Benjamin Lavie

Aujourd’hui j’ai l’immense plaisir d’interviewer Benjamin Lavie, le jeune auteur du jeu Singin’ In the Game chez Fée Mumuz’. Il est également le fondateur de sa maison d’édition qui ne compte pour l’instant que ce jeu à son catalogue.

Bonjour Benjamin, tout d’abord un grand merci d’avoir accepté de répondre à mes questions!

Peux tu nous décrire ton parcours?

J ’ai toujours été joueur, que ce soit de jeux de cartes traditionnels, jeux vidéos, jeux de société etc, mais j’aime aussi certains arts, comme l’écriture et la photo. Lorsqu’une idée vient, j’ai souvent envie de la matérialiser. Or, à 20 ans je suis pleinement tombé dans la marmite des jeux de société modernes et c’est à cette époque qu’est née l’idée de Singin’ in the Game. Il me semblait donc tout naturel de chercher à aller au bout du projet, même si je ne pensais pas encore à l’édition. D’autant que je commençais tout juste mes études pour devenir professeur des écoles, ce que je suis toujours à 75% depuis que j’ai créé Fée Mumuz’.

Quel est ton processus de création? 

J’ai grosso modo créé 3 ou 4 jeux (qui, à l’exception de Singin’ in the Game sont pour l’instant à l’état de prototypes). Le premier (Singin’ in the Game!) est né d’une frustration ( “Bon sang! Ce serait trop bien un jeu de ce genre, ça doit forcément exister! Quoi, ce n’est pas le cas?! Horreur, malheur, bon et bien dans ce cas je m’y colle). Le second a plus été un challenge lancé par un pote et le troisième, une subite envie de créer le jeu d’une émission TV que je n’arrêtais pas de visionner.


D’une façon générale, j’ai à cœur d’essayer d’apporter une expérience de jeu nouvelle, de créer des jeux qui ne ressemblent pas à d’autres, je dirais donc que chez moi, c’est souvent le manque qui me donne l’envie de créer. Cela dit, j’ai également participé à la protojam du FLIP 2019 et j’y ai retrouvé les sensations des ateliers d’écriture auxquels j’ai pu prendre part. C’est très chouette également de partir d’une contrainte et d’avoir un temps donné pour parvenir à un résultat. 

Comment t’est venu l’idée de ton jeu, Singin’ in the Game?


L’idée m’est venue en jouant à un autre jeu musical: “Hitstory”. En gros on nous demandait, qui a chanté un titre. Si on trouvait, on marquait des points, si on le fredonnait, on en marquait également. J’étais frustré de voir qu’on ne pouvait pas chanter tous les titres de nos artistes favoris et que, comme dans beaucoup de jeux ou d’émissions musicales, on s’en tiennent souvent aux artistes et aux titres les plus “grand public”. Je voulais une jeu dans lequel tout le monde se retrouverait, qu’importe les goûts, qu’importe l’âge. Une espèce d’encyclopédie (pour son côté complet), mais un véritable jeu d’ambiance malgré tout.)

Pourquoi avoir décidé de créer ta propre maison d’édition plutôt que de proposer ton jeu aux éditeurs existants?

J’ai tout d’abord proposé le jeu aux éditeurs mais pour la plupart, cela ne correspondait pas à leur ligne éditoriale. Il faut dire que les jeux de culture ne sont pas forcément ce que recherchent les joueurs habitués aux jeux de société modernes. Alors si on ajoute le fait qu’il s’agisse d’un jeu “musical”, à ce côté culturel, cela peut sembler très clivant.

De mon côté, j’avais toujours cherché à éviter d’éditer moi-même Singin’ in the Game, car la paperasse, les recherches de fabricants etc, ça ne m’emballait guère.

Mais j’ai également vu le retour des gens en festivals, le plaisir qu’ils prenaient à (re)découvrir des titres et des artistes, l’ambiance que cela amenait à la table. Ça m’a boosté et je me suis dit que culturellement et socialement, ce jeu devait exister, que j’avais travaillé de nombreuses années dessus et qu’il fallait que j’aille au bout pour que tous ceux qui désireraient l’avoir puissent y jouer avec leurs proches.

