut un sachet par couleur.

Conclusion

Egizia , Shifting Sands est un jeu d’une grande variété avec un fil conducteur très sympa ; et un jeu dont le plaisir est inversement proportionnel à son originalité ! En effet, l’Egypte antique avec ses pharaons bâtisseurs par exemple est un des poncifs du jeu de société (Sobek, Amun-Rê, Râ, Cléopatre, Les Bâtisseurs Antiquité etc …). Un jeu où il vous faudra vous adapter, anticiper et garder un œil sur vos adversaires

Les conditions de placement et de construction, les règles de gestion des ressources, les pictogrammes et les manières de scorer sont nombreux mais facilement compréhensibles ce qui multiplie les possibilités et rend le jeu assez complexe mais pas trop alambiqué. Un familial ++ en somme si cela veut dire quelque chose.

On retiendra surtout l’excellente mécanique de placement de bateaux, bien huilée et originale, qui crée des sensations très sympas sur un plateau de jeu très réussi (mieux que l’ancien plateau de la première version, tout comme la mécanique de jeu qui a été légèrement révisée et équilibrée). Avec un ordre du tour fixé par la position des joueurs sur le plateau de score, le joueur en tête à la fin d’un tour jouera en dernier au tour d’après (un peu à la Kingdomino)

On sera parfois frustré de devoir laisser une équipe d’ouvrier au chômage alors qu’elle a été nourrie et que l’on détient les pierres suffisantes pour construire. Pourquoi ? Eh bien tout simplement pour avoir été trop gourmand en ramassant les cartes Nil et en s’apercevant que la dernière place disponible sur l’embarcadère (qui permet de construire le monument souhaité), nous passe sous le nez. ARRRRRGHHH !

Mais quelle excitation de chopper la carte la plus convoitée, de réussir parfois à induire le choix stratégique d’un adversaire, de satisfaire en un tour les conditions de 1, 2 ou parfois 3 de nos objectifs…c’est exquis…

Voici donc un jeu très opportuniste, d’une grande rejouabilité, un peu long par rapport à ce qui est annoncé (et pour certains joueurs c’est encore mieux non ?) mais vraiment très sympa à jouer.

2 petits regrets qui n’enlèveront rien aux sensations de jeu :

  • La boite ne présente aucun système de rangement pour tout ce beau matériel
  • Une part d’aléatoire qui peut venir titiller les joueurs très stratégiques qui ne peuvent pas anticiper l’arrivée soudaine d’une carte qui pourrait largement départager deux adversaire au coude à coude. Mais ça, c’est une question de goût ; un peu d’imprévisible ne fait pas de mal et rien ne vaut un renversement de situation pour pimenter une fin de soirée jeu !

Avec Indiana Egizia vous vivrez une quête exquise qui mène des aventuriers dans l’arche de « l’altruisme perdu » pour ériger des temples auprès de maudits adversaires, jusqu’à l’ultime tour de jeu qui sera la dernière croisade entre la frustration et la jubilation.

Testeurs : Fab’, Val’, Jules

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