Peu de temps avant que je ne me lance dans l’édition de Singin’ in the Game et de ses extensions, quelques éditeurs se sont tout de même montrés intéressés par son édition. Mais à ce moment là, je m’étais déjà trop projeté sur le financement participatif et je n’étais plus prêt à lâcher le bébé. En effet, si je savais que devenir éditeur ne serait pas une mince affaire,  je trouvais professionnellement très enrichissant de réaliser seul toutes les étapes du projet afin d’en saisir tous les rouages. C’est grâce à cela que j’ai pu endosser toutes ces casquettes: auteur, animateur, commercial, publicitaire, éditeur…

Quelle est la ligne éditoriale de Fée Mumuz’?

Ma ligne éditoriale est d’éditer des jeux funs et faciles à prendre en main afin de permettre au plus grand nombre de jouer à tout moment. 

Je m’oriente donc vers des jeux familiaux ou familiaux +, si possible jouable de 2 à 5-6 joueurs et plus, qui durent moins d’une heure et dont l’épaisseur du livret de règles ne serait pas décourageante.

Où sont distribués tes jeux?

Pour le moment c’est Ludistri qui s’occupe de la distribution de mes jeux.
Je sais qu’ils sont trouvables dans plus d’une quarantaine de boutiques un peu partout en France et en Suisse mais je n’ai pas la liste exacte de ceux qui l’ont. Toutefois, Singin’ in the Game et ses extensions sont toujours disponibles sur le site Fée Mumuz’ si on ne le trouve pas ailleurs.

Tu semble privilégier les distributions en boutique physique, pourquoi?

Pas nécessairement mais comme je suis un jeune éditeur, je n’ai pas pu me permettre de faire imprimer une énorme quantité de jeux , ce qui aurait réduit les coûts. De plus, j’avais à cœur de ne pas faire fabriquer le jeu en Chine donc le coût final du jeu s’en ressent, ce qui je pense, peut freiner certains sites internet. 

En tant que joueur, quel est ton jeu préféré?

Impossible de donner un top 1! 

Kingdomino, Le Petit prince “fabrique-moi une planète”, The Island, Balade à Burano, Iquazu, Bienvenue à bord, Unanimo, Coloretto, Metropolys, Patchwork, The Boss, Medieval academy… ce sont des jeux que j’adore, mais il y en a tellement (j’en ai environ 400 chez moi). D’une manière générale, j’aime beaucoup les jeux qui sont à la fois simples tout en ayant une dimension stratégique.

Selon toi, quel serait un jeu sous-coté?

Je n’ai pas de définition précise mais j’imagine qu’on a plus de chance de trouver des jeux sous-côtés chez les petits éditeurs qui n’ont pas la même crédibilité que les éditeurs installés depuis plus longtemps. Ils n’ont en général pas les mêmes capacités non plus. La communication (vidéos, publicités), développer son site internet, proposer des concours, être présents sur tous les festivals, ça prend du temps (ou/et des hommes) et ça a un coût.

Il faut faire donc faire des choix, ce qui inclut que certaines pépites ludiques puissent passer inaperçu. De plus, je pense que la plupart des médias s’intéressent avant tout aux jeux, aux auteurs et aux éditeurs reconnus ou qui buzzent (ce qui se comprend, cela fait forcément des articles et des vidéos plus lus/vues) ce qui peut laisser de très bons jeux dans l’ombre.


On a très peu entendu parler de “Balade à Burano” par exemple qui est à mon sens aussi beau que bon. Sans doute parce qu’il a été édité par “EmperorS4” qui n’est pas très connu ou mis en valeur en France.  A Cannes j’ai également eu le plaisir de tester “Cuisto Fury” de Ludiconcept que j’ai trouvé vraiment sympa, “Iquazù” chez Haba n’a pas buzzé et pourtant il est super aussi, tout comme “Bienvenue à bord” qui est génial mais n’est pas sorti en boutique (il était réservé à l’origine aux participants des croisières “Captain Meeple”). 

Je dirais donc qu’un jeu sous-côté est un bon ou très bon jeu dont on a hélas trop peu parlé.

As tu un scoop à nous partager?

Je travaille depuis de longues années sur la genèse de Singin’ in the Game et de Fée Mumuz’. De la naissance de l’idée, aux festivals en passant par le financement participatif et les partenariats divers, l’idée est de retrouver tous les éléments qui peuvent se cacher derrière la création et l’édition d’un jeu. 

Or, j’ai profité du confinement pour réécrire ce document (qui faisait plus de 900 pages A4 à la base)! Plus qu’à le relire et faire les dernières corrections et ceux qui voudraient avoir un aperçu de l’envers du décor le pourront!

Pour continuer cette interview, je te propose de sortir le jeu “Questions de merde”

Je tire 3 cartes, prêt?

Voici les questions de la première carte: 

Que dois tu toujours faire avant de sortir en soirée?

La première chose à faire est de préparer le sac de jeux (que je blinde)! Ensuite je prends à boire ou à manger histoire de ne pas venir les mains vides.

Que faut-il obligatoirement apprendre à un enfant?

Ahah et c’est à un maître d’école que vous demandez ça? Je dirais l’empathie et la politesse. Le monde manque cruellement de gens qui cherchent à comprendre les autres.

Quelle est ton astuce pour mettre de l’argent de côté?

Je me contente de peu. J’achète de plus en plus de produits d’occasion également (écologiquement c’est sans doute bien mieux). Ah, et puis d’une façon générale, je me fiche de porter ou de manger de la marque. Ça aide!

Voici les questions de la deuxième carte:

Quel jeu télévisé pourrais tu gagner facilement?

Euhhhh…burger quizz peut-être (mais ne comptez pas sur moi pour le burger de la mort)!  Et je ne serai pas fichu de gagner à “N’oubliez pas les paroles” malgré ce que l’on suppose souvent. Je connais quelques paroles de beaucoup de chansons, mais quasiment aucune par cœur).

De quoi avais tu peur quand tu étais petit?

Des serpents, à la Indiana Jones!

Selon toi, quelle est la loi la plus stupide du pays? 

J’aurais tendance à dire que toutes les lois qui cherchent à faire payer les plus pauvres en omettant de parler d’évasion fiscale sont des lois débiles…M’enfin, il y en a bien d’autres, mais évitons de trop parler politique!

Voici les questions de la dernière carte:

Quel produit fait maison pourrais tu vendre au bord de la route?

Ce serait sans doute des poèmes qui me serviraient à “payer” les personnes qui m’emmènerait à bon port. Cela ne demanderait pas trop de matériel et l’inspiration viendrait des rencontres. L’idée me plait bien!

Si tu pouvais être mécène, que financerais tu?

Les associations écologiques et celles qui donnent aux personnes dans le besoin (Restos du Cœur). 

A quelle époque aurais-tu aimé vivre? 

Ahah, on m’a souvent dit que je n’étais pas né à la bonne époque. Je crois que j’aurais aimé naître au milieu des années 50 histoire de découvrir les Beatles à l’adolescence avant d’enchaîner avec les 70’s et les 80’s. Le top. Sinon, il n’y a pas vraiment d’époque historique ou lointaine qui me fait rêver.

Question Bonus: qui aimerais-tu que j’interviewe après et quelle question souhaiterais tu lui poser?

J’aimerais que tu interviewes Guillaume Luton de Worldwide games et que tu lui demandes “A quand un jeu sur un sport atypique”? (type fléchettes, pétanque, baseball, pêche, biathlon etc).
Si tu l’as déjà interviewé, j’aimerais alors que tu te tournes vers David Pérez de Flyin’ games et que tu lui demandes “Quand est-ce qu’on s’organise un petit poker?”.

Merci beaucoup, Benjamin d’avoir répondu à mes questions! Nous allons suivre l’évolution de ta petite maison d’édition avec intérêt!

Merci à toi! C’est vraiment chouette et sympa de ta part de mettre un coup de projecteur sur les petites maisons d’édition!

Chers lecteurs, si vous avez aimé les dernières questions de cette interview, vous pouvez les retrouver dans le jeu “Questions de Merde “ chez Le Droit de Perdre.

questions de merde

